{"title":"\" Au origines du lyrisme classique français : strophe et sonnet chez Marot \"","authors":"Jean-Louis Aroui","doi":"10.3406/IGRAM.2009.4017","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Marot peut etre considere comme le vrai pere du lyrisme classique francais. Il est tout autant a l'origine des formes standards de la strophe que du sonnet regulier. Sa pratique s'explique globalement par l'apparition d'une contrainte simple : le principe de reduction structurelle. On notera cependant que ce principe ne s'applique pas a l'octave du sonnet, auquel Marot n'a pas ose toucher. Les strophes classiques gardent de leurs parentes medievales l'enchainement des modules. L'enchainement est un phenomene absolument necessaire a l'existence du module classique. Celui-ce ne peut s'en passer. Il convient simplement de l'identifier comme tel et de reconnaitre ses origines. Par contre, dans les strophes classiques, deux choses disparaissent : 1. l'enchainement entre strophes. Les quatrains du sonnet presentent encore une exception a cette disparition. La terza rima pourrait etre percue comme une autre exception ; mais les unites (tercets) enchainees dans celle-ci, structurellement, ressemblent a des modules plutot qu'a des strophes. 2. l'enchainement retrograde disparait partout, et finira par ne plus etre compris. Les modules des strophes (abba) ne seront plus analyses par enchainement retrograde, mais simplement comme strophes classiques inverties. Tout au plus peut-on continuer a parler d'enchainement retrograde a la frontiere des quatrains constitutifs de l'octave du sonnet. Ces changements ont pour consequence une grande simplicite formelle, qui etait sans doute l'effet recherche par Marot. Cette simplicite visait sans doute a faciliter la tâche du compositeur qui mettrait les psaumes en musique, et peut-etre a favoriser la diffusion du chant religieux chez les gens du peuple. Mais on peut penser que la generalisation des formes inventees par Marot a finalement eu pour consequence la revendication de cette simplicite comme valeur phare de l'esthetique classique. Apres Marot, resteront a inventer : le dizain classique, la preeminence de l'alexandrin, la systematisation de l'alternance en genre, et la preference pour les strophes masculines. Bien peu de choses, au regard de ce qu'il a lui-meme accompli.","PeriodicalId":38986,"journal":{"name":"Information Grammaticale","volume":"121 1","pages":"9-14"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2009-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Information Grammaticale","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3406/IGRAM.2009.4017","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"Arts and Humanities","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Marot peut etre considere comme le vrai pere du lyrisme classique francais. Il est tout autant a l'origine des formes standards de la strophe que du sonnet regulier. Sa pratique s'explique globalement par l'apparition d'une contrainte simple : le principe de reduction structurelle. On notera cependant que ce principe ne s'applique pas a l'octave du sonnet, auquel Marot n'a pas ose toucher. Les strophes classiques gardent de leurs parentes medievales l'enchainement des modules. L'enchainement est un phenomene absolument necessaire a l'existence du module classique. Celui-ce ne peut s'en passer. Il convient simplement de l'identifier comme tel et de reconnaitre ses origines. Par contre, dans les strophes classiques, deux choses disparaissent : 1. l'enchainement entre strophes. Les quatrains du sonnet presentent encore une exception a cette disparition. La terza rima pourrait etre percue comme une autre exception ; mais les unites (tercets) enchainees dans celle-ci, structurellement, ressemblent a des modules plutot qu'a des strophes. 2. l'enchainement retrograde disparait partout, et finira par ne plus etre compris. Les modules des strophes (abba) ne seront plus analyses par enchainement retrograde, mais simplement comme strophes classiques inverties. Tout au plus peut-on continuer a parler d'enchainement retrograde a la frontiere des quatrains constitutifs de l'octave du sonnet. Ces changements ont pour consequence une grande simplicite formelle, qui etait sans doute l'effet recherche par Marot. Cette simplicite visait sans doute a faciliter la tâche du compositeur qui mettrait les psaumes en musique, et peut-etre a favoriser la diffusion du chant religieux chez les gens du peuple. Mais on peut penser que la generalisation des formes inventees par Marot a finalement eu pour consequence la revendication de cette simplicite comme valeur phare de l'esthetique classique. Apres Marot, resteront a inventer : le dizain classique, la preeminence de l'alexandrin, la systematisation de l'alternance en genre, et la preference pour les strophes masculines. Bien peu de choses, au regard de ce qu'il a lui-meme accompli.