{"title":"Refonder Alien : création musicale et sonore dans Prometheus et Alien: Covenant (Ridley Scott, 2012, 2017)","authors":"C. Huvet","doi":"10.56698/filigrane.1249","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Plus de trente ans après Alien, le 8e passager (1979), Ridley Scott opère une refondation du mythe du xénomorphe dont il est l’initiateur par le prisme de deux préquels lointains, Prometheus (2012) et Alien: Covenant (2017). Pour autant, ce retour aux sources exclut chez Scott l’entrave créatrice du respect scrupuleux de l’héritage : Prometheus et Covenant initient un nouveau départ, porteurs d’interrogations nouvelles au sein de la saga. Peu de travaux académiques leur ont pourtant été consacrés, tandis que leurs bandes sonores restent un point aveugle de la recherche cinémusicologique récente en dépit de leur singularité. À l’échelle des deux films, l’approche musicale et sonore met en exergue le déploiement d’un récit bicéphale en deux fils narratifs déclinant la thématique de l’origine de façon opposée et complémentaire : interrogation sur la création de l’homme et l’existence ; genèse du xénomorphe. Les sound designers et leurs équipes ont également à charge de recréer et de repenser l’univers biomécanique oppressant constitutif de la signature sonore de la franchise, en réimaginant les sons du xénomorphe, mais aussi plus largement en reconfigurant l’articulation entre sons et images de façon sensible et incarnée. Entrecroisant approche formelle, narratologique et esthétique par le biais des outils de la cinémusicologie, de l’analyse filmique et du champ théorique, notre article propose ainsi d’étudier de quelles manières la musique et le son de Prometheus et Covenant, partagés entre fascination et terreur, contribuent à donner corps aux nouvelles orientations scottiennes propres aux deux préquels, et s’inscrivent dans une optique de refondation de l’univers d’Alien. Nous verrons tout d’abord la façon duelle dont le retour aux sources de la mythologie d’Alien dans Prometheus et Covenant se déploie à la musique et au sound design autour des origines de l’Homme et de la genèse du monstre. Nous établirons ensuite comment l’univers sonore des deux préquels donne forme et remodèle l’univers biomécanique oppressant de la saga par des matériaux sonores aux frontières mouvantes, au sein d’une approche haptique et sensorielle généralisée.","PeriodicalId":40402,"journal":{"name":"Filigrane-Revue de Psychanalyse","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2022-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Filigrane-Revue de Psychanalyse","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.56698/filigrane.1249","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Plus de trente ans après Alien, le 8e passager (1979), Ridley Scott opère une refondation du mythe du xénomorphe dont il est l’initiateur par le prisme de deux préquels lointains, Prometheus (2012) et Alien: Covenant (2017). Pour autant, ce retour aux sources exclut chez Scott l’entrave créatrice du respect scrupuleux de l’héritage : Prometheus et Covenant initient un nouveau départ, porteurs d’interrogations nouvelles au sein de la saga. Peu de travaux académiques leur ont pourtant été consacrés, tandis que leurs bandes sonores restent un point aveugle de la recherche cinémusicologique récente en dépit de leur singularité. À l’échelle des deux films, l’approche musicale et sonore met en exergue le déploiement d’un récit bicéphale en deux fils narratifs déclinant la thématique de l’origine de façon opposée et complémentaire : interrogation sur la création de l’homme et l’existence ; genèse du xénomorphe. Les sound designers et leurs équipes ont également à charge de recréer et de repenser l’univers biomécanique oppressant constitutif de la signature sonore de la franchise, en réimaginant les sons du xénomorphe, mais aussi plus largement en reconfigurant l’articulation entre sons et images de façon sensible et incarnée. Entrecroisant approche formelle, narratologique et esthétique par le biais des outils de la cinémusicologie, de l’analyse filmique et du champ théorique, notre article propose ainsi d’étudier de quelles manières la musique et le son de Prometheus et Covenant, partagés entre fascination et terreur, contribuent à donner corps aux nouvelles orientations scottiennes propres aux deux préquels, et s’inscrivent dans une optique de refondation de l’univers d’Alien. Nous verrons tout d’abord la façon duelle dont le retour aux sources de la mythologie d’Alien dans Prometheus et Covenant se déploie à la musique et au sound design autour des origines de l’Homme et de la genèse du monstre. Nous établirons ensuite comment l’univers sonore des deux préquels donne forme et remodèle l’univers biomécanique oppressant de la saga par des matériaux sonores aux frontières mouvantes, au sein d’une approche haptique et sensorielle généralisée.