Zeinab Abbas , Sabrine Mouas , Clémence Lacroix , Elisabeth Jouve , Céline Eiden , Hélène Peyrière , Réseau français des centres d’addictovigilance
{"title":"Évaluation de la consommation de substances psychoactives avant incarcération : données de l’enquête OPPIDUM","authors":"Zeinab Abbas , Sabrine Mouas , Clémence Lacroix , Elisabeth Jouve , Céline Eiden , Hélène Peyrière , Réseau français des centres d’addictovigilance","doi":"10.1016/j.therap.2024.10.036","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les troubles de l’usage (TLU) de substances psychoactives (SPA) sont des enjeux majeurs de santé publique, et les sujets incarcérés sont particulièrement exposés à ces risques <span><span>[1]</span></span>. La connaissance des habitudes de consommation avant l’incarcération permet un meilleur accompagnement des patients <span><span>[1]</span></span>. Notre objectif était d’analyser les données de l’enquête OPPIDUM (Observation des produits psychotropes illicites ou détournés de leur utilisation médicamenteuse), réalisée auprès de sujets incarcérés.</div></div><div><h3>Matériel et méthodes</h3><div>Les données ont été extraites de l’enquête annuelle, multicentrique et transversale, OPPIDUM <span><span>[2]</span></span>, réalisée auprès d’usagers de SPA vus dans des centres spécialisés, sur la période 2013–2022. Les sujets incarcérés ont été questionnés sur leur usage de SPA la semaine précédant leur incarcération. Deux groupes de sujets ont été comparés : ceux ayant déclaré un usage simple de SPA et ceux avec TLU.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au total, 2626 individus ont répondu à l’enquête, représentant 5352 substances. La comparaison des données usage simple/TLU a été réalisée chez 1142 participants (hommes 91,3 %) pour lesquels l’information était disponible, correspondant à 3674 produits, avec un âge moyen de 33,6<!--> <!-->±<!--> <!-->8,9 ans. Les substances significativement (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,001) plus fréquemment consommées dans le groupe TLU/usage simple sont le cannabis (30 %/6,5 %), la cocaïne/crack (16,3 %/3,3 %), les benzodiazépines (10,1 %/5,4 %) et l’héroïne (9,2 %/0,8 %) : sur la période, une stabilité des SPA impliquées dans les TLU est observée. Un traitement de substitution aux opioïdes (TSO) était présent dans 51,1 % des sujets pour la méthadone et 48,7 % pour la buprénorphine.</div><div>Plusieurs variables sont associées à un risque significativement augmenté de TLU : la consommation de tabac (OR : 2979 ; IC<sub>95 %</sub> : 1,5–5,8, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,001), d’alcool (OR : 2,08 ; IC<sub>95 %</sub> : 1,5–2,7, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,001), de SPA injectables (OR : 2805, IC<sub>95 %</sub> :1,6–4,9, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001), l’acquisition illégale des SPA (OR : 13,8, IC<sub>95 %</sub> : 8,9–21,3, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001) et une consommation quotidienne ou hebdomadaire par rapport à une consommation mensuelle (OR : 6,730, IC<sub>95 %</sub> : 4,7–9,7, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001 et OR : 4,789, IC<sub>95 %</sub> : 3,2–6,9, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001). À l’inverse, des variables ont été associées à un risque plus faible de TLU : suivre un protocole TSO (OR : 0,617, IC<sub>95 %</sub> : 0,475–0,802, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001) et une antériorité plus faible de la consommation jours/semaines (OR : 0,251, IC<sub>95 %</sub> : 0,125–0,506, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001) et mois/années (OR : 0,495, IC<sub>95 %</sub> : 0,34–0,72, <em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,0001).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Ces résultats de soulignent l’importance de prendre en compte ces facteurs pour la prévention et la prise en charge des TLU chez les personnes incarcérées, en tenant compte des spécificités de cette population.</div></div>","PeriodicalId":23147,"journal":{"name":"Therapie","volume":"79 6","pages":"Pages 755-756"},"PeriodicalIF":2.2000,"publicationDate":"2024-11-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Therapie","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0040595724001525","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"PHARMACOLOGY & PHARMACY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Les troubles de l’usage (TLU) de substances psychoactives (SPA) sont des enjeux majeurs de santé publique, et les sujets incarcérés sont particulièrement exposés à ces risques [1]. La connaissance des habitudes de consommation avant l’incarcération permet un meilleur accompagnement des patients [1]. Notre objectif était d’analyser les données de l’enquête OPPIDUM (Observation des produits psychotropes illicites ou détournés de leur utilisation médicamenteuse), réalisée auprès de sujets incarcérés.
Matériel et méthodes
Les données ont été extraites de l’enquête annuelle, multicentrique et transversale, OPPIDUM [2], réalisée auprès d’usagers de SPA vus dans des centres spécialisés, sur la période 2013–2022. Les sujets incarcérés ont été questionnés sur leur usage de SPA la semaine précédant leur incarcération. Deux groupes de sujets ont été comparés : ceux ayant déclaré un usage simple de SPA et ceux avec TLU.
Résultats
Au total, 2626 individus ont répondu à l’enquête, représentant 5352 substances. La comparaison des données usage simple/TLU a été réalisée chez 1142 participants (hommes 91,3 %) pour lesquels l’information était disponible, correspondant à 3674 produits, avec un âge moyen de 33,6 ± 8,9 ans. Les substances significativement (p < 0,001) plus fréquemment consommées dans le groupe TLU/usage simple sont le cannabis (30 %/6,5 %), la cocaïne/crack (16,3 %/3,3 %), les benzodiazépines (10,1 %/5,4 %) et l’héroïne (9,2 %/0,8 %) : sur la période, une stabilité des SPA impliquées dans les TLU est observée. Un traitement de substitution aux opioïdes (TSO) était présent dans 51,1 % des sujets pour la méthadone et 48,7 % pour la buprénorphine.
Plusieurs variables sont associées à un risque significativement augmenté de TLU : la consommation de tabac (OR : 2979 ; IC95 % : 1,5–5,8, p = 0,001), d’alcool (OR : 2,08 ; IC95 % : 1,5–2,7, p = 0,001), de SPA injectables (OR : 2805, IC95 % :1,6–4,9, p < 0,0001), l’acquisition illégale des SPA (OR : 13,8, IC95 % : 8,9–21,3, p < 0,0001) et une consommation quotidienne ou hebdomadaire par rapport à une consommation mensuelle (OR : 6,730, IC95 % : 4,7–9,7, p < 0,0001 et OR : 4,789, IC95 % : 3,2–6,9, p < 0,0001). À l’inverse, des variables ont été associées à un risque plus faible de TLU : suivre un protocole TSO (OR : 0,617, IC95 % : 0,475–0,802, p < 0,0001) et une antériorité plus faible de la consommation jours/semaines (OR : 0,251, IC95 % : 0,125–0,506, p < 0,0001) et mois/années (OR : 0,495, IC95 % : 0,34–0,72, p < 0,0001).
Conclusion
Ces résultats de soulignent l’importance de prendre en compte ces facteurs pour la prévention et la prise en charge des TLU chez les personnes incarcérées, en tenant compte des spécificités de cette population.
期刊介绍:
Thérapie is a peer-reviewed journal devoted to Clinical Pharmacology, Therapeutics, Pharmacokinetics, Pharmacovigilance, Addictovigilance, Social Pharmacology, Pharmacoepidemiology, Pharmacoeconomics and Evidence-Based-Medicine. Thérapie publishes in French or in English original articles, general reviews, letters to the editor reporting original findings, correspondence relating to articles or letters published in the Journal, short articles, editorials on up-to-date topics, Pharmacovigilance or Addictovigilance reports that follow the French "guidelines" concerning good practice in pharmacovigilance publications. The journal also publishes thematic issues on topical subject.
The journal is indexed in the main international data bases and notably in: Biosis Previews/Biological Abstracts, Embase/Excerpta Medica, Medline/Index Medicus, Science Citation Index.