Repenser l’intégrité scientifique en chirurgie plastique : réflexions sur les responsabilités éditoriales et institutionnelles

Abstract

La chirurgie plastique, discipline de l’innovation, s’est historiquement appuyée sur les cas cliniques pour faire progresser ses techniques. Ces cas, souvent uniques, constituent un levier précieux de diffusion des avancées, notamment face aux limites méthodologiques des essais randomisés dans ce champ aux pratiques individualisées et techniques artisanales. Cependant, cette dépendance aux cas cliniques soulève des enjeux éthiques majeurs. L’attribution des contributions dans des contextes multidisciplinaires reste floue, et certains abus – comme la publication non autorisée ou sans reconnaissance de l’environnement institutionnel – remettent en cause l’intégrité scientifique. Face à l’émergence de l’intelligence artificielle qui transforme la recherche biomédicale en automatisant les revues de littérature et les méta-analyses, les cas cliniques originaux, par leur unicité, échappent à ces modèles prédictifs. Leur valeur heuristique, justifie leur pleine reconnaissance dans l’éventail des preuves scientifiques. Ils doivent ainsi rester des objets de publication soigneusement encadrés. Il est donc important de redéfinir les normes de publication dans notre spécialité ce qui implique : l’application systématique de lignes directrices (CARE, SCARE, STROBE, GRIPP2), l’exigence d’un aval hiérarchique avant toute soumission, une formation à l’éthique de la publication pour les plus jeunes, et une transparence absolue sur les consentements patients et l’attribution des auteurs. Le cas clinique, s’il est rigoureux, novateur et bien contextualisé, reste un pilier incontournable du progrès chirurgical. En le protégeant des dérives opportunistes il conserve toute sa valeur scientifique et pédagogique.

Plastic surgery, by nature an innovative discipline, has historically relied on clinical case reports to advance its techniques. Often unique, these cases are a valuable vehicle for disseminating breakthroughs — especially in a field marked by highly individualized practices and artisanal surgical approaches, where randomized trials are often impractical. However, this reliance on case reports raises significant ethical concerns. In multidisciplinary settings, attribution of contributions often remains ambiguous. Misconduct, such as unauthorized publications or omission of institutional recognition, threatens the integrity of scientific output. As artificial intelligence reshapes biomedical research — automating literature reviews and meta-analyses — original case reports, by their singularity, escape these predictive models. Their heuristic value fully justifies their inclusion within the spectrum of scientific evidence. For this reason, their publication must be tightly regulated. Redefining publication standards in our field is essential. This includes the systematic application of international guidelines (CARE, SCARE, STROBE, GRIPP2), mandatory institutional approval before submission, formal training in research ethics for junior staff, and full transparency regarding patient consent and authorship attribution. When rigorous, novel, and well-contextualized, the clinical case remains a cornerstone of surgical progress. By safeguarding it from opportunistic misuse, we preserve its scientific and educational value.