{"title":"Cyprien Godebski et sa position inter-nationale à Paris à l’époque de Gautier et de ... Bourdelle","authors":"Andrzej Pieńkos","doi":"10.24425/rhs.2019.131202","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"En 1908 Emile-Antoine Bourdelle, de plus en plus célèbre, accepte définitivement l’invitation des cercles polonais à Paris et commence à esquisser son oeuvre majeure, le monument du poète national Adam Mickiewicz. Pour le consulter il pouvait – hélas, rien ne le prouve cependant! – s’adresser au sculpteur polonais le plus connu en France, Cyprian Godebski, auteur du monument grandiose du poète, inauguré dix ans auparavant à Varsovie. Godebski, de moins en moins célèbre, venait juste de signaler son adieu avec le monde parisien en terminant un petit – mais signifiant – monument funéraire de l’artiste belge, fameux jadis à Londres et parisien par excellence, Constantin Guys. «Monsieur G.» de chez Charles Baudelaire mourait abandonné dans une maison de santé à Paris en 1892 mais c’est son tombeau tardif par Godebski qui signalait la conclusion définitive du siècle de l’auteur du Peintre de la vie moderne. En 1909 Bourdelle voyageait vers Varsovie pour prendre part au jury du concours choisissant les projets du monument futur de Chopin1. Le Mickiewicz par Godebski, bien visible au centre de la ville, lui devait paraitre caricatural, personnifiant l’art conventionnel et trop éloquent du siècle précédent. La même année, Godebski disparut à Paris, oublié vite, en représentant de l’époque déjà bien passée. Un nécrologue anonyme, paru dans le «Bulletin Polonais» à Paris le 15 février de l’année suivante, le saluait ainsi: «Le 25 novembre est mort à Paris à l’âge de 75 ans notre camarade le statuaire Cyprien Godebski. Petit-fils du poète-soldat mort glorieusement à Raszyn [près de Varsovie] et fils de Xavier Godebski, littérateur de mérite qui fut professeur de littérature à l’Ecole polonaise et membre de son conseil d’administration, Cyprien Godebski était né à Méry-sur-Cher en 1835. Il fit ses études à l’Ecole des Batignolles (1846–1854), pour laquelle il composa ses premiers essais (1854), les bustes de Czacki et de Konarski, qui décorent encore la façade de l’établissement». Né et mort en France, il croisait toute l’Europe en voyageant et dispersant son oeuvre non seulement dans ses deux patries. Quel était donc le rôle de Paris dans la vie et la création de ce personnage hors de commun? Ce Paris, qui d’après les mots d’un autre grand Polonais de la colonie en France, Antoni Potocki, «est le fondament classique de toute notre activité. Toutes les traditions de notre art s’y accrochèrent»2. «’Il a décidé de réaliser ses rêves de jadis et vivre à Paris, ce foyer d’art le plus célèbre au monde’. Cette phrase si banale reflète les rêves, d’ailleurs parfaitement réalisés, d’un des sculpteurs polonais les plus éminents du siècle dernier – Cyprian Godebski. Or, la relation entre ce «foyer d’art» et les artistes étrangers qui y arrivaient du monde entier était très complexe et cette complexité est loin d’être explorée","PeriodicalId":165428,"journal":{"name":"Rocznik Historii Sztuki","volume":"49 5","pages":""},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-12-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Rocznik Historii Sztuki","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.24425/rhs.2019.131202","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
En 1908 Emile-Antoine Bourdelle, de plus en plus célèbre, accepte définitivement l’invitation des cercles polonais à Paris et commence à esquisser son oeuvre majeure, le monument du poète national Adam Mickiewicz. Pour le consulter il pouvait – hélas, rien ne le prouve cependant! – s’adresser au sculpteur polonais le plus connu en France, Cyprian Godebski, auteur du monument grandiose du poète, inauguré dix ans auparavant à Varsovie. Godebski, de moins en moins célèbre, venait juste de signaler son adieu avec le monde parisien en terminant un petit – mais signifiant – monument funéraire de l’artiste belge, fameux jadis à Londres et parisien par excellence, Constantin Guys. «Monsieur G.» de chez Charles Baudelaire mourait abandonné dans une maison de santé à Paris en 1892 mais c’est son tombeau tardif par Godebski qui signalait la conclusion définitive du siècle de l’auteur du Peintre de la vie moderne. En 1909 Bourdelle voyageait vers Varsovie pour prendre part au jury du concours choisissant les projets du monument futur de Chopin1. Le Mickiewicz par Godebski, bien visible au centre de la ville, lui devait paraitre caricatural, personnifiant l’art conventionnel et trop éloquent du siècle précédent. La même année, Godebski disparut à Paris, oublié vite, en représentant de l’époque déjà bien passée. Un nécrologue anonyme, paru dans le «Bulletin Polonais» à Paris le 15 février de l’année suivante, le saluait ainsi: «Le 25 novembre est mort à Paris à l’âge de 75 ans notre camarade le statuaire Cyprien Godebski. Petit-fils du poète-soldat mort glorieusement à Raszyn [près de Varsovie] et fils de Xavier Godebski, littérateur de mérite qui fut professeur de littérature à l’Ecole polonaise et membre de son conseil d’administration, Cyprien Godebski était né à Méry-sur-Cher en 1835. Il fit ses études à l’Ecole des Batignolles (1846–1854), pour laquelle il composa ses premiers essais (1854), les bustes de Czacki et de Konarski, qui décorent encore la façade de l’établissement». Né et mort en France, il croisait toute l’Europe en voyageant et dispersant son oeuvre non seulement dans ses deux patries. Quel était donc le rôle de Paris dans la vie et la création de ce personnage hors de commun? Ce Paris, qui d’après les mots d’un autre grand Polonais de la colonie en France, Antoni Potocki, «est le fondament classique de toute notre activité. Toutes les traditions de notre art s’y accrochèrent»2. «’Il a décidé de réaliser ses rêves de jadis et vivre à Paris, ce foyer d’art le plus célèbre au monde’. Cette phrase si banale reflète les rêves, d’ailleurs parfaitement réalisés, d’un des sculpteurs polonais les plus éminents du siècle dernier – Cyprian Godebski. Or, la relation entre ce «foyer d’art» et les artistes étrangers qui y arrivaient du monde entier était très complexe et cette complexité est loin d’être explorée