{"title":"L’imaginaire de la Google generation criminelle : les profils Facebook des jeunes de la Camorra","authors":"Marcello Ravveduto","doi":"10.4000/narratologie.9942","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Cette contribution presente une recherche consacree a l'utilisation des reseaux sociaux par de jeunes affilies aux clans de la Camorra ou plus generalement par des jeunes borderline influences par l'imaginaire mafieux. A travers l'analyse qualitative de messages, d'images et du partage de contenus numeriques, il retrace l'activisme social de la premiere Google generation criminelle. Entre vetements et tatouages, selfies et memes, usage argotique de l'emoji ou du hashtag et du live streaming, d'images religieuses et de musique underground (neomelodica-rap-trap), se construit un mush up sous-culturel dans lequel tant les objets que les concepts donnent lieu a une sequence symbolique originale, qui raconte la fierte de la diversite criminelle. Les mots et les symboles acquierent une fonction polysemantique et parlent autant de la mentalite des individus que de celle de la communaute a laquelle ils appartiennent. L'analyse des profils Facebook montre que la semantique de la violence reste au centre du code symbolique de la mafia. Ou plutot, le code est renouvele grâce a la simultaneite, a l'efficacite et a l'exemplarite de l'information, qui transmet un spectre emotionnel complexe au lieu de concepts empathiques trop difficiles a exprimer avec des mots (surtout pour ceux qui ont un faible niveau d'education mais une bonne predisposition aux « metiers » du numerique). La pratique du sharing est la plaque tournante d'un systeme de communication bidirectionnel : elle « parle » au groupe des jeunes affilies ou borderline (intra-communicative) et envoie des messages de menace au monde exterieur (extra-communicative). En ce sens, elle fait fonction de mediateur entre l'imaginaire criminel mondialise et la mentalite mafieuse locale et nationale, etablissant un lien entre deux contextes apparemment distants.","PeriodicalId":40182,"journal":{"name":"Cahiers de Narratologie","volume":"25 1","pages":"1-17"},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2019-12-20","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Cahiers de Narratologie","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/narratologie.9942","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"LITERATURE","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Cette contribution presente une recherche consacree a l'utilisation des reseaux sociaux par de jeunes affilies aux clans de la Camorra ou plus generalement par des jeunes borderline influences par l'imaginaire mafieux. A travers l'analyse qualitative de messages, d'images et du partage de contenus numeriques, il retrace l'activisme social de la premiere Google generation criminelle. Entre vetements et tatouages, selfies et memes, usage argotique de l'emoji ou du hashtag et du live streaming, d'images religieuses et de musique underground (neomelodica-rap-trap), se construit un mush up sous-culturel dans lequel tant les objets que les concepts donnent lieu a une sequence symbolique originale, qui raconte la fierte de la diversite criminelle. Les mots et les symboles acquierent une fonction polysemantique et parlent autant de la mentalite des individus que de celle de la communaute a laquelle ils appartiennent. L'analyse des profils Facebook montre que la semantique de la violence reste au centre du code symbolique de la mafia. Ou plutot, le code est renouvele grâce a la simultaneite, a l'efficacite et a l'exemplarite de l'information, qui transmet un spectre emotionnel complexe au lieu de concepts empathiques trop difficiles a exprimer avec des mots (surtout pour ceux qui ont un faible niveau d'education mais une bonne predisposition aux « metiers » du numerique). La pratique du sharing est la plaque tournante d'un systeme de communication bidirectionnel : elle « parle » au groupe des jeunes affilies ou borderline (intra-communicative) et envoie des messages de menace au monde exterieur (extra-communicative). En ce sens, elle fait fonction de mediateur entre l'imaginaire criminel mondialise et la mentalite mafieuse locale et nationale, etablissant un lien entre deux contextes apparemment distants.