{"title":"Le goût de la langue : Remarques sur l’usage des mots concrets dans le chapitre « De ménager sa volonté »","authors":"M. Thomine","doi":"10.58282/colloques.4232","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"D’ou nous vient notre bonheur a lire Montaigne ? – un bonheur qui peut se deployer malgre les contraintes du concours : c’est l’ancienne agregative qui parle ; j’ai decouvert Montaigne, comme beaucoup d’entre vous sans doute, l’annee d’agregation et cette rencontre a decide de ma vocation de seiziemiste. Les Essais sont devenus depuis lors une de mes lectures favorites et une lecon de vie quotidienne. Ce bonheur a lire Montaigne, j’ai voulu l’interroger en regardant de pres, apres bien d’autres critiques1, le chapitre III, 10, « De menager sa volonte ». Il y est question du rapport entre la vie publique et la vie privee, entre negotium et otium, entre les charges que l’on occupe dans la societe et son for interieur, entre le dehors et le dedans2, entre l’etranger et le propre ; l’on peut y lire une invitation a la pratique du detachement. De tels enjeux ont des implications linguistiques : Montaigne fait le choix d’un « style comique et prive », le sermo quotidianus des Latins (humile atque cotidianum sermonis genus3), different du style public, de la contentio4; il revendique « une forme [s]ienne, inepte aux negotiations publiques » (I, 40 : 461).Un des plaisirs de lecture tient ici, comme dans beaucoup d’autres chapitres, a l’epaisseur concrete de ces pages qui fourmillentd’objets et de realia ; c’est la un des plaisirs du texte dont parlait Roland Barthes, « plaisir a voir representer la “vie quotidienne” d’une epoque », qui assouvit chez le lecteur une « curiosite des men","PeriodicalId":36255,"journal":{"name":"Iranian Journal of Botany","volume":"127 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2017-03-03","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Iranian Journal of Botany","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.4232","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"Environmental Science","Score":null,"Total":0}
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Abstract
D’ou nous vient notre bonheur a lire Montaigne ? – un bonheur qui peut se deployer malgre les contraintes du concours : c’est l’ancienne agregative qui parle ; j’ai decouvert Montaigne, comme beaucoup d’entre vous sans doute, l’annee d’agregation et cette rencontre a decide de ma vocation de seiziemiste. Les Essais sont devenus depuis lors une de mes lectures favorites et une lecon de vie quotidienne. Ce bonheur a lire Montaigne, j’ai voulu l’interroger en regardant de pres, apres bien d’autres critiques1, le chapitre III, 10, « De menager sa volonte ». Il y est question du rapport entre la vie publique et la vie privee, entre negotium et otium, entre les charges que l’on occupe dans la societe et son for interieur, entre le dehors et le dedans2, entre l’etranger et le propre ; l’on peut y lire une invitation a la pratique du detachement. De tels enjeux ont des implications linguistiques : Montaigne fait le choix d’un « style comique et prive », le sermo quotidianus des Latins (humile atque cotidianum sermonis genus3), different du style public, de la contentio4; il revendique « une forme [s]ienne, inepte aux negotiations publiques » (I, 40 : 461).Un des plaisirs de lecture tient ici, comme dans beaucoup d’autres chapitres, a l’epaisseur concrete de ces pages qui fourmillentd’objets et de realia ; c’est la un des plaisirs du texte dont parlait Roland Barthes, « plaisir a voir representer la “vie quotidienne” d’une epoque », qui assouvit chez le lecteur une « curiosite des men