Thérapie cognitive-comportementale de groupe : quelques éléments cliniques autour des concepts de honte et de culpabilité chez les patients souffrant de douleurs chroniques
A. Souche, V. Piguet, J. Desmeules, M. Besson, C. Cedraschi
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Abstract
La honte peut être une émotion faite de pénibilité, d’impression d’infériorité, d’indignité, d’abaissement dans l’opinion des autres. Elle est alors susceptible d’être associée à un sentiment de déshonneur, d’humiliation, de gêne éprouvée par scrupule de conscience, de crainte du ridicule. Cette notion n’est pas sans évoquer celle de culpabilité. Culpabilité et honte concernent toutes les deux une transgression morale perçue ou réelle (indépendamment de toute intentionnalité) ; la culpabilité est extériorisée et axée sur le comportement, tandis que la honte concerne l’intériorisation de cette transgression. Dans la douleur chronique, honte et culpabilité peuvent se manifester au niveau de la maladie, de la personne atteinte et de la perte de l’appartenance au groupe social, au travers de la remise en cause de la personne qui souffre de douleurs chroniques, très souvent interpellée dans son statut et ses rôles. Ces émotions, ignorées ou mal accueillies, peuvent avoir un effet néfaste sur le travail psychothérapeutique. Il convient d’accueillir la honte, de la valider avant de s’en décentrer, entre autres, par la réalisation d’activités qui sont choisies pour leur potentialité d’être une source de plaisir. Il est alors possible « d’apaiser » la honte en abandonnant une tâche trop lourde ou en en réorganisant les étapes. Le processus psychothérapeutique tente de rendre possible l’acceptation d’une activité plus courte, plus légère pour se remobiliser (activation comportementale), de diminuer ainsi les sentiments d’échec et d’impuissance, et de sortir de l’enfermement de la plainte. C’est làl’objectif du travail psychothérapeutique cognitivocomportemental de groupe avec des patients souffrant de douleurs chroniques.
期刊介绍:
Douleur et Analgésie, première revue internationale francophone consacrée à la douleur, a été créée en 1988. De par la qualité scientifique et l’indépendance de ses publications, ce trimestriel a reçu d’emblée un accueil favorable auprès des chercheurs et cliniciens spécialisés dans le domaine. Á l’occasion de la reprise de la revue en 2006 par les Éditions Springer, le comité éditorial a souhaité s’ouvrir davantage à la francophonie, y compris nord américaine, pour mieux partager les connaissances et renforcer la valeur scientifique de la revue.