{"title":"Le Peire Rogier de Peire d’Alvernhe revisité par l’auteur de Flamenca : Guillem de Nevers, le troubadour au psautier","authors":"Katy Bernard","doi":"10.4000/RLR.4033","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"S’il a ete etabli que les paroles constitutives du dialogue amoureux entre les personnages du roman, Guillem de Nevers et Flamenca, prenaient leur source dans les vers de Peire Rogier (Ges non puesc en bon vers fallir, sixieme cobla) ou encore dans ceux, inspires du precedent, de Guiraut de Borneil ( Ai las, com mor ! – Quez as, amis ?), le lien entre Guillem de Nevers et Peire Rogier apparait davantage evident si l’on prend en compte la vida de ce dernier ainsi que la cobla que lui consacre Peire d’Alvernhe dans sa chanson satirique Cantarai d’aqestz trobadors. Dans cette chanson, une partie du conseil de Peire d’Alvernhe a Peire Rogier – a savoir qu’au lieu de chanter l’amour devant tous, il devrait tenir un psautier a l’eglise resserre d’autant plus les liens entre le troubadour et le personnage du roman. Il semble que l’auteur de Flamenca se soit amuse a fondre dans son personnage le troubadour Peire Rogier afin de lui faire suivre les conseils de Peire d’Alvernhe mais en redirigeant la satire – qui visait le troubadour dans la chanson , vers la societe religieuse et, en apparence, courtoise de son roman : il instaure un jeu particulierement ingenieux autour de la symbolique du psautier et de celle de l’homme religieux. En effet, l’auteur s’amuse a faire de Guillem un clerc dont l’ordination n’a pas d’autre raison que l’amour qu’il eprouve pour Flamenca comme il s’amuse a faire du livre sacre le support ou Guillem lit – par le biais de la bibliomancie – l’avenir de son amour avec Flamenca, le support par lequel les baisers de paix prefigurent les baisers amoureux, le support au-dessus duquel il echange les mots d’amour avec Flamenca. L’auteur s’ingenie ainsi a recouvrir les mots et les gestes sacres par les mots et les gestes de la fin’amor afin de nous laisser entendre que le sacre est a trouver dans les valeurs de cette derniere qui elles-memes – puisque, dans cette societe qui n’a de courtoise que le nom, elles ne peuvent s’accomplir que par la ruse et la dissimulation – n’ont peut-etre pas d’autre avenir que dans les spheres de la fiction.","PeriodicalId":41492,"journal":{"name":"REVUE DES LANGUES ROMANES","volume":"1 1","pages":"61-83"},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2021-05-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"REVUE DES LANGUES ROMANES","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/RLR.4033","RegionNum":4,"RegionCategory":"文学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"LANGUAGE & LINGUISTICS","Score":null,"Total":0}
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Abstract
S’il a ete etabli que les paroles constitutives du dialogue amoureux entre les personnages du roman, Guillem de Nevers et Flamenca, prenaient leur source dans les vers de Peire Rogier (Ges non puesc en bon vers fallir, sixieme cobla) ou encore dans ceux, inspires du precedent, de Guiraut de Borneil ( Ai las, com mor ! – Quez as, amis ?), le lien entre Guillem de Nevers et Peire Rogier apparait davantage evident si l’on prend en compte la vida de ce dernier ainsi que la cobla que lui consacre Peire d’Alvernhe dans sa chanson satirique Cantarai d’aqestz trobadors. Dans cette chanson, une partie du conseil de Peire d’Alvernhe a Peire Rogier – a savoir qu’au lieu de chanter l’amour devant tous, il devrait tenir un psautier a l’eglise resserre d’autant plus les liens entre le troubadour et le personnage du roman. Il semble que l’auteur de Flamenca se soit amuse a fondre dans son personnage le troubadour Peire Rogier afin de lui faire suivre les conseils de Peire d’Alvernhe mais en redirigeant la satire – qui visait le troubadour dans la chanson , vers la societe religieuse et, en apparence, courtoise de son roman : il instaure un jeu particulierement ingenieux autour de la symbolique du psautier et de celle de l’homme religieux. En effet, l’auteur s’amuse a faire de Guillem un clerc dont l’ordination n’a pas d’autre raison que l’amour qu’il eprouve pour Flamenca comme il s’amuse a faire du livre sacre le support ou Guillem lit – par le biais de la bibliomancie – l’avenir de son amour avec Flamenca, le support par lequel les baisers de paix prefigurent les baisers amoureux, le support au-dessus duquel il echange les mots d’amour avec Flamenca. L’auteur s’ingenie ainsi a recouvrir les mots et les gestes sacres par les mots et les gestes de la fin’amor afin de nous laisser entendre que le sacre est a trouver dans les valeurs de cette derniere qui elles-memes – puisque, dans cette societe qui n’a de courtoise que le nom, elles ne peuvent s’accomplir que par la ruse et la dissimulation – n’ont peut-etre pas d’autre avenir que dans les spheres de la fiction.
期刊介绍:
La Revue des langues romanes, désormais plus que centenaire, continue à exploiter les riches terrains de la philologie des langues romanes, au sens classique du terme, et du texte littéraire occitan. Son numéro annuel est composé de deux fascicules consacrés à un thème particulier qui peut concerner l’ancien français, l’occitan de toutes les périodes ou encore des sujets communs à plusieurs littératures romanes. Ces recueils d’articles sont complétés de « varia » qui abordent des sujets plus divers et des comptes rendus critiques abondants qui permettent de mieux appréhender la production contemporaine.