{"title":"La deuxième vie du doux commerce. Métamorphoses et crise d’un lieu commun à l’aube de l’ère industrielle","authors":"Arnault Skornicki","doi":"10.4000/ASTERION.3889","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Cet article explore un point aveugle de la these d’Albert O. Hirschman dans Les passions et les interets : le topos du doux commerce aurait disparu des consciences au XIXe siecle en raison des consequences sociales de la revolution industrielle. Pourtant, dans les debats qui animerent les penseurs « industrialistes » sous la Restauration (1814-1830), l’association entre paix civile et developpement economique prit de nouvelles formes topiques et argumentatives avec le passage conceptuel de la « nation commercante » a la « societe industrielle ». Ce passage n’est pas neutre : il reconfigura la topographie du doux commerce. D’une part, le theme de l’industrie pacifique superposa au modele de l’echange marchand (deliberatif et plutot egalitaire) celui de l’atelier productif (cooperatif et plus hierarchique). D’autre part, il ouvrit la perspective non plus d’un simple adoucissement, mais d’une substitution radicale de l’interet aux passions et d’une elimination totale du conflit par la paisible exploitation de la nature. Toutefois, l’emergence de la question sociale sema la discorde au sein des industrialistes : sans rejeter entierement le lieu commun, les saint-simoniens se separerent des liberaux en detachant le theme de l’industrie pacifique du dogme de la libre concurrence.","PeriodicalId":53745,"journal":{"name":"Asterion-Philosophie Histoire des Idees Pensee Politique","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2019-07-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Asterion-Philosophie Histoire des Idees Pensee Politique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/ASTERION.3889","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"PHILOSOPHY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Cet article explore un point aveugle de la these d’Albert O. Hirschman dans Les passions et les interets : le topos du doux commerce aurait disparu des consciences au XIXe siecle en raison des consequences sociales de la revolution industrielle. Pourtant, dans les debats qui animerent les penseurs « industrialistes » sous la Restauration (1814-1830), l’association entre paix civile et developpement economique prit de nouvelles formes topiques et argumentatives avec le passage conceptuel de la « nation commercante » a la « societe industrielle ». Ce passage n’est pas neutre : il reconfigura la topographie du doux commerce. D’une part, le theme de l’industrie pacifique superposa au modele de l’echange marchand (deliberatif et plutot egalitaire) celui de l’atelier productif (cooperatif et plus hierarchique). D’autre part, il ouvrit la perspective non plus d’un simple adoucissement, mais d’une substitution radicale de l’interet aux passions et d’une elimination totale du conflit par la paisible exploitation de la nature. Toutefois, l’emergence de la question sociale sema la discorde au sein des industrialistes : sans rejeter entierement le lieu commun, les saint-simoniens se separerent des liberaux en detachant le theme de l’industrie pacifique du dogme de la libre concurrence.