{"title":"Temporalites corporelles : un contre-pouvoir ?","authors":"Mélissa Bertrand","doi":"10.46522/ct.2023.s1.11","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Loin du désir de rendre le corps toujours plus efficace, certains artistes reviennent sur la vulnérabilité et la contingence du corps. Ils mettent l’accent sur la rencontre du corps avec les matières premières et bousculent les impératifs de la performance. J’analyserai trois types de temporalités « dissidentes » calquées sur le corps de l’artiste. Premièrement, la temporalité de l’échec. Dans P.P.P., Phia Ménard jongle avec des boules de glace. Ce matériau « non jonglable » fait écho à un corps transgenre, en pleine transition sexuelle, et donc en dehors des normes de genre dominantes. La temporalité est saccadée, incertaine et parfois répétitive. La deuxième temporalité que j’analyserai est la vitesse extrême dans Feu inextinguible de Cassils. L’artiste utilise des techniques de cascades pour s’immoler sur scène pendant quatorze secondes. La performance vise à dénoncer le traitement superficiel de la violence dans les médias. La troisième temporalité est l’extrême lenteur. Je donnerai l’exemple de Tiresias, de Cassils, où l’artiste transgenre et non binaire appuie son buste nu contre un torse de glace pendant quatre heures. Un second exemple sera celui de Whitewashing où Rébecca Chaillon lave son corps noir à l’eau de Javel pour dénoncer le racisme systémique. Une transformation du corps s’opère, même si celle-ci reste imperceptible pendant la représentation.","PeriodicalId":475910,"journal":{"name":"Cercetări teatrale","volume":"27 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Cercetări teatrale","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.46522/ct.2023.s1.11","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
Loin du désir de rendre le corps toujours plus efficace, certains artistes reviennent sur la vulnérabilité et la contingence du corps. Ils mettent l’accent sur la rencontre du corps avec les matières premières et bousculent les impératifs de la performance. J’analyserai trois types de temporalités « dissidentes » calquées sur le corps de l’artiste. Premièrement, la temporalité de l’échec. Dans P.P.P., Phia Ménard jongle avec des boules de glace. Ce matériau « non jonglable » fait écho à un corps transgenre, en pleine transition sexuelle, et donc en dehors des normes de genre dominantes. La temporalité est saccadée, incertaine et parfois répétitive. La deuxième temporalité que j’analyserai est la vitesse extrême dans Feu inextinguible de Cassils. L’artiste utilise des techniques de cascades pour s’immoler sur scène pendant quatorze secondes. La performance vise à dénoncer le traitement superficiel de la violence dans les médias. La troisième temporalité est l’extrême lenteur. Je donnerai l’exemple de Tiresias, de Cassils, où l’artiste transgenre et non binaire appuie son buste nu contre un torse de glace pendant quatre heures. Un second exemple sera celui de Whitewashing où Rébecca Chaillon lave son corps noir à l’eau de Javel pour dénoncer le racisme systémique. Une transformation du corps s’opère, même si celle-ci reste imperceptible pendant la représentation.