{"title":"La « complotite », ses parodies et ses critiques : de la (mauvaise) lecture paranoïaque à l’éloge de la fiction","authors":"Loïse Lelevé","doi":"10.4000/elfe.5388","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Les fictions qui mettent en scène des conspirations sont parfois amenées à développer une réflexion sur les pouvoirs du récit et ce qui les distingue, éthiquement et épistémiquement, des « théories » associées aux complots qu’elles représentent. Cette réflexion peut se fonder sur une exacerbation fictive du pouvoir du récit, auquel sont conférées des propriétés performatives voire démiurgiques. Notre visée est dès lors de confronter les (pseudo) propriétés démiurgiques de la fiction aux prétentions performatives des « théories du complot », à partir de deux séries de textes littéraires : dans la première, des lecteurs, ceux de « 53 jours » de G. Perec ou de La Réfutation majeure de P. Senges, choisissent de « mal » lire des récits référentiels ou fictionnels en les percevant comme des récits complotistes pour concrétiser leurs désirs ou leurs angoisses. Dans la seconde, des écrivains recourent à des techniques empruntées au storytelling pour créer, de toutes pièces, de nouveaux faits : on comparera les effets démiurgiques postulés d’un côté par les Falsificateurs d’A. Bello, dont les faussaires éponymes prétendent faire naître ex nihilo des civilisations entières par la seule force de leurs « scénarios », et de l’autre par le diptyque que forment deux récits italiens : Q de Luther Blissett, et La Q di Qomplotto de Wu Ming 1. L’auteur y revient sur le phénomène QAnon, dont les structures ressemblent étrangement au complot décrit vingt ans auparavant dans Q. L’ensemble de ce parcours aboutit à défendre l’idée que la polysémie énonciative de la fiction contemporaine du complot et son ambiguïté herméneutique permettent la production de récits ouverts, incitant le lecteur à négocier prudemment sa propre interprétation textuelle, par opposition aux récits fermés du « complotisme » ou du debunking.","PeriodicalId":160919,"journal":{"name":"ELFe XX-XXI","volume":"32 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-09-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"ELFe XX-XXI","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/elfe.5388","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Les fictions qui mettent en scène des conspirations sont parfois amenées à développer une réflexion sur les pouvoirs du récit et ce qui les distingue, éthiquement et épistémiquement, des « théories » associées aux complots qu’elles représentent. Cette réflexion peut se fonder sur une exacerbation fictive du pouvoir du récit, auquel sont conférées des propriétés performatives voire démiurgiques. Notre visée est dès lors de confronter les (pseudo) propriétés démiurgiques de la fiction aux prétentions performatives des « théories du complot », à partir de deux séries de textes littéraires : dans la première, des lecteurs, ceux de « 53 jours » de G. Perec ou de La Réfutation majeure de P. Senges, choisissent de « mal » lire des récits référentiels ou fictionnels en les percevant comme des récits complotistes pour concrétiser leurs désirs ou leurs angoisses. Dans la seconde, des écrivains recourent à des techniques empruntées au storytelling pour créer, de toutes pièces, de nouveaux faits : on comparera les effets démiurgiques postulés d’un côté par les Falsificateurs d’A. Bello, dont les faussaires éponymes prétendent faire naître ex nihilo des civilisations entières par la seule force de leurs « scénarios », et de l’autre par le diptyque que forment deux récits italiens : Q de Luther Blissett, et La Q di Qomplotto de Wu Ming 1. L’auteur y revient sur le phénomène QAnon, dont les structures ressemblent étrangement au complot décrit vingt ans auparavant dans Q. L’ensemble de ce parcours aboutit à défendre l’idée que la polysémie énonciative de la fiction contemporaine du complot et son ambiguïté herméneutique permettent la production de récits ouverts, incitant le lecteur à négocier prudemment sa propre interprétation textuelle, par opposition aux récits fermés du « complotisme » ou du debunking.
阴谋小说有时会引发对叙事力量的反思,以及在伦理和认识论上是什么将它们与与它们所代表的阴谋相关的“理论”区分开来。这种反思可以建立在叙事力量的虚构加剧的基础上,叙事赋予了表演甚至揭秘的属性。我们所指的是,一旦面对(网名)属性为démiurgiques小说«»的阴谋论的说法performatives两轮起,文学文本中:第一、读者与«»53天g。p Senges实现者Perec或重大的,选择读错«»的基准值或领取的相干,作为叙事的阴谋故事,实现自己的愿望或焦虑。在第二篇文章中,作者们使用从讲故事中借来的技巧来创造新的事实:我们将比较a伪造者所假定的揭穿神话的效果。贝罗,他的名字的伪造者声称,通过他们的“剧本”的力量,从无中生有地创造了整个文明,另一个是由两个意大利故事组成的双联画:路德·布利塞特的Q和吴明的Q di Qomplotto。作者那里回来QAnon现象,其中20年前的样子奇怪的阴谋所描述的结构中q这整个旅程导致辩护认为多义词的阴谋活动的当代小说,其模糊性诠释学能够生产开放的故事,激励读者自己谨慎谈判文本解释,与叙事相对封闭的«complotisme»debunking或。