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Abstract
La douceur éthérée de sa voix, immédiatement reconnaissable, contraste avec la détermination qu’exprime Blick Bassy à repenser l’Afrique. Élevé dans la capitale du Cameroun, mais aussi initié aux rythmes et traditions du pays bassa, l’auteur et musicien œuvre à faire advenir une Afrique nouvelle, dégagée du mimétisme colonial, en phase avec ses racines culturelles profondes comme avec le futur. Après avoir franchi les paliers du succès africain avec le groupe Macase, de 1996 à 2005, Blick Bassy s’est affirmé sur la scène internationale sous son seul nom. En cette année 2023, alors qu’en mai paraît son cinquième album, Madiba (« l’eau » en douala), réalisé en France où il réside depuis 2007, Blick Bassy entreprend la mission que lui a confiée le président de la République Emmanuel Macron au sein de la commission Mémoire sur la guerre d’indépendance au Cameroun. C’est la reconnaissance du superbe travail entrepris par le chanteur pour son précédent album, 1958, qui saluait la mémoire de Ruben Um Nyobè. Cet homme politique, leader de l’Union populaire camerounaise (UPC), fut parmi les premiers à revendiquer l’indépendance de son pays du temps de la colonie française. Adepte de l’action pacifique, mettant en avant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui figure dans la Charte des Nations unies, il fut néanmoins liquidé en forêt par des soldats français, le 13 septembre 1958, après avoir dû se résoudre à prendre le maquis. Il est dès lors interdit d’évoquer la mémoire d’Um Nyobè au Cameroun, jusqu’à sa réhabilitation en décembre 1992. En France, l’historien, enseignant et politologue camerounais Achille Mbembe fit toutefois publier ses écrits dès 1985.