{"title":"First King Lear at the Comédie-Française: Jean‑François Ducis’s Le roi Léar (1783)","authors":"Isabelle Schwartz-Gastine","doi":"10.35562/rma.99","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Le premier grand dramaturge français qui s’est emparé de Shakespeare de façon mémorable est Jean‑François Ducis (1732‑1817), membre de l’Académie Française, écrivain adulé en son temps et dont la renommée s’est étendue dans toute l’Europe, tant en français qu’en traduction. Lorsqu’il fait jouer Le Roi Léar à la Comédie-Française en 1783, il est au faîte de sa gloire. Son texte, écrit en alexandrins à la rime classique, est porté à la scène par le grand acteur Brizard qui émeut les spectateurs jusqu’aux larmes par l’intensité de ses sentiments.Ducis, inspiré par le Théâtre Anglois de Pierre-Antoine de La Place (1746) pour ses deux premiers « Shakespeare » (Hamlet et Roméo et Juliette), se tourne vers la traduction de Pierre Le Tourneur (1737‑1788) pour son Roi Léar (volume 5 paru en 1779), traduction intégrale en prose, fidèle aux textes originaux. Cependant, Ducis s’écarte de la trame shakespearienne pour adapter Shakespeare au goût et aux principes dramaturgiques de son époque, convaincu, avec ses innombrables admirateurs, qu’il améliore l’original et fait œuvre personnelle. Ainsi, au dénouement, le roi Léar recouvre sa raison parmi ses larmes et marie sa plus jeune fille Helmonde à Edgar.Cet article s’appliquera à montrer l’importance des sources utilisées par Ducis et son désir d’offrir à ses spectateurs et lecteurs une version de l’œuvre de Shakespeare conforme à leurs attentes. Mais on observera les indices qui laissent poindre une approche plus sensible du théâtre, ouvrant la voie à une inflexion pré‑romantique.","PeriodicalId":503702,"journal":{"name":"King Lear : une œuvre inter- et pluri-médiale","volume":"292 ","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-12-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"King Lear : une œuvre inter- et pluri-médiale","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.35562/rma.99","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Le premier grand dramaturge français qui s’est emparé de Shakespeare de façon mémorable est Jean‑François Ducis (1732‑1817), membre de l’Académie Française, écrivain adulé en son temps et dont la renommée s’est étendue dans toute l’Europe, tant en français qu’en traduction. Lorsqu’il fait jouer Le Roi Léar à la Comédie-Française en 1783, il est au faîte de sa gloire. Son texte, écrit en alexandrins à la rime classique, est porté à la scène par le grand acteur Brizard qui émeut les spectateurs jusqu’aux larmes par l’intensité de ses sentiments.Ducis, inspiré par le Théâtre Anglois de Pierre-Antoine de La Place (1746) pour ses deux premiers « Shakespeare » (Hamlet et Roméo et Juliette), se tourne vers la traduction de Pierre Le Tourneur (1737‑1788) pour son Roi Léar (volume 5 paru en 1779), traduction intégrale en prose, fidèle aux textes originaux. Cependant, Ducis s’écarte de la trame shakespearienne pour adapter Shakespeare au goût et aux principes dramaturgiques de son époque, convaincu, avec ses innombrables admirateurs, qu’il améliore l’original et fait œuvre personnelle. Ainsi, au dénouement, le roi Léar recouvre sa raison parmi ses larmes et marie sa plus jeune fille Helmonde à Edgar.Cet article s’appliquera à montrer l’importance des sources utilisées par Ducis et son désir d’offrir à ses spectateurs et lecteurs une version de l’œuvre de Shakespeare conforme à leurs attentes. Mais on observera les indices qui laissent poindre une approche plus sensible du théâtre, ouvrant la voie à une inflexion pré‑romantique.