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Abstract
Symbole de « l’avènement des loisirs » (Corbin), la partie de campagne fait figure de nouveau rituel au xixe siècle, dont nombre de romanciers s’emparent. La banlieue verte devient ainsi le décor où se déverse une foule particulière : foule urbaine où se mêlent ouvriers, prostituées, bourgeois en quête de délassement, mais foule du dimanche, qui entend bien rompre avec les contraintes sociales de la semaine. Cet article se propose d’étudier cette foule, éminemment parisienne alors même qu’elle échappe à la capitale. En insistant sur le nombre et la densité de la foule qui envahit chaque dimanche les communes limitrophes de Paris, Zola, Maupassant, les Goncourt soulignent l’inadéquation entre l’idéal attaché à la nature, au plein air revigorant et régénérateur, et la réalité vécue, c’est-à-dire l’impossibilité d’échapper à la foule, la proximité subie, l’herbe souillée, l’air irrespirable des auberges et les mauvaises fritures. La banlieue verte se transforme ainsi sous la plume des romanciers en caricature de cadre bucolique, illusion de nature réduite aux dimensions d’un sentier balisé ou d’une bruyante guinguette. Le cadre autrefois idyllique, propice aux rêveries et aux amours champêtres, devient celui d’une explosion de vulgarité conformiste où se concentre toute la bêtise abhorrée par les grands romanciers du siècle.