{"title":"Jihäd, Hijra et «devoir du sel» dans l'histoire du Turkestan oriental","authors":"Masami Hamada","doi":"10.2143/TURC.33.0.480","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Situe a un bout du Dâr al-islâm, le Turkestan oriental a ete confronte, presque toujours dans son histoire, au probleme du jihâd; d'abord pour elargir le territoire de l'Islam, puis pour le defendre contre les Infideles. Apres l'etablissement de la domination mandchoue, il existait, certes, une faction qui insistait pour que le jihâd soit mis a execution, mais la majorite des habitants des oasis, qui avaient a leur tete les administrateurs locaux, issus des lignees influentes de l'epoque precedente, obeissaient paisiblement aux empereurs Qing, du moins pendant un siecle. La fonction de la classe dominante de la societe musulmane etait, au-dela de sa soumission officielle, de maintenir la cohesion de la communaute, dans laquelle la shari'a continuait d'etre appliquee. En effet, pour les Qing, il etait preferable de voir leurs agents musulmans maintenir l'ordre par des moyens paisibles, y compris ceux offerts par la legislation islamique. De son cote, la classe dirigeante musulmane possedait les outils ideologiques dont elle pouvait avoir besoin pour justifier sa soumission aux Infideles -- lesquels etaient, selon Mullâ Musâ, historien autochtone, la justice, ou plutot la mansuetude du souverain mecreant et, en contrepartie de celle-ci, l'obeissance d'un oblige a son bienfaiteur. Cette morale, selon la terminologie de l'historien, est le « devoir du sel » reconnu dans l'ensemble du monde turk-islamique depuis toujours.","PeriodicalId":93683,"journal":{"name":"Turcica","volume":"33 1","pages":"35-61"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2001-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://sci-hub-pdf.com/10.2143/TURC.33.0.480","citationCount":"8","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Turcica","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.2143/TURC.33.0.480","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 8
Abstract
Situe a un bout du Dâr al-islâm, le Turkestan oriental a ete confronte, presque toujours dans son histoire, au probleme du jihâd; d'abord pour elargir le territoire de l'Islam, puis pour le defendre contre les Infideles. Apres l'etablissement de la domination mandchoue, il existait, certes, une faction qui insistait pour que le jihâd soit mis a execution, mais la majorite des habitants des oasis, qui avaient a leur tete les administrateurs locaux, issus des lignees influentes de l'epoque precedente, obeissaient paisiblement aux empereurs Qing, du moins pendant un siecle. La fonction de la classe dominante de la societe musulmane etait, au-dela de sa soumission officielle, de maintenir la cohesion de la communaute, dans laquelle la shari'a continuait d'etre appliquee. En effet, pour les Qing, il etait preferable de voir leurs agents musulmans maintenir l'ordre par des moyens paisibles, y compris ceux offerts par la legislation islamique. De son cote, la classe dirigeante musulmane possedait les outils ideologiques dont elle pouvait avoir besoin pour justifier sa soumission aux Infideles -- lesquels etaient, selon Mullâ Musâ, historien autochtone, la justice, ou plutot la mansuetude du souverain mecreant et, en contrepartie de celle-ci, l'obeissance d'un oblige a son bienfaiteur. Cette morale, selon la terminologie de l'historien, est le « devoir du sel » reconnu dans l'ensemble du monde turk-islamique depuis toujours.