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Abstract
Dans le contexte post-MeToo, le consentement sexuel a pris de l’importance dans les débats publics et apparaît dans des discours dénonçant les violences sexuelles et véhiculant un nouveau modèle de « bonne » sexualité égalitaire. À partir d’une enquête par entretiens biographiques menée auprès de femmes hétérosexuelles âgées de 18 à 65 ans et issues de différents milieux sociaux, cet article s’intéresse au changement normatif en matière de sexualité qui s’opère, au niveau individuel. Il examine les conditions par lesquelles les femmes sont amenées à substituer à leurs représentations biologiques et différentialistes de la sexualité, forgées lors de leurs premières socialisations, de nouvelles grilles de lecture constructiviste influencées par les savoirs féministes et thérapeutiques. Après la présentation de quatre portraits d’enquêtées, l’analyse met en évidence le rôle de trois facteurs sociaux intervenant dans le changement de référentiel normatif : l’expérience de chocs émotionnels rendant visibles les violences symboliques subies, l’attribution de légitimité aux discours porteurs des nouvelles représentations et la disponibilité biographique rendue possible par certaines configurations relationnelles. L’article montre ainsi que la classe sociale n’est pas le principal déterminant de la transformation des visions individuelles de la « bonne » sexualité depuis MeToo.