{"title":"Communautarisme et dualité : réflexions sur la naissance, la persistance et les potentialités d’une particularité acadienne","authors":"Joel Belliveau","doi":"10.1353/ACA.2018.0013","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"IL EXISTE DANS LA PLUPART DES RÉGIONS FRANCOPHONES et diglossiques des Maritimes un discours cohérent et fort qui constitue le « nous » acadien. Ce discours, le plus souvent désigné comme étant « national », présente une identité culturelle ainsi qu’une mémoire bien définies. Une portion substantielle de la population s’identifie consciemment à ce discours, et encore plus de gens l’ont intériorisé sans s’en rendre compte. L’Acadie « va de soi » pour des centaines de milliers de personnes; « on » a réussi à la constituer en « communauté imaginée1 ». Les signes de cette identité partagée sont très présents dans les régions francophones des Maritimes. Le territoire est tapissé de décorations aux motifs du drapeau acadien. Les calendriers sont pleins de manifestations culturelles distinctement acadiennes. L’actualité est réfractée par un prisme acadien doublant le discours médiatique de la majorité. Des institutions communautaires créent des espaces francophones. Le bilinguisme officiel et le principe de la « dualité linguistique » sont défendus bec et ongles. La foisonnante production musicale acadienne chante l’Acadie sur les ondes. Oui, l’Acadie va de soi pour plusieurs. Et pourtant, une telle situation ne va pas du tout de soi pour un groupe linguistique minoritaire. J’ose même dire qu’elle est unique au sein des francophonies minoritaires du Canada, voire des minorités nationales en Amérique du Nord2. Le communautarisme acadien se différencie certainement sur le plan quantitatif. Si l’on reprend un à un les signes que j’ai énumérés ci-dessus et qu’on les recherche à Sudbury ou dans le Nord ontarien, par exemple, on n’arrive pas aux mêmes","PeriodicalId":36377,"journal":{"name":"Regioni","volume":"109 1","pages":"234 - 241"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2018-05-15","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"1","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Regioni","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1353/ACA.2018.0013","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"Social Sciences","Score":null,"Total":0}
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Abstract
IL EXISTE DANS LA PLUPART DES RÉGIONS FRANCOPHONES et diglossiques des Maritimes un discours cohérent et fort qui constitue le « nous » acadien. Ce discours, le plus souvent désigné comme étant « national », présente une identité culturelle ainsi qu’une mémoire bien définies. Une portion substantielle de la population s’identifie consciemment à ce discours, et encore plus de gens l’ont intériorisé sans s’en rendre compte. L’Acadie « va de soi » pour des centaines de milliers de personnes; « on » a réussi à la constituer en « communauté imaginée1 ». Les signes de cette identité partagée sont très présents dans les régions francophones des Maritimes. Le territoire est tapissé de décorations aux motifs du drapeau acadien. Les calendriers sont pleins de manifestations culturelles distinctement acadiennes. L’actualité est réfractée par un prisme acadien doublant le discours médiatique de la majorité. Des institutions communautaires créent des espaces francophones. Le bilinguisme officiel et le principe de la « dualité linguistique » sont défendus bec et ongles. La foisonnante production musicale acadienne chante l’Acadie sur les ondes. Oui, l’Acadie va de soi pour plusieurs. Et pourtant, une telle situation ne va pas du tout de soi pour un groupe linguistique minoritaire. J’ose même dire qu’elle est unique au sein des francophonies minoritaires du Canada, voire des minorités nationales en Amérique du Nord2. Le communautarisme acadien se différencie certainement sur le plan quantitatif. Si l’on reprend un à un les signes que j’ai énumérés ci-dessus et qu’on les recherche à Sudbury ou dans le Nord ontarien, par exemple, on n’arrive pas aux mêmes