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Abstract
Jusqu’au debut du xixe siecle, il n’etait pas impossible pour un individu de tenir dans son seul esprit, et donc dans sa memoire, l’ensemble raisonnable des connaissances necessaires a la comprehension du monde ou il vivait — possibilite dont Milan Kundera a fait de Goethe la figure emblematique. La multiplication des savoirs et des techniques, a partir du milieu xixe siecle, a mis fin a cette possibilite et donne naissance a ce que le critique Richard Terdiman a appele la « crise de la memoire », c’est-a-dire l’experience destabilisante d’une memoire ressentie comme partielle et tronquee. Entre cette crise et le developpement du roman au xixe siecle, il est possible d’etablir un parallele : le souvenir, par definition imparfait, que l’on a de la lecture d’un roman recoupe la memoire egalement imparfaite que l’on commence alors a avoir du savoir humain. A partir de cette hypothese, trois grands moments de cette convergence — le moment balzacien (moment de resistance a l’oubli), le tournant du xxe siecle (moment d’acceptation de l’oubli) et la periode contemporaine (moment de mise a distance de la memoire) — sont ici envisages pour voir comment la lecture des romans accompagne notre rapport a la memoire.