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Abstract
Decouper l’espace continu des societes : selon quels pointilles, quels contours, quels seuils ? Le questionnement est ouvert et la geographie n’en a pas fini d’interroger les decoupages. Dans des contextes ou la delimitation materielle et la cartographie des territoires locaux sont a ce jour inachevees, les operations de decoupage restent de l’ordre du discours, mais non sans effets dans les espaces. En Afrique de l’Ouest, l’immaterialite des delimitations territoriales s’est revelee a l’aune des reformes de decentralisation dans lesquelles se sont lances plusieurs pays au tournant des annees 1990. Ce decalage, entre effectivite du decoupage sur le papier et absence de bornage dans le sol, rencontre la question de la nature de l’espace social ouest-africain, et rejoint les analyses d’Achille Mbembe sur la « territorialite itinerante » (2005) ou celles de Denis Retaille sur « l’espace mobile » (2009, 2011). Issu de la « fabrication coloniale » (Mbow, 2017), le territoire du Senegal peine a se degager du poids de cet heritage. Les derniers remaniements du maillage local depuis 2014 offrent l’occasion de revenir sur l’immixtion de ces configurations reticulaires dans la territorialisation des pouvoirs locaux. Il s’agit d’explorer l’hypothese selon laquelle le decoupage local temoigne d’une territorialisation du pouvoir dans laquelle le role des reseaux sociaux, depuis les terroirs villageois jusqu’aux territoires multisitues des emigres, s’avere determinant. Cette tension est observee a partir d’un terrain effectue dans la vallee du fleuve Senegal. Se fondant sur un corpus d’entretiens et des temps d’observations, il ressort une impression de mouvements intenses et de connexions multiples. En definitive l’analyse porte sur la force des reseaux mobilitaires et des alliances politiques multisituees participant d’une fragmentation des espaces locaux. Il en resulte le constat d’un decoupage « mobile », digne d’une « postmodernite territoriale » (Giraut, 2013) deja a l‘œuvre.