{"title":"La représentation de « contre-espaces » au service de la construction identitaire dans Volkswagen Blues et La tournée d’automne de Jacques Poulin","authors":"Marie-Lise Auvray","doi":"10.3828/qs.2022.7","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"\nChez Jacques Poulin, les personnages se construisent en limitant les contacts à un nombre restreint de personnes. Cette attention notable que l’auteur porte à l’individu, au corps, et à son rapport à l’Autre, et pas particulièrement aux autres, trouve en partie sa source dans l’intérêt singulier qu’il manifeste à l’espace. En effet, le corps étant le « point zéro » (Foucault 2009, 18), l’origine de tous les espaces, sans lui aucun d’eux n’est identifiable en tant que tel: « Mon corps est comme la Cité du Soleil, il n’a pas de lieu, mais c’est de lui que sortent et que rayonnent tous les lieux possibles, réels ou utopiques » (ibid.). L’individu est alors acteur, créateur de son propre espace de vie, oscillant entre rêve et réalité, entre liberté et réalité, entre espaces hétérotopiques et utopiques, autrement nommés « contre-espaces », - « des lieux qui s’opposent à tous les autres, qui sont destinés en quelque sorte à les effacer, à les neutraliser ou à les purifier » (Foucault 2009, 24) - et non utopiques. In fine, le rapport à la réalité est propre à soi, mais, pour les protagonistes pouliniens, l’équilibre est essentiel.\nJe propose dans cet article de montrer que les personnages de Jack dans Volkswagen Blues (1984) et du Chauffeur dans La tournée d’automne (1993), en pleine crise existentielle, partent à la recherche d’eux-mêmes et trouvent leur propre équilibre grâce au Volkswagen et au bibliobus, et qu’ainsi ces deux véhicules, considérés comme de véritables entités, répondent-ils à la définition des « contre-espaces » établie par Foucault. En incarnant pour les personnages un refuge au service d’une réflexion sur eux-mêmes, leur rapport à l’autre et sur la vie, ils participent intimement de leur quête identitaire.","PeriodicalId":36865,"journal":{"name":"Quebec Studies","volume":" ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2022-06-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Quebec Studies","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3828/qs.2022.7","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"Arts and Humanities","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Chez Jacques Poulin, les personnages se construisent en limitant les contacts à un nombre restreint de personnes. Cette attention notable que l’auteur porte à l’individu, au corps, et à son rapport à l’Autre, et pas particulièrement aux autres, trouve en partie sa source dans l’intérêt singulier qu’il manifeste à l’espace. En effet, le corps étant le « point zéro » (Foucault 2009, 18), l’origine de tous les espaces, sans lui aucun d’eux n’est identifiable en tant que tel: « Mon corps est comme la Cité du Soleil, il n’a pas de lieu, mais c’est de lui que sortent et que rayonnent tous les lieux possibles, réels ou utopiques » (ibid.). L’individu est alors acteur, créateur de son propre espace de vie, oscillant entre rêve et réalité, entre liberté et réalité, entre espaces hétérotopiques et utopiques, autrement nommés « contre-espaces », - « des lieux qui s’opposent à tous les autres, qui sont destinés en quelque sorte à les effacer, à les neutraliser ou à les purifier » (Foucault 2009, 24) - et non utopiques. In fine, le rapport à la réalité est propre à soi, mais, pour les protagonistes pouliniens, l’équilibre est essentiel.
Je propose dans cet article de montrer que les personnages de Jack dans Volkswagen Blues (1984) et du Chauffeur dans La tournée d’automne (1993), en pleine crise existentielle, partent à la recherche d’eux-mêmes et trouvent leur propre équilibre grâce au Volkswagen et au bibliobus, et qu’ainsi ces deux véhicules, considérés comme de véritables entités, répondent-ils à la définition des « contre-espaces » établie par Foucault. En incarnant pour les personnages un refuge au service d’une réflexion sur eux-mêmes, leur rapport à l’autre et sur la vie, ils participent intimement de leur quête identitaire.