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Abstract
La présente contribution étudie les interactions entre les mouvements féministes bourgeois et ouvriers allemands de la seconde moitié du xixe siècle. Elle interroge les rapports des féministes allemandes avec la révolution, considérée comme origine du mouvement féministe ou comme moyen de transformer la société. Faites d’un mélange d’attirance et de rejet, les relations entre féministes allemandes et révolutions ou idéologies révolutionnaires lors du « long xixe siècle » étaient contraintes par des facteurs, politiques, stratégiques et idéologiques. Les Allemandes ayant participé aux révolutions 1848-1849 ont essuyé un sévère retour de bâton, avec l’adoption de lois qui visaient explicitement à tenir les femmes éloignées de la sphère publique. De plus, la loi d’exception contre la social-démocratie (1878) interdisait ce parti et ses idées. Face à ces contraintes politiques, la stratégie des féministes bourgeoises consistait à afficher le caractère prétendument inoffensif de leurs activités ; la plupart se tenaient également à l’écart des associations d’ouvrières, laissant un fossé se creuser entre les femmes de milieux différents. Les féministes « radicales », qui se situaient à mi-chemin entre le mouvement féministe bourgeois et l’aile féministe de la social-démocratie, ont cependant déployé une politique sociale et leurs leaders se sont sensiblement rapprochées du socialisme – sans toutefois s’encarter – lors de la révolution de 1918-1919.