S. Plavonil , T. El-Jammal , R. Jacquot , A. Bert , Y. Jamilloux , L. Kodjikian , P. Sève
{"title":"Efficacité et tolérance de l’hydroxychloroquine pour le traitement des uvéites associées à la sarcoïdose et des uvéites idiopathiques","authors":"S. Plavonil , T. El-Jammal , R. Jacquot , A. Bert , Y. Jamilloux , L. Kodjikian , P. Sève","doi":"10.1016/j.revmed.2024.04.377","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><p>L’uvéite est une maladie inflammatoire de l’œil menaçant le pronostic visuel avec 35 % des patients qui développent une déficience visuelle pouvant aller jusqu’à la cécité légale <span>[1]</span>. Le traitement des uvéites chroniques non infectieuses repose sur les stéroïdes par voie topique ou systémique, les immunosuppresseurs ou les biothérapies incluant les anti-TNFα. Cependant, en dépit de cet éventail thérapeutique, les effets secondaires et les rechutes demeurent fréquents <span>[2]</span>. Bert et al. ont récemment montré l’efficacité de l’hydroxychloroquine (HCQ) pour le traitement des uvéites antérieures et intermédiaires associées à la sarcoïdose à partir d’une cohorte de 27 patients <span>[3]</span>. Au cours de cette étude, nous avons évalué l’efficacité et la tolérance de l’HCQ à partir d’une cohorte plus grande de patients atteints d’uvéites associées à la sarcoïdose (UAS) suivis sur une plus longue période, ainsi que chez des patients atteints d’uvéite idiopathique (UI).</p></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><p>Cette étude monocentrique et rétrospective a été conduite à partir de patients atteints d’UAS et d’UI pris en charge au sein des services d’ophtalmologie et de médecine interne de mars 2003 à décembre 2022. Les critères d’exclusion étaient l’utilisation concomitante d’HCQ avec un immunosuppresseur et une durée de traitement par HCQ inférieure à 6 mois. Tous les patients ont bénéficié d’un bilan étiologique conforme aux recommandations issues de l’étude ULISSE. Pour être inclus, les patients devaient présenter une uvéite et répondre aux critères diagnostiques de sarcoïdose ATS/ERS/WASOG définis en 1999. En absence de preuve histologique, les critères d’Abad et al. ont été utilisés pour identifier les patients ayant une uvéite sarcoïdosique présumée ou probable. Le succès du traitement par HCQ était défini par : (1) un Tyndall cellulaire ≤<!--> <!-->0,5+, une inflammation vitréenne<!--> <!-->≤<!--> <!-->0,5+ et l’absence de lésion active rétinienne/choroïdienne ; (2) ≤<!--> <!-->5<!--> <!-->mg de prednisone orale par jour et<!--> <!-->≤<!--> <!-->2 gouttes de phosphate de dexaméthasone à 0,1 % (ou équivalent) par jour ; et (3) l’absence d’arrêt de l’HCQ pour effets secondaires. La rechute a été définie par une réactivation de l’inflammation oculaire nécessitant un changement de schéma thérapeutique (injection intraoculaire de corticoïdes, augmentation de la dose de corticostéroïdes ou changement d’agent d’épargne cortisonique). Le critère de jugement principal était le succès de l’HCQ à 6 et 12 mois et lors de la dernière visite. Les critères de jugement secondaires comprenaient le nombre de rechutes à 6 et 12 mois et à la dernière visite, le taux d’incidence des poussées, l’épargne cortisonique, l’effet sur l’acuité visuelle (logMAR) et la tolérance de l’HCQ.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Au total, 42 patients atteints d’UAS et 15 patients d’UI ont été inclus. Les patients étaient d’origine caucasienne dans 68 % des cas, et 54 % étaient des femmes. La panuvéite était le phénotype le plus fréquent (42 %). La durée moyenne de traitement par HCQ était de 24,5 [IQR, 17,3–46,5] mois chez les patients atteints d’UAS et de 31,0 [IQR, 16,5–40,0] mois chez les patients atteints d’UI. À la dernière visite, 55 % des patients du groupe UAS (dont 75 % et 100 % des sujets des sous-groupes antérieur et intermédiaire) et 40 % des patients du groupe UI (dont 100 % des sujets du sous-groupe antérieur) ont atteint le succès alors que 24 % des patients atteints d’UAS et 47 % des patients atteints d’UI ont rechuté. Le rapport de taux d’incidence de poussée était de 0,73 (<em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,143) chez les patients avec UAS et de 0,26 (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->0,001) chez les patients avec UI. 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Abstract
Introduction
L’uvéite est une maladie inflammatoire de l’œil menaçant le pronostic visuel avec 35 % des patients qui développent une déficience visuelle pouvant aller jusqu’à la cécité légale [1]. Le traitement des uvéites chroniques non infectieuses repose sur les stéroïdes par voie topique ou systémique, les immunosuppresseurs ou les biothérapies incluant les anti-TNFα. Cependant, en dépit de cet éventail thérapeutique, les effets secondaires et les rechutes demeurent fréquents [2]. Bert et al. ont récemment montré l’efficacité de l’hydroxychloroquine (HCQ) pour le traitement des uvéites antérieures et intermédiaires associées à la sarcoïdose à partir d’une cohorte de 27 patients [3]. Au cours de cette étude, nous avons évalué l’efficacité et la tolérance de l’HCQ à partir d’une cohorte plus grande de patients atteints d’uvéites associées à la sarcoïdose (UAS) suivis sur une plus longue période, ainsi que chez des patients atteints d’uvéite idiopathique (UI).
Patients et méthodes
Cette étude monocentrique et rétrospective a été conduite à partir de patients atteints d’UAS et d’UI pris en charge au sein des services d’ophtalmologie et de médecine interne de mars 2003 à décembre 2022. Les critères d’exclusion étaient l’utilisation concomitante d’HCQ avec un immunosuppresseur et une durée de traitement par HCQ inférieure à 6 mois. Tous les patients ont bénéficié d’un bilan étiologique conforme aux recommandations issues de l’étude ULISSE. Pour être inclus, les patients devaient présenter une uvéite et répondre aux critères diagnostiques de sarcoïdose ATS/ERS/WASOG définis en 1999. En absence de preuve histologique, les critères d’Abad et al. ont été utilisés pour identifier les patients ayant une uvéite sarcoïdosique présumée ou probable. Le succès du traitement par HCQ était défini par : (1) un Tyndall cellulaire ≤ 0,5+, une inflammation vitréenne ≤ 0,5+ et l’absence de lésion active rétinienne/choroïdienne ; (2) ≤ 5 mg de prednisone orale par jour et ≤ 2 gouttes de phosphate de dexaméthasone à 0,1 % (ou équivalent) par jour ; et (3) l’absence d’arrêt de l’HCQ pour effets secondaires. La rechute a été définie par une réactivation de l’inflammation oculaire nécessitant un changement de schéma thérapeutique (injection intraoculaire de corticoïdes, augmentation de la dose de corticostéroïdes ou changement d’agent d’épargne cortisonique). Le critère de jugement principal était le succès de l’HCQ à 6 et 12 mois et lors de la dernière visite. Les critères de jugement secondaires comprenaient le nombre de rechutes à 6 et 12 mois et à la dernière visite, le taux d’incidence des poussées, l’épargne cortisonique, l’effet sur l’acuité visuelle (logMAR) et la tolérance de l’HCQ.
Résultats
Au total, 42 patients atteints d’UAS et 15 patients d’UI ont été inclus. Les patients étaient d’origine caucasienne dans 68 % des cas, et 54 % étaient des femmes. La panuvéite était le phénotype le plus fréquent (42 %). La durée moyenne de traitement par HCQ était de 24,5 [IQR, 17,3–46,5] mois chez les patients atteints d’UAS et de 31,0 [IQR, 16,5–40,0] mois chez les patients atteints d’UI. À la dernière visite, 55 % des patients du groupe UAS (dont 75 % et 100 % des sujets des sous-groupes antérieur et intermédiaire) et 40 % des patients du groupe UI (dont 100 % des sujets du sous-groupe antérieur) ont atteint le succès alors que 24 % des patients atteints d’UAS et 47 % des patients atteints d’UI ont rechuté. Le rapport de taux d’incidence de poussée était de 0,73 (p = 0,143) chez les patients avec UAS et de 0,26 (p < 0,001) chez les patients avec UI. La dose médiane de prednisone a diminué dans les 2 groupes : 10 mg/j [IQR, 8,0–27,5] à 4 mg/j [IQR, 2,5–5,75] dans le groupe SAU et de 15,5 mg/j [IQR, 12,5–19,5] à 3,0 mg/j [IQR, 3,0–5,0] dans le groupe UI ; cette réduction était significative dans le groupe UAS (p = 0,002). L’acuité visuelle était stable dans les 2 groupes. Une maculopathie aux antipaludéens a été observée chez 5 % des patients du groupe UAS. À la fin de l’étude, 62 % des patients atteints d’UAS et 47 % de patients atteints d’UI étaient toujours traités par HCQ.
Conclusion
Cette étude suggère que l’HCQ est efficace pour contrôler l’inflammation oculaire, préserver l’acuité visuelle, et réduire la dose médiane de prednisone dans les UAS et les UI. Cette efficacité semble plus significative dans le traitement des uvéites antérieures et intermédiaires associées à la sarcoïdose, et les uvéites antérieures idiopathiques. Le profil de tolérance en termes de rétinopathie aux antimalariques semble favorable.