{"title":"Le syndrome d’hyperémèse cannabique (SHC) : une cause génétique ?","authors":"Claire Lafay-Chebassier , Manel Nejdi , Leana Can-Vetro , Marcello Solinas , Stéphanie Pain","doi":"10.1016/j.therap.2024.10.010","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Le syndrome d’hyperémèse cannabique (SHC) est défini comme un syndrome récurrent de vomissements itératifs survenant chez des consommateurs chroniques de cannabis <span><span>[1]</span></span>. Le diagnostic de ce syndrome est uniquement basé sur des critères cliniques. La physiopathologie du SHC est encore inconnue et une augmentation du nombre de cas est observée depuis 2016 en France <span><span>[2]</span></span>. Il a été supposé que le SHC pouvait être associé à des polymorphismes génétiques conduisant à une surstimulation des récepteurs activés par les cannabinoïdes. Ainsi, une étude clinique <em>Cannabinoid concentrations and hyperemesis syndrome occurrence in regular cannabis consumers</em> (CANEMESE) a pour but d’étudier des variations génétiques chez des patients « SHC cas » vs des témoins afin de rechercher le risque de survenue du syndrome cannabinoïde.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Il s’agit une étude multicentrique cas-témoins. Différents polymorphismes génétiques ont été étudiés notamment sur les gènes codant le cytochrome P450 2C19, impliqué dans le métabolisme des cannabinoïdes exogènes dont le THC, et le récepteur <em>transient receptor potential vanilloide</em> 1 (TRPV1) intervenant dans les mécanismes nociceptifs. Trois polymorphismes du CYP2C19 : CYP2C19*2 (rs4244285, c.681G<!--> <!-->><!--> <!-->A), CYP2C19*3 (rs4986893, c.636G<!--> <!-->><!--> <!-->A) et CYP2C19*17 (rs12248560, c.-806C<!--> <!-->><!--> <!-->T) ainsi que deux polymorphismes du récepteur TRPV1 : rs222747(c-945G<!--> <!-->><!--> <!-->C) et rs879207 (c-3513T><!--> <!-->C) ont été étudiés via la méthode de séquençage Sanger.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Les polymorphismes CYP2C19*2, CYP2C19*3 et CYP2C19*17 ont été analysés sur 19 cas et 13 témoins. Pour CYP2C19*2, 68 % des cas étaient G/G et 32 % étaient G/A contre 62 % de G/G et 38 % de G/A chez les témoins. Pour CYP2C19*3, 100 % des patients étaient de génotype G/G. Pour CYP2C19*17, 63 % des cas étaient C/C et 37 % étaient C/T contre 69 % de C/C et 31 % de C/T chez les témoins. Concernant le polymorphisme rs222747de TRPV1 (analyse sur 13 cas et 5 témoins), 8 % des cas étaient G/G, 31 % étaient G/C et 61 % étaient C/C contre 60 % de G/C et 40 % de C/C chez les témoins. Pour l’analyse du polymorphisme rs879207 de TRPV1, sur 16 cas et 9 témoins, 50 % des cas étaient T/T, 37 % étaient T/C et 13 % étaient C/C contre 45 % de T/T, 22 % de T/C et 33 % de C/C chez les témoins.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Notre étude préliminaire a identifié des différences de fréquence génotypique entre les cas et les témoins pour certains polymorphismes en particulier du récepteur TRPV1 qui a pour ligands les cannabinoïdes, la capsaïcine et la chaleur. Étant donné qu’un traitement par capsaïcine et la prise de douches chaudes permettent de soulager les patients d’un SHC, le récepteur TRPV1 semble tout à fait intéressant à explorer pour en découvrir des variabilités génétiques qui expliqueraient chez certains consommateurs chroniques de cannabis la survenue d’un SHC. Ces résultats prometteurs restent à confirmer et à compléter par l’étude d’autres gènes, notamment CB1 et FAAH probablement impliqués également dans ce syndrome et dont les analyses sont en cours.</div></div>","PeriodicalId":23147,"journal":{"name":"Therapie","volume":"79 6","pages":"Page 742"},"PeriodicalIF":2.2000,"publicationDate":"2024-11-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Therapie","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0040595724001264","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"PHARMACOLOGY & PHARMACY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Le syndrome d’hyperémèse cannabique (SHC) est défini comme un syndrome récurrent de vomissements itératifs survenant chez des consommateurs chroniques de cannabis [1]. Le diagnostic de ce syndrome est uniquement basé sur des critères cliniques. La physiopathologie du SHC est encore inconnue et une augmentation du nombre de cas est observée depuis 2016 en France [2]. Il a été supposé que le SHC pouvait être associé à des polymorphismes génétiques conduisant à une surstimulation des récepteurs activés par les cannabinoïdes. Ainsi, une étude clinique Cannabinoid concentrations and hyperemesis syndrome occurrence in regular cannabis consumers (CANEMESE) a pour but d’étudier des variations génétiques chez des patients « SHC cas » vs des témoins afin de rechercher le risque de survenue du syndrome cannabinoïde.
Matériel et méthodes
Il s’agit une étude multicentrique cas-témoins. Différents polymorphismes génétiques ont été étudiés notamment sur les gènes codant le cytochrome P450 2C19, impliqué dans le métabolisme des cannabinoïdes exogènes dont le THC, et le récepteur transient receptor potential vanilloide 1 (TRPV1) intervenant dans les mécanismes nociceptifs. Trois polymorphismes du CYP2C19 : CYP2C19*2 (rs4244285, c.681G > A), CYP2C19*3 (rs4986893, c.636G > A) et CYP2C19*17 (rs12248560, c.-806C > T) ainsi que deux polymorphismes du récepteur TRPV1 : rs222747(c-945G > C) et rs879207 (c-3513T> C) ont été étudiés via la méthode de séquençage Sanger.
Résultats
Les polymorphismes CYP2C19*2, CYP2C19*3 et CYP2C19*17 ont été analysés sur 19 cas et 13 témoins. Pour CYP2C19*2, 68 % des cas étaient G/G et 32 % étaient G/A contre 62 % de G/G et 38 % de G/A chez les témoins. Pour CYP2C19*3, 100 % des patients étaient de génotype G/G. Pour CYP2C19*17, 63 % des cas étaient C/C et 37 % étaient C/T contre 69 % de C/C et 31 % de C/T chez les témoins. Concernant le polymorphisme rs222747de TRPV1 (analyse sur 13 cas et 5 témoins), 8 % des cas étaient G/G, 31 % étaient G/C et 61 % étaient C/C contre 60 % de G/C et 40 % de C/C chez les témoins. Pour l’analyse du polymorphisme rs879207 de TRPV1, sur 16 cas et 9 témoins, 50 % des cas étaient T/T, 37 % étaient T/C et 13 % étaient C/C contre 45 % de T/T, 22 % de T/C et 33 % de C/C chez les témoins.
Conclusion
Notre étude préliminaire a identifié des différences de fréquence génotypique entre les cas et les témoins pour certains polymorphismes en particulier du récepteur TRPV1 qui a pour ligands les cannabinoïdes, la capsaïcine et la chaleur. Étant donné qu’un traitement par capsaïcine et la prise de douches chaudes permettent de soulager les patients d’un SHC, le récepteur TRPV1 semble tout à fait intéressant à explorer pour en découvrir des variabilités génétiques qui expliqueraient chez certains consommateurs chroniques de cannabis la survenue d’un SHC. Ces résultats prometteurs restent à confirmer et à compléter par l’étude d’autres gènes, notamment CB1 et FAAH probablement impliqués également dans ce syndrome et dont les analyses sont en cours.
期刊介绍:
Thérapie is a peer-reviewed journal devoted to Clinical Pharmacology, Therapeutics, Pharmacokinetics, Pharmacovigilance, Addictovigilance, Social Pharmacology, Pharmacoepidemiology, Pharmacoeconomics and Evidence-Based-Medicine. Thérapie publishes in French or in English original articles, general reviews, letters to the editor reporting original findings, correspondence relating to articles or letters published in the Journal, short articles, editorials on up-to-date topics, Pharmacovigilance or Addictovigilance reports that follow the French "guidelines" concerning good practice in pharmacovigilance publications. The journal also publishes thematic issues on topical subject.
The journal is indexed in the main international data bases and notably in: Biosis Previews/Biological Abstracts, Embase/Excerpta Medica, Medline/Index Medicus, Science Citation Index.