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Abstract
« L’article se propose d’analyser l’exploitation musicale et théorique d’une figure sonore empruntée au rock et à certaines de ces sonorités, celle de l’« excès », par les compositeurs saturationnistes. Il montre l’ambiguïté de cette référence, l’emprunt d’une notion issue de la musique populaire phonographique conduisant, non à une remise en question de la séparation savant / populaire, comme on aurait pu le penser, mais au contraire au renforcement de cette séparation. Après être revenu sur les caractéristiques de la musique saturationniste telles qu’elles sont définies par les compositeurs qui s’en sont réclamés dans les années 2000-2010 (Franck Bedrossian, Raphaël Cendo, Yann Robin), l’auteur montre qu’elles ont surtout pour fonction de mettre à distance toute référence au rock au profit d’un travail sur le timbre, s’inscrivant dans une histoire du bruit et plus largement dans la tradition savante. Ce faisant, est ignorée la manière spécifique dont l’excès est mis en œuvre dans le rock, dont sont donnés quelques traits fondamentaux, concernant aussi bien les sonorités de son instrumentarium que son fonctionnement par plateaux d’intensité. En dernière analyse, l’auteur montre comment la notion d’« excès », en tant qu’elle constitue chez les saturationnistes un principe d’écriture musicale, ne permet pas, comme on pourrait le croire au premier abord, une remise en question des normes esthético-historiques définissant le savant, mais travaille au maintien de la hiérarchie savant / populaire, interdisant de ce fait de comprendre le savoir tacite qui se déploie dans le populaire, ici plus précisément la musique rock. »