{"title":"La prière secrète du pontife ou Silence et murmure, des gestes vocaux signifiants dans la tradition religieuse romaine","authors":"N. Corre","doi":"10.3406/rbph.2017.8988","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Selon Plutarque, lorsqu’une vestale incestueuse devait etre ensevelie, le pontife prononcait des prieres «secretes (ἀπορρήτους) » . L’historien antique ne definit pas les caracteristiques de ces oraisons, mais il est vraisemblable que le pontifex murmurait ou restait muet. Ces modes d’elocution particuliers doivent etre etudies comme des «gestes vocaux » signifiants qui accompagnent et explicitent la proferation, interieure ou non, de la priere elle-meme. Par opposition aux invocations publiques prononcees clara uoce, l’oraison dite secreto constitue un rite d’inversion, caracteristique des funerailles ou des ceremonies de purification. La dissimulation permet de restaurer un ordre du monde trouble par l’inceste. Traditionnellement, les prieres «secretes » sont considerees comme un mode de communication avec le monde inferieur, caracteristique des pratiques magiques. Mais le cas du pontife montre que ce modele est a revoir : les Romains ont developpe des «tactiques » afin de garder le secret autour de rituels particuliers que nous qualifierons de sacra occulta et ces pratiques doivent etre interpretees en fonction de chaque rite. Les imprecations silencieuses comme les sacrifices secrets ne sont pas a la frontiere entre magie et religion : ils entrent au contraire parfaitement dans le cadre de la religion publique romaine.","PeriodicalId":44528,"journal":{"name":"REVUE BELGE DE PHILOLOGIE ET D HISTOIRE","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2017-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"REVUE BELGE DE PHILOLOGIE ET D HISTOIRE","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3406/rbph.2017.8988","RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Selon Plutarque, lorsqu’une vestale incestueuse devait etre ensevelie, le pontife prononcait des prieres «secretes (ἀπορρήτους) » . L’historien antique ne definit pas les caracteristiques de ces oraisons, mais il est vraisemblable que le pontifex murmurait ou restait muet. Ces modes d’elocution particuliers doivent etre etudies comme des «gestes vocaux » signifiants qui accompagnent et explicitent la proferation, interieure ou non, de la priere elle-meme. Par opposition aux invocations publiques prononcees clara uoce, l’oraison dite secreto constitue un rite d’inversion, caracteristique des funerailles ou des ceremonies de purification. La dissimulation permet de restaurer un ordre du monde trouble par l’inceste. Traditionnellement, les prieres «secretes » sont considerees comme un mode de communication avec le monde inferieur, caracteristique des pratiques magiques. Mais le cas du pontife montre que ce modele est a revoir : les Romains ont developpe des «tactiques » afin de garder le secret autour de rituels particuliers que nous qualifierons de sacra occulta et ces pratiques doivent etre interpretees en fonction de chaque rite. Les imprecations silencieuses comme les sacrifices secrets ne sont pas a la frontiere entre magie et religion : ils entrent au contraire parfaitement dans le cadre de la religion publique romaine.