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Abstract
Les femmes excisees connaissent des injonctions paradoxales entre les representations du corps feminin dans leur pays d’origine et dans celui ou elles resident qui les amenent a recourir a la chirurgie de reconstruction clitoridienne. Considerees comme « victimes de mutilations sexuelles », reparer leur « sexe » est cense reparer leur sexualite, surtout dans des societes occidentales ou le clitoris est considere comme l’organe principiel du plaisir feminin. Paradoxalement, la chirurgie clitoridienne obeit a une vision organiciste de la sexualite, identique a celle a l’origine de l’excision, qui ignore la dimension psycho-sexuelle du desir. Mais la motivation profonde de la « reconstruction » clitoridienne se situe moins au niveau du ressenti sexuel des femmes que celui des hommes, rejoignant en cela la visee de l’excision, mais aussi celle des autres chirurgies sexuelles pratiquees en Occident tels l’hymenorraphie, la nymphoplastie, la vaginoplatie, ou encore le bien nomme « point du mari ». En effet, l’excision a pour but de rassurer l’homme qui peut se sentir menace dans sa virilite par ce qui evoque le phallus chez la femme, tout comme la circoncision vise a ce qu’il depasse cette angoisse de castration ainsi que le lien incestueux a sa mere pour se perpetuer, la difference des sexes etant ainsi clairement reaffirmee par ces rituels de sexuation afin d’assurer la reproduction de la societe.