{"title":"La valeur des choses","authors":"C LAPORTE","doi":"10.56746/exercer.2023.196.399","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"En mathématiques, la valeur absolue, appelée aussi mesure, d’un nombre réel est sa valeur numérique brute. Et c’est un fait : la France n’a jamais formé autant de médecins qu’à l’aune de cette rentrée universitaire 2023. 9 500 étudiants viennent d’embrasser leur spécialité, près de 3 900 en médecine générale. Ils étaient moins de 4 000 en 1990. Cette donnée factuelle peut paraître discordante avec le ressenti territorial, la démographie médicale criant au désert ; le ressenti des généralistes, qui ne se sont jamais sentis aussi peu nombreux, voire seuls ; le ressenti de nos étudiants, inquiets pour leur formation ; le ressenti des enseignants, capitaines dont le bateau est aussi bousculé que les marins à bord ; et surtout le ressenti des patients appelant de leurs voeux un médecin traitant. Et pourtant, le ratio, lui, n’a que peu changé depuis 1961. White modélisait alors un système de soins américain, nous permettant d’invoquer de manière un peu messianique qu’en moyenne par mois, sur 1 000 patients exposés à un problème de santé, 250 ont vu un généraliste, 9 ont été hospitalisés, et 1 hospitalisé dans un CHU1. Cet équilibre a résisté 60 ans et traversé les frontières et les systèmes de soins puisque tous les pays font le même constat2. Alors que faire dire à cette dernière version française (figure) qui montre à l’instant que notre pays n’est pas une exception ?3 Que veulent dire ces valeurs ? En termes d’exercice, ce ratio justifie amplement le choix de former 40 % de généralistes sur la totalité des médecins dans notre pays. En termes de recherche, que par de là les chiffres et les ressentis, c’est de données dont nous avons besoin. Le projet P4DP propose pour la première fois un dispositif pérenne et financé qui va permettre le recueil de données en pratique dite de routine de médecine générale. En termes de pédagogie, l’effectif formé, les responsabilités qu’a cet effectif justifient une formation d’excellence en quantité et en qualité. OEuvrons donc tous ensemble pour que cette 4e année de DES de médecine générale porte la phase de consolidation des compétences des futurs médecins. Toutes les idées, dispositifs pédagogiques innovants et ressources humaines vont être nécessaires pour cela. En termes sanitaires : nous devons offrir à nos patients des généralistes en nombre suffisant et bien formés. Aucune économie ne peut être faite sur ces 2 axiomes de base. C’est vrai pour tous les professionnels de santé, médicaux, paramédicaux et sociaux qu’ils vont rencontrer pendant leur parcours de soin. L’expression « ville – hôpital » est également utilisée comme une « rengaine », et toujours centrée sur les institutions. Mais c’est bien d’interface entre les intervenants du patient qui doit être une réalité : les patients doivent pouvoir passer d’un carré à l’autre dans la plus grande fluidité et sans perte de chance pour leur santé. Alors est-ce que ce n’est pas le moment ? Vu les enjeux, les carrés et les valeurs absolues ? De se poser la question : c’est quoi un médecin généraliste en 2023 ? Ce n’est pas un conseil qu’on a l’habitude de donner, mais je le fais : quittez vos cabinets du 28 novembre au 1er décembre pour venir au congrès du CNGE à Lyon. Ce sera une plus-value estimable dès votre retour auprès de vos patients en consultation. Tous ces aspects seront abordés lors des plénières, tables rondes ou en session de communications, avec un temps toujours plus grand pour les professionnels de santé non médicaux et pour les patients, avec un temps toujours plus large pour les moments d’échanges.","PeriodicalId":43847,"journal":{"name":"Exercer-La Revue Francophone de Medecine Generale","volume":"32 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.2000,"publicationDate":"2023-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Exercer-La Revue Francophone de Medecine Generale","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.56746/exercer.2023.196.399","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"MEDICINE, GENERAL & INTERNAL","Score":null,"Total":0}
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Abstract
En mathématiques, la valeur absolue, appelée aussi mesure, d’un nombre réel est sa valeur numérique brute. Et c’est un fait : la France n’a jamais formé autant de médecins qu’à l’aune de cette rentrée universitaire 2023. 9 500 étudiants viennent d’embrasser leur spécialité, près de 3 900 en médecine générale. Ils étaient moins de 4 000 en 1990. Cette donnée factuelle peut paraître discordante avec le ressenti territorial, la démographie médicale criant au désert ; le ressenti des généralistes, qui ne se sont jamais sentis aussi peu nombreux, voire seuls ; le ressenti de nos étudiants, inquiets pour leur formation ; le ressenti des enseignants, capitaines dont le bateau est aussi bousculé que les marins à bord ; et surtout le ressenti des patients appelant de leurs voeux un médecin traitant. Et pourtant, le ratio, lui, n’a que peu changé depuis 1961. White modélisait alors un système de soins américain, nous permettant d’invoquer de manière un peu messianique qu’en moyenne par mois, sur 1 000 patients exposés à un problème de santé, 250 ont vu un généraliste, 9 ont été hospitalisés, et 1 hospitalisé dans un CHU1. Cet équilibre a résisté 60 ans et traversé les frontières et les systèmes de soins puisque tous les pays font le même constat2. Alors que faire dire à cette dernière version française (figure) qui montre à l’instant que notre pays n’est pas une exception ?3 Que veulent dire ces valeurs ? En termes d’exercice, ce ratio justifie amplement le choix de former 40 % de généralistes sur la totalité des médecins dans notre pays. En termes de recherche, que par de là les chiffres et les ressentis, c’est de données dont nous avons besoin. Le projet P4DP propose pour la première fois un dispositif pérenne et financé qui va permettre le recueil de données en pratique dite de routine de médecine générale. En termes de pédagogie, l’effectif formé, les responsabilités qu’a cet effectif justifient une formation d’excellence en quantité et en qualité. OEuvrons donc tous ensemble pour que cette 4e année de DES de médecine générale porte la phase de consolidation des compétences des futurs médecins. Toutes les idées, dispositifs pédagogiques innovants et ressources humaines vont être nécessaires pour cela. En termes sanitaires : nous devons offrir à nos patients des généralistes en nombre suffisant et bien formés. Aucune économie ne peut être faite sur ces 2 axiomes de base. C’est vrai pour tous les professionnels de santé, médicaux, paramédicaux et sociaux qu’ils vont rencontrer pendant leur parcours de soin. L’expression « ville – hôpital » est également utilisée comme une « rengaine », et toujours centrée sur les institutions. Mais c’est bien d’interface entre les intervenants du patient qui doit être une réalité : les patients doivent pouvoir passer d’un carré à l’autre dans la plus grande fluidité et sans perte de chance pour leur santé. Alors est-ce que ce n’est pas le moment ? Vu les enjeux, les carrés et les valeurs absolues ? De se poser la question : c’est quoi un médecin généraliste en 2023 ? Ce n’est pas un conseil qu’on a l’habitude de donner, mais je le fais : quittez vos cabinets du 28 novembre au 1er décembre pour venir au congrès du CNGE à Lyon. Ce sera une plus-value estimable dès votre retour auprès de vos patients en consultation. Tous ces aspects seront abordés lors des plénières, tables rondes ou en session de communications, avec un temps toujours plus grand pour les professionnels de santé non médicaux et pour les patients, avec un temps toujours plus large pour les moments d’échanges.