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Abstract
Dès le début des années 1990, les assemblées européennes ont été investies par de nouveaux élus exigeant que le Conseil de l’Europe et l’Union européenne intègrent les violences politiques de la période socialiste dans leur récit historique officiel et adoptent des mesures juridiques, voire judiciaires, pour en gérer les héritages. Ces entrepreneurs de mémoire anticommunistes, pour la plupart des conservateurs issus d’États centre-européens, ont remodelé la politique mémorielle européenne à partir d’espaces sociaux interconnectés – institutions européennes, partis politiques paneuropéens et réseaux militants transnationaux. L’approche biographique met en lumière les logiques de spécialisation et de professionnalisation de ces néophytes, qui leur ont permis de redéfinir un récit historique auparavant centré sur la singularité de la Shoah. Mais les entrepreneurs de mémoire ont été confrontés à deux séries de contraintes, liées respectivement aux règles du jeu politique européen et au poids des normes mémorielles ouest-européennes, qui éclairent le demi-succès de leurs mobilisations dans les arènes institutionnelles européennes. Aucune de leurs revendications reposant sur le droit n’a abouti, tandis que leur critique du communisme s’est trouvée englobée dans une condamnation générale des dictatures passées et un hommage indifférencié à leurs victimes. La consécration d’un discours antitotalitaire, associée à l’affirmation du double héritage victimaire de l’Europe centrale, a cependant redynamisé la cause anticommuniste dans l’Europe de l’après-guerre froide.
期刊介绍:
Créée en 1998 et adossée au Centre d’études et de recherches internationales, Critique internationale est une revue pluridisciplinaire. Son comité de rédaction comprend des chercheurs issus de la science politique, de l’histoire, de la sociologie, de l’anthropologie, de l’économie, de la démographie, de la philosophie et du droit. Critique internationale publie des articles– inédits et non soumis parallèlement à une autre revue – qui ont pour vocation de contribuer à l’analyse des relations internationales et des dynamiques politiques, économiques et sociales à l’œuvre dans les pays autres que la France.