{"title":"Protoxyde d’azote (N2O) : un potentiel d’abus et dépendance mal connu, un suivi chaotique","authors":"Théa Lamoine , Leila Chaouachi , Lauriane Charuel , Jérôme Langrand , Anne Batisse","doi":"10.1016/j.therap.2024.10.014","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>La hausse continue des cas de complications neurologiques liées à la consommation récréative de N2O en France, révèle la difficulté de la prévention. À travers l’évolution des consommations (apparition des tanks notamment), l’addictovigilance a mis en évidence le potentiel d’abus et dépendance de ce gaz, connu pourtant depuis le 18<sup>e</sup> siècle. Les cas graves (neurologique, cardiovasculaire…) soulèvent la question de l’orientation addictologique. Il n’est pas rare de retrouver des patients en rechute avec récidive neurologique ou décompensation psychiatrique dans les données d’addictovigilance. La question du suivi de ces patients souvent jeunes et en pleine construction semble primordiale mais qu’en est-il ?</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Une enquête de suivi, menée via un questionnaire conçu par le CEIP-A de Paris, a été réalisée auprès des patients pour lesquels le centre antipoison de Paris a été sollicité (patients eux-mêmes ou professionnels de santé) entre janvier 2021 et décembre 2023, en raison de complications neuropsychiatriques.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Sur 111 patients, seuls 36 (32 %) ont répondu, dont 12 ont refusé de participer, laissant 24 participants effectifs. Les répondants ont un âge médian de 22 ans (17–34 ans). Parmi eux, 17 (71 %) déclarent ne plus consommer de N2O. Cependant, 41 % des abstinents continuent de présenter des séquelles : troubles de la mémoire (5), troubles de la concentration (2), paresthésies (6), paralysies (1), troubles de la marche (1), ainsi que des faiblesses et douleurs musculaires (4). Concernant le suivi, près de la moitié des patients (10/24) n’ont bénéficié d’aucune orientation neurologique ou addictologique, bien que 4 aient été admis aux urgences. Un trouble lié à l’usage du N2O a été identifié chez 23 patients (9 sévères, 6 modérés et 8 légers). Seul un patient déclare avoir consulté un addictologue une seule fois, et presque 90 % des patients rapportent des rechutes. Aucun switch vers une autre substance psychoactive n’a été signalé. Quelle que soit l’année, les modes d’obtention restent les mêmes : principalement via Snapchat, le deal de rue ou les épiceries, avec des achats de bonbonnes en 2024 malgré l’interdiction de vente. Tous les répondants ignorent cette réglementation. La difficulté de recontacter les patients, le taux élevé de rechutes et les symptômes persistants illustrent les défis d’un suivi efficace.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Il est crucial de développer des programmes de formation pour les professionnels de santé afin d’assurer une prise en charge holistique de ces jeunes consommateurs, et d’améliorer leur suivi addictologique.</div></div>","PeriodicalId":23147,"journal":{"name":"Therapie","volume":"79 6","pages":"Page 744"},"PeriodicalIF":2.2000,"publicationDate":"2024-11-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Therapie","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0040595724001306","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"PHARMACOLOGY & PHARMACY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
La hausse continue des cas de complications neurologiques liées à la consommation récréative de N2O en France, révèle la difficulté de la prévention. À travers l’évolution des consommations (apparition des tanks notamment), l’addictovigilance a mis en évidence le potentiel d’abus et dépendance de ce gaz, connu pourtant depuis le 18e siècle. Les cas graves (neurologique, cardiovasculaire…) soulèvent la question de l’orientation addictologique. Il n’est pas rare de retrouver des patients en rechute avec récidive neurologique ou décompensation psychiatrique dans les données d’addictovigilance. La question du suivi de ces patients souvent jeunes et en pleine construction semble primordiale mais qu’en est-il ?
Matériel et méthodes
Une enquête de suivi, menée via un questionnaire conçu par le CEIP-A de Paris, a été réalisée auprès des patients pour lesquels le centre antipoison de Paris a été sollicité (patients eux-mêmes ou professionnels de santé) entre janvier 2021 et décembre 2023, en raison de complications neuropsychiatriques.
Résultats
Sur 111 patients, seuls 36 (32 %) ont répondu, dont 12 ont refusé de participer, laissant 24 participants effectifs. Les répondants ont un âge médian de 22 ans (17–34 ans). Parmi eux, 17 (71 %) déclarent ne plus consommer de N2O. Cependant, 41 % des abstinents continuent de présenter des séquelles : troubles de la mémoire (5), troubles de la concentration (2), paresthésies (6), paralysies (1), troubles de la marche (1), ainsi que des faiblesses et douleurs musculaires (4). Concernant le suivi, près de la moitié des patients (10/24) n’ont bénéficié d’aucune orientation neurologique ou addictologique, bien que 4 aient été admis aux urgences. Un trouble lié à l’usage du N2O a été identifié chez 23 patients (9 sévères, 6 modérés et 8 légers). Seul un patient déclare avoir consulté un addictologue une seule fois, et presque 90 % des patients rapportent des rechutes. Aucun switch vers une autre substance psychoactive n’a été signalé. Quelle que soit l’année, les modes d’obtention restent les mêmes : principalement via Snapchat, le deal de rue ou les épiceries, avec des achats de bonbonnes en 2024 malgré l’interdiction de vente. Tous les répondants ignorent cette réglementation. La difficulté de recontacter les patients, le taux élevé de rechutes et les symptômes persistants illustrent les défis d’un suivi efficace.
Conclusion
Il est crucial de développer des programmes de formation pour les professionnels de santé afin d’assurer une prise en charge holistique de ces jeunes consommateurs, et d’améliorer leur suivi addictologique.
期刊介绍:
Thérapie is a peer-reviewed journal devoted to Clinical Pharmacology, Therapeutics, Pharmacokinetics, Pharmacovigilance, Addictovigilance, Social Pharmacology, Pharmacoepidemiology, Pharmacoeconomics and Evidence-Based-Medicine. Thérapie publishes in French or in English original articles, general reviews, letters to the editor reporting original findings, correspondence relating to articles or letters published in the Journal, short articles, editorials on up-to-date topics, Pharmacovigilance or Addictovigilance reports that follow the French "guidelines" concerning good practice in pharmacovigilance publications. The journal also publishes thematic issues on topical subject.
The journal is indexed in the main international data bases and notably in: Biosis Previews/Biological Abstracts, Embase/Excerpta Medica, Medline/Index Medicus, Science Citation Index.