{"title":"Toujours les Mêmes Boucs Émissaires ? La Lutte contre la Pandémie et la Sécuritisation de l'Éducation Coranique dans le Nord du Nigéria","authors":"Hannah Hoechner, Sadisu Idris Salisu","doi":"10.33682/6zws-v6j9","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Si l'on peine encore à avoir une vision complète des conséquences de la pandémie de COVID-19 sur le système scolaire formel, on en sait encore moins quant à son impact sur les systèmes d'éducation non formels, et notamment sur les institutions d'enseignement coranique. Dans cet article, nous étudions le lien entre la lutte contre la pandémie et la sécuritisation de l'éducation coranique dans le nord du Nigéria ; plus précisément, nous examinons comment les écoles coraniques, leurs enseignants et leurs élèves ont été présentés comme des menaces pour la sécurité qui exigeaient une réponse ferme. Les questions de sécurité dominent depuis longtemps la façon dont sont perçues les écoles coraniques dans cette région minée par la violence sectaire et interreligieuse. Les élèves des écoles coraniques ont souvent été désignés comme de futurs délinquants et des recrues faciles pour les groupes radicaux ; on les a dépeints comme des vecteurs de maladie, en dépit du manque de preuves épidémiologiques. Dans cet article, nous montrons que cette image de menace pour la sécurité s'est révélée très adaptable dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Nous examinons comment le fait de percevoir les élèves des écoles coraniques comme dangereux a légitimé l'évacuation forcée des écoles et la déportation des élèves. Ces mesures drastiques ont nourri l'image du COVID-19 comme une fake news et un complot fomenté par les politiciens pour servir leurs objectifs. Les données pour cet article sont tirées de 14 journaux de bord oraux enregistrés à Kano, au Nigéria, entre avril et juin 2020, de neuf entretiens menés auprès d'enseignants et d'élèves d'écoles coraniques concernées par les mesures d'évacuation et de notre analyse de la couverture médiatique par les journaux nigérians.","PeriodicalId":93794,"journal":{"name":"Journal on education in emergencies","volume":"74 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2022-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Journal on education in emergencies","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.33682/6zws-v6j9","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Si l'on peine encore à avoir une vision complète des conséquences de la pandémie de COVID-19 sur le système scolaire formel, on en sait encore moins quant à son impact sur les systèmes d'éducation non formels, et notamment sur les institutions d'enseignement coranique. Dans cet article, nous étudions le lien entre la lutte contre la pandémie et la sécuritisation de l'éducation coranique dans le nord du Nigéria ; plus précisément, nous examinons comment les écoles coraniques, leurs enseignants et leurs élèves ont été présentés comme des menaces pour la sécurité qui exigeaient une réponse ferme. Les questions de sécurité dominent depuis longtemps la façon dont sont perçues les écoles coraniques dans cette région minée par la violence sectaire et interreligieuse. Les élèves des écoles coraniques ont souvent été désignés comme de futurs délinquants et des recrues faciles pour les groupes radicaux ; on les a dépeints comme des vecteurs de maladie, en dépit du manque de preuves épidémiologiques. Dans cet article, nous montrons que cette image de menace pour la sécurité s'est révélée très adaptable dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Nous examinons comment le fait de percevoir les élèves des écoles coraniques comme dangereux a légitimé l'évacuation forcée des écoles et la déportation des élèves. Ces mesures drastiques ont nourri l'image du COVID-19 comme une fake news et un complot fomenté par les politiciens pour servir leurs objectifs. Les données pour cet article sont tirées de 14 journaux de bord oraux enregistrés à Kano, au Nigéria, entre avril et juin 2020, de neuf entretiens menés auprès d'enseignants et d'élèves d'écoles coraniques concernées par les mesures d'évacuation et de notre analyse de la couverture médiatique par les journaux nigérians.