{"title":"Ces antalgiques qui font peur : protoxyde d’azote, ibuprofène, opiacés et paracétamol","authors":"D. Annequin","doi":"10.3166/DEA-2020-0137","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Les medicaments de la douleur font l’objet de craintes souvent majeures. Le protoxyde d’azote associe a 50 % d’oxygene (MEOPA) est le produit de reference pour la douleur provoquee par les soins en pediatrie. Le mesusage des cartouches de protoxyde d’azote pur a visee recreative peut avoir des effets indesirables majeurs lors d’expositions tres prolongees ; il ne doit pas etre confondu avec le MEOPA a usage medical dont le rapport benefice/risque est tres rassurant. L’usage massif des opiaces essentiellement aux Etats-Unis pour des douleurs chroniques a donne lieu a une catastrophe sanitaire. Ces produits demeurent les produits de reference pour traiter les douleurs aigues et intenses, et le risque de mesusage y est exceptionnel quand ils sont utilises sur des durees courtes avec un suivi clinique. En revanche, un risque reel existe lors de l’utilisation prolongee de ces medicaments dans la douleur chronique non cancereuse ; cette derniere necessite une veritable prise en charge pluridisciplinaire permettant d’eviter au maximum les medicaments antalgiques. En France, la peur de l’utilisation des AINS est ancienne et en grande partie infondee. Elle s’est exprimee recemment par des avis officiels errones recommandant d’eviter l’ibuprofene lors de la premiere vague de la SARS-CoV-2. Le paracetamol a au contraire en France une image de securite surevaluee aupres des medecins et du public. Nos connaissances sur les risques lies aux medicaments de la douleur se sont enrichies ces dernieres annees. Si la vigilance des professionnels doit etre continue, elle ne doit pas se transformer en suspicion. Les bonnes pratiques doivent etre mieux diffusees notamment sur la prise en charge de la douleur chronique. L’amplification par les medias et les reseaux sociaux qui ne soulignent que les effets indesirables, voire les deces, occultent tous les benefices majeurs apportes par ces produits qui restent dans la grande majorite des cas des produits de reference. A l’inverse, les consequences dramatiques (sanitaires et humaines) peuvent encore s’observer massivement dans les pays pauvres qui n’ont quasiment aucun acces aux medicaments de la douleur.","PeriodicalId":11303,"journal":{"name":"Douleur Et Analgesie","volume":"102 1","pages":"241-245"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2020-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Douleur Et Analgesie","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3166/DEA-2020-0137","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"Medicine","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Les medicaments de la douleur font l’objet de craintes souvent majeures. Le protoxyde d’azote associe a 50 % d’oxygene (MEOPA) est le produit de reference pour la douleur provoquee par les soins en pediatrie. Le mesusage des cartouches de protoxyde d’azote pur a visee recreative peut avoir des effets indesirables majeurs lors d’expositions tres prolongees ; il ne doit pas etre confondu avec le MEOPA a usage medical dont le rapport benefice/risque est tres rassurant. L’usage massif des opiaces essentiellement aux Etats-Unis pour des douleurs chroniques a donne lieu a une catastrophe sanitaire. Ces produits demeurent les produits de reference pour traiter les douleurs aigues et intenses, et le risque de mesusage y est exceptionnel quand ils sont utilises sur des durees courtes avec un suivi clinique. En revanche, un risque reel existe lors de l’utilisation prolongee de ces medicaments dans la douleur chronique non cancereuse ; cette derniere necessite une veritable prise en charge pluridisciplinaire permettant d’eviter au maximum les medicaments antalgiques. En France, la peur de l’utilisation des AINS est ancienne et en grande partie infondee. Elle s’est exprimee recemment par des avis officiels errones recommandant d’eviter l’ibuprofene lors de la premiere vague de la SARS-CoV-2. Le paracetamol a au contraire en France une image de securite surevaluee aupres des medecins et du public. Nos connaissances sur les risques lies aux medicaments de la douleur se sont enrichies ces dernieres annees. Si la vigilance des professionnels doit etre continue, elle ne doit pas se transformer en suspicion. Les bonnes pratiques doivent etre mieux diffusees notamment sur la prise en charge de la douleur chronique. L’amplification par les medias et les reseaux sociaux qui ne soulignent que les effets indesirables, voire les deces, occultent tous les benefices majeurs apportes par ces produits qui restent dans la grande majorite des cas des produits de reference. A l’inverse, les consequences dramatiques (sanitaires et humaines) peuvent encore s’observer massivement dans les pays pauvres qui n’ont quasiment aucun acces aux medicaments de la douleur.
期刊介绍:
Douleur et Analgésie, première revue internationale francophone consacrée à la douleur, a été créée en 1988. De par la qualité scientifique et l’indépendance de ses publications, ce trimestriel a reçu d’emblée un accueil favorable auprès des chercheurs et cliniciens spécialisés dans le domaine. Á l’occasion de la reprise de la revue en 2006 par les Éditions Springer, le comité éditorial a souhaité s’ouvrir davantage à la francophonie, y compris nord américaine, pour mieux partager les connaissances et renforcer la valeur scientifique de la revue.