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Abstract
A partir d’une enquete ethnographique au sein de deux unions locales (UL) de la CGT, cet article s’interesse au syndicalisme dans des secteurs precarises du marche de l’emploi (grande distribution, Ehpad, sous-traitance industrielle), afin de montrer en quoi cette activite participe a la politisation pratique des classes populaires par l’entretien d’une grille de lecture classiste des rapports sociaux. Nous expliquons les ressorts de cette politisation a partir d’une approche interactionniste reposant sur l’etude de la rencontre entre, d’une part, l’experience des rapports de domination au travail qui a nourri chez des salaries un sentiment d’injustice et de defiance envers leur employeur et, d’autre part, l’activite de cadrage menee par les militants des UL charges de les former syndicalement. Le but de cet article est alors de montrer comment les ideologies militantes en milieu populaire ne se declinent pas tant dans des discours explicitement politiques, mais dans des styles et des principes moraux qui revetent un caractere pratique, en ce qu’ils se voient directement mobilisables pour se defendre au travail. Ces principes pourraient etre ici resumes en ces termes : on ne peut pas faire confiance a priori aux « patrons », seul le rapport de forces permet d’obtenir satisfaction face a eux. Ils renvoient a une ethique et un sens pratique de la resistance au quotidien face a l’employeur, que salaries et militants des UL traduisent par l’expression : « ne pas se laisser faire ».