{"title":"Les Juifs allemands exilés aux États-Unis sous le national-socialisme : entre « normalisation » et affirmation identitaire","authors":"D. Azuélos","doi":"10.3917/all.247.0144","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"L’exil aux États-Unis de quelque 200 000 Juifs allemands fuyant le national-socialisme à partir de 1933 est à replacer dans le contexte des restrictions à l’immigration appliquées par ce pays à partir des années 1920, puis de la Grande dépression des années 1930. Rares sont ceux qui, à l’époque, pouvaient imaginer l’apport que ces exilés pourraient avoir au développement de leur pays d’accueil dans les décennies futures. Cette diaspora, qui présentait une structure socio-professionnelle conforme à celle de la petite et moyenne bourgeoisie allemande, fut confrontée à son arrivée aux États-Unis à une situation de déclassement sans précédent pour une communauté habituée depuis le milieu du XIX e siècle à gravir avec succès les marches d’une spirale sociale ascendante. Pour y faire face elle sembla vouloir, pendant un temps, adapter son habitus social à celui de la garde montante judéo-américaine issue de l’Europe de l’Est. Mais elle finit par renouer avec la tradition bourgeoise libérale que ses ancêtres avaient déjà inaugurée au siècle précédent. De fait, si l’intégration à la société américaine des exilés de la première génération fut souvent difficile, celle de leurs enfants fut une réussite, en partie grâce à leur héritage judéo-allemand dont ils avaient voulu malgré tout s’affranchir. Après guerre, peu firent le choix d’Israël et le rejet de l’Allemagne était si fort que rares furent ceux qui osaient exprimer l’idée de rémigration.","PeriodicalId":502383,"journal":{"name":"Allemagne d'aujourd'hui","volume":"116 5‐6","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2024-02-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Allemagne d'aujourd'hui","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3917/all.247.0144","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
L’exil aux États-Unis de quelque 200 000 Juifs allemands fuyant le national-socialisme à partir de 1933 est à replacer dans le contexte des restrictions à l’immigration appliquées par ce pays à partir des années 1920, puis de la Grande dépression des années 1930. Rares sont ceux qui, à l’époque, pouvaient imaginer l’apport que ces exilés pourraient avoir au développement de leur pays d’accueil dans les décennies futures. Cette diaspora, qui présentait une structure socio-professionnelle conforme à celle de la petite et moyenne bourgeoisie allemande, fut confrontée à son arrivée aux États-Unis à une situation de déclassement sans précédent pour une communauté habituée depuis le milieu du XIX e siècle à gravir avec succès les marches d’une spirale sociale ascendante. Pour y faire face elle sembla vouloir, pendant un temps, adapter son habitus social à celui de la garde montante judéo-américaine issue de l’Europe de l’Est. Mais elle finit par renouer avec la tradition bourgeoise libérale que ses ancêtres avaient déjà inaugurée au siècle précédent. De fait, si l’intégration à la société américaine des exilés de la première génération fut souvent difficile, celle de leurs enfants fut une réussite, en partie grâce à leur héritage judéo-allemand dont ils avaient voulu malgré tout s’affranchir. Après guerre, peu firent le choix d’Israël et le rejet de l’Allemagne était si fort que rares furent ceux qui osaient exprimer l’idée de rémigration.