Les sources politiques d’une crise économique. L’hyperinflation au Venezuela

IF 0.3 0 HUMANITIES, MULTIDISCIPLINARY
Andrés Zambrano
{"title":"Les sources politiques d’une crise économique. L’hyperinflation au Venezuela","authors":"Andrés Zambrano","doi":"10.1080/08263663.2023.2254992","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"RÉSUMÉDepuis 2016, un processus hyperinflationniste s’est mis en évidence au Venezuela. L’objectif de ce texte est d’expliquer le fondement politique de cette crise. Les vicissitudes du bolivar, la monnaie vénézuélienne, sont décrites à partir de séries statistiques et d’une chronologie des événements politiques qui ont permis la reconstitution de deux événements clés : (1) l’établissement d’un contrôle des changes devenu mécanisme de contrôle politique, et (2) l’intervention systématique de l’État pour fragiliser le secteur privé de l’économie. L’analyse des données a mis en évidence l’instrumentalisation partisane du contrôle des changes et le processus d’anéantissement de la propriété privée comme institution, conduit à une explication nonéconomique de l’effondrement de la monnaie vénézuélienne. C’est la perte de la confiance politique qui explique pourquoi personne ne croit plus au système monétaire de ce pays.ABSTRACTSince 2016, a hyperinflationary process has been underway in Venezuela. The purpose of this text is to explain the political origins of this crisis. The vicissitudes of the bolivar, Venezuela’s currency, are described using statistical series and a chronology of political events that have enabled the reconstruction of two key events (1) : the establishment of exchange controls that became a mechanism of political control, and (2) the systematic intervention of the state to undermine the private sector of the economy. Analysis of the data revealed the partisan instrumentalization of exchange controls and the process of annihilating private property as an institution lead to a non-economic explanation for the collapse of the Venezuelan currency. It is the loss of political confidence that explains why nobody believes in the country’s monetary system any more.MOTS-CLÉS: hyperinflationexpropriationconfianceautoritarismeVenezuelaKEYWORDS: hyperinflationexpropriationpolitical trustauthoritarianismVenezuela Déclaration de divulgationAucun conflit d’intérêts potentiel n’a été signalé par les auteurs.Notes1. Depuis le dernier trimestre de l’année 2016 jusqu’à la fin du troisième trimestre 2018, la population vénézuélienne a souffert d’une pénurie alimentaire et d’un manque des liquidités. Le résultat a été une forte vague migratoire vers les pays voisins, notamment la Colombie et le Brésil. Les manifestations, le pillage des commerces et la répression policière ont été à l’ordre du jour. Durant cette période-là les ministres de l’économie étaient Ramón Augusto Lobo Moreno (ensuite nommé président de la Banque Centrale du Venezuela, BCV), Rodolfo Medina del Río et Simón Zerpa Delgado ; les Présidents de la BCV étaient Ricardo Sanguino, Ramón Lobo et Calixto Ortega Sánchez ; et le Ministre de Défense était le General Vladimir Padrino López2. Dans les villes, n’ayant pas la possibilité de justifier la source de ses revenus, cette population n’a pas le droit d’ouvrir un compte bancaire. A la campagne les services bancaires sont inexistants. Au Venezuela ce sont, au moins, 28 % de la population active qui ont un emploi dans le secteur informel en 2013 (Terán Citation2018, 4).3. Selon l’abréviation coranto « Bs. » et selon la norme ISO 4217 « VEB ». Cette norme définit les codes pour la représentation des devises utilisées dans le monde. Avec les trois changements de devises intervenus au Venezuela en 2007, en 2018 et ensuite en 2021 le bolivar est devenu « bolívar Fuerte » nommé BsF et codé VEF ; puis « bolívar Soberano » nommé BsS et codé VES ; ensuite « bolívar Digital » nommé BsD et codé VED. Cependant, quelques mois après chaque changement de monnaie, la population continue à nommer la monnaie, simplement, « bolívar ».4. Le Venezuela a vécu trois moments de hauts revenus pétroliers : de 1948 à 1957, de 1974 à 1985 et de 2005 à 2012. Le deuxième boom pétrolier peut se diviser en deux moments, de 1974 à 1978, quand le pays a été appelé le Venezuela saoudien pour ses énormes revenus et ses dépenses publiques ; et de 1979 à 1985 quand, à cause d’un énorme endettement public, la dévaluation de la monnaie et la fuite de capitaux ont été à l’ordre du jour. Le troisième boom (2005–2012) a été suivi par la première crise hyperinflationniste au Venezuela.5. Le 12 mars 1979, jour de son investiture comme Président de la République, Herrera Campins avait déclaré : « C’est à mon tour de recevoir une économie caractérisée par de grands déséquilibres structurels et des pressions inflationnistes spéculatives, qui ont érodé le pouvoir d’achat des classes moyennes et des innombrables centers marginaux du pays. Je reçois un Venezuela hypothéqué » (De La Calle Citation1979).6. Entre les années 1999 et 2007 un intense conflit s’installe dans la dynamique politique nationale. Il s’agit, fondamentalement, d’un processus d’incorporation de nouveaux groupes au pouvoir politique qui aura comme résultat le remplacement de l’élite politico-administrative du pays (Zambrano Citation2022b).7. Depuis 2003, l’organization du contrôle des changes a été l’objet de successives modifications. De 2003 à 2014 a fonctionné la Comisión Nacional de Administración de Divisas (CADIVI) ; de 2014 à 2016 le Centro Nacional de Comercio Exterior (CENCOEX). Jusqu’en 2016 il s’agit de deux organizations avec une autonomie relative, sous la tutelle du Ministère de Finances. À partir de 2016, la Banque Centrale reprend le contrôle direct et met en place plusieurs systèmes pour l’accès aux devises, en gardant encore un taux de change moins cher (Tipo de Cambio Protegido, DIPRO) et un taux de change plus cher (Tipo de Cambio Complementario, DICOM). À partir de 2019, la Banque Centrale propose un seul taux de change définie par une mobilité des capitaux (demande et disponibilité de devises) avec intervention de l’État. L’accès aux devises est encore restreint, mais le contrôle des changes, tel comme il a été connu depuis 2003, est arrivé à sa fin.8. Cela veut dire, en 2003, 1 dollar au marché parallèle coûtait 1,2 dollar officiels (1.900/1.600 = 1,2) ; en 2007, 1 dollar au marché parallèle coûtait 2,3 dollar officiels (5.000/2.150 = 2,3). Donc, le dollar officiel devient un bien très apprécié, à partir duquel on peut obtenir un profit pas négligeable.9. Il s’agit d’Aristóbulo Istúriz (Panampost Citation2016). Regarder la video sur : https://youtu.be/I2Xc3HrxLtA.10. Sur la particularité du conflit entre le gouvernement et les médias lire : Zambrano (Citation2021 et Citation2023).11. En 2016 l’ex-Ministre d’Economie, Jorge Giordani, affirme qu’au moins 300.000 millions de dollars ont été l’objet de malversation à cause du système de contrôle des changes. Lire : https://www.reuters.com/article/politica-venezuela-corrupcion-idLTAKCN0VB1SO (Reuters Citation2016. Consulté en août 2023).12. L’utilization du Service national d’administration fiscale intégrée (SENIAT en espagnol) comme instrument partisan est documentée dans les Rapports de l’Organization Internationale du Travail (OIT). L’année 2007, l’Organization internationale des employeurs (OIE) demande une médiation de l’OIT parce que le SENIAT « suscite la panique dans les entreprises privées par son action punitive et interventionniste, notamment en menaçant l’imposition d’amendes exorbitantes, la fermeture intempestive d’entreprises ou la réalisation d’inspections fiscales dans les entreprises dont les dirigeants ont fait des déclarations contre la politique gouvernementale » (Organisation Internationale du Travail Citation2007, 1265).13. L’Institut national de défense et d’éducation du consommateur et de l’usager (INDECU par ses sigles en espagnol), à partir de 2010 nommé comme l’Institut pour la défense des personnes dans l’accès aux biens et services (INDEPABIS en espagnol) et en 2015 renommé Surintendance nationale des droits socio-économiques (SUNDDE en espagnol) a eu un rôle capital dans ce processus.14. Compañía Anónima Nacional de Teléfonos de Venezuela (CANTV), Telecomunicaciones Movilnet C.A., Electricidad de Caracas C.A., Seneca, Compañía Anónima Luz y Fuerza Eléctrica de Puerto Cabello.15. Pour comprendre le régime légale de l’utilité publique au Venezuela, lire : Brewer-Carías (Citation2015).16. L’expropriation des chaînes de supermarchés Exito, du groupe colombien Exito et français Cativen, et les supermarchés CADA, du groupe français Casino, est un exemple. Tous les deux ont été expropriés en 2010 et remplacés par les supermarchés « Abastos bicentenario » gérés par l’Etat. Voir les vidéos : https://youtu.be/8-oeNdkPVag et https://youtu.be/8po90nJi6Hg.17. Il s’agit de deux listes élaborées avec prétention d’exhaustivité. Celle de propriétés privées confisquées, établie par l’auteur à partir de la presse et le Journal Officiel vénézuélien ; et celle des entreprises créées par l’État à partir d’une base de données de l’organisation non gouvernamentale Vendata (Citation2020) https://vendata.org/. Le Tableau A1, avec les données de la Figure 3, se trouve à l’Annexe 2. La liste de propriétés privées confisquées élaborée par l’auteur est disponible sur https://venezuelaes.hypotheses.org/politica.18. Depuis 2014 une pénurie généralisée (aliments, médicaments, gaz domestique, électricité, etc.), est survenue au Venezuela, déclenchant une émigration massive de la population vers les pays voisins ; notamment la Colombie et le Brésil (Rousset and Garcia Citation2020).19. Les sociétés étrangères peuvent demander justice ailleurs. Ainsi, malgré cette proportion, dans ce cas l’expropriation sans indemnité aura de lourdes conséquences. Entres les années 2000 et 2019, le Center international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) enregistre 48 affaires contre le Venezuela. Les plus remarquables : les pétrolières américaines Exxon-Mobil et Conoco-Phillips (affaires ARB/07/27 et ARB/07/30), et la Société canadienne d’extraction d’or Crystallex (affaire ARB(AF)/11/2). En 2019, l’État vénézuélien devait encore régler 11.700 millions de dollars en total à ces trois sociétés, en restant encore plusieurs affaires en cours (CIRDI Citation2020). Selon la Banque Centrale du Venezuela, en décembre 2019 les réserves internationales du pays étaient 7.500 millions dollars.20. Sur l’importance des militaires dans le gouvernement vénézuélien, lire : Zambrano (Citation2022a).21. On ne peut pas oublier que l’économie rentier de l’Etat vénézuélien, liée à l’industrie pétrolière, fait une pression historique sur l’inflation. Parce que les élites politiques ont toujours utilisés la rente pour dynamiser l’économie, en mettant en circulation une quantité croissante de liquidité sans corrélation avec une augmentation de la production nationale non-pétrolière, que ce soit comme phénomène économique (stimuler la consommation) ou comme phénomène politique pour alimenter la dépense publique. Par contre, cette condition ne s’avait jamais traduit en hyperinflation.22. Il n’est pas anodin que Jorge Giordani, professeur d’université vénézuélien, ait publié en 2009 le livre « la transition vénézuélienne vers le socialisme ». Dans ce texte, où il explique l’importance du parti politique unique et révolutionnaire comme instrument fondamental pour conduire et faciliter la transformation sociale, l’intervention de l’État dans l’économie privée pour le développement des forces productives socialistes et la réforme de la Constitution pour accélérer le processus de transformation au Venezuela (Giordani Citation2009). Giordani a été trois fois ministre de la Planification et du Développement Économique, de 1999 à 2002, de 2003 à 2008 et de 2009 à 2014.23. La confiance en la monnaie peut exister seulement si elle fait système. Cette confiance est une convention et elle doit exprimer l’appartenance commune sous l’égide de l’État. Cela veut dire, c’est le résultat d’un processus d’institutionnalisation d’un système de confiance qui se présente sous formes hiérarchisées (Aglietta Citation2016, 72, 83–85 et 93 ; Aglietta et Orlean Citation1998, 25–29).24. De 2018 à 2019 la production pétrolière du pays avait baissé de 1.354.000 à 796.000 barils par jour (OPEC Citation2020, 50). On ne rentrera pas dans le détail de l’effondrement de l’industrie pétrolière nationale, non plus dans la dette extérieure publique qu’à fait rentrer le pays en défaut. Évidemment, ils sont deux aspects importants pour comprendre la crise structurelle au Venezuela.Additional informationFundingThis work was supported by the Laboratoire d’excellence Transformation de l’État, politisation des sociétés, institution du social (LabEx TEPSIS) [1].Notes on contributorsAndrés ZambranoDurant une dizaine d’années, Andrés Zambrano s’est consacré aux études sur les conditions de vie, principalement de la population urbaine du Venezuela. Depuis 2015, il a tourné ses intérêts vers les conflits politiques et la démocratie en s’intéressant, plus particulièrement, pour les élites gouvernementales et la dérive autoritaire du régime politique vénézuélien.","PeriodicalId":42747,"journal":{"name":"Canadian Journal American and Caribbean Studies","volume":null,"pages":null},"PeriodicalIF":0.3000,"publicationDate":"2023-10-09","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Canadian Journal American and Caribbean Studies","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1080/08263663.2023.2254992","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"HUMANITIES, MULTIDISCIPLINARY","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0

Abstract

RÉSUMÉDepuis 2016, un processus hyperinflationniste s’est mis en évidence au Venezuela. L’objectif de ce texte est d’expliquer le fondement politique de cette crise. Les vicissitudes du bolivar, la monnaie vénézuélienne, sont décrites à partir de séries statistiques et d’une chronologie des événements politiques qui ont permis la reconstitution de deux événements clés : (1) l’établissement d’un contrôle des changes devenu mécanisme de contrôle politique, et (2) l’intervention systématique de l’État pour fragiliser le secteur privé de l’économie. L’analyse des données a mis en évidence l’instrumentalisation partisane du contrôle des changes et le processus d’anéantissement de la propriété privée comme institution, conduit à une explication nonéconomique de l’effondrement de la monnaie vénézuélienne. C’est la perte de la confiance politique qui explique pourquoi personne ne croit plus au système monétaire de ce pays.ABSTRACTSince 2016, a hyperinflationary process has been underway in Venezuela. The purpose of this text is to explain the political origins of this crisis. The vicissitudes of the bolivar, Venezuela’s currency, are described using statistical series and a chronology of political events that have enabled the reconstruction of two key events (1) : the establishment of exchange controls that became a mechanism of political control, and (2) the systematic intervention of the state to undermine the private sector of the economy. Analysis of the data revealed the partisan instrumentalization of exchange controls and the process of annihilating private property as an institution lead to a non-economic explanation for the collapse of the Venezuelan currency. It is the loss of political confidence that explains why nobody believes in the country’s monetary system any more.MOTS-CLÉS: hyperinflationexpropriationconfianceautoritarismeVenezuelaKEYWORDS: hyperinflationexpropriationpolitical trustauthoritarianismVenezuela Déclaration de divulgationAucun conflit d’intérêts potentiel n’a été signalé par les auteurs.Notes1. Depuis le dernier trimestre de l’année 2016 jusqu’à la fin du troisième trimestre 2018, la population vénézuélienne a souffert d’une pénurie alimentaire et d’un manque des liquidités. Le résultat a été une forte vague migratoire vers les pays voisins, notamment la Colombie et le Brésil. Les manifestations, le pillage des commerces et la répression policière ont été à l’ordre du jour. Durant cette période-là les ministres de l’économie étaient Ramón Augusto Lobo Moreno (ensuite nommé président de la Banque Centrale du Venezuela, BCV), Rodolfo Medina del Río et Simón Zerpa Delgado ; les Présidents de la BCV étaient Ricardo Sanguino, Ramón Lobo et Calixto Ortega Sánchez ; et le Ministre de Défense était le General Vladimir Padrino López2. Dans les villes, n’ayant pas la possibilité de justifier la source de ses revenus, cette population n’a pas le droit d’ouvrir un compte bancaire. A la campagne les services bancaires sont inexistants. Au Venezuela ce sont, au moins, 28 % de la population active qui ont un emploi dans le secteur informel en 2013 (Terán Citation2018, 4).3. Selon l’abréviation coranto « Bs. » et selon la norme ISO 4217 « VEB ». Cette norme définit les codes pour la représentation des devises utilisées dans le monde. Avec les trois changements de devises intervenus au Venezuela en 2007, en 2018 et ensuite en 2021 le bolivar est devenu « bolívar Fuerte » nommé BsF et codé VEF ; puis « bolívar Soberano » nommé BsS et codé VES ; ensuite « bolívar Digital » nommé BsD et codé VED. Cependant, quelques mois après chaque changement de monnaie, la population continue à nommer la monnaie, simplement, « bolívar ».4. Le Venezuela a vécu trois moments de hauts revenus pétroliers : de 1948 à 1957, de 1974 à 1985 et de 2005 à 2012. Le deuxième boom pétrolier peut se diviser en deux moments, de 1974 à 1978, quand le pays a été appelé le Venezuela saoudien pour ses énormes revenus et ses dépenses publiques ; et de 1979 à 1985 quand, à cause d’un énorme endettement public, la dévaluation de la monnaie et la fuite de capitaux ont été à l’ordre du jour. Le troisième boom (2005–2012) a été suivi par la première crise hyperinflationniste au Venezuela.5. Le 12 mars 1979, jour de son investiture comme Président de la République, Herrera Campins avait déclaré : « C’est à mon tour de recevoir une économie caractérisée par de grands déséquilibres structurels et des pressions inflationnistes spéculatives, qui ont érodé le pouvoir d’achat des classes moyennes et des innombrables centers marginaux du pays. Je reçois un Venezuela hypothéqué » (De La Calle Citation1979).6. Entre les années 1999 et 2007 un intense conflit s’installe dans la dynamique politique nationale. Il s’agit, fondamentalement, d’un processus d’incorporation de nouveaux groupes au pouvoir politique qui aura comme résultat le remplacement de l’élite politico-administrative du pays (Zambrano Citation2022b).7. Depuis 2003, l’organization du contrôle des changes a été l’objet de successives modifications. De 2003 à 2014 a fonctionné la Comisión Nacional de Administración de Divisas (CADIVI) ; de 2014 à 2016 le Centro Nacional de Comercio Exterior (CENCOEX). Jusqu’en 2016 il s’agit de deux organizations avec une autonomie relative, sous la tutelle du Ministère de Finances. À partir de 2016, la Banque Centrale reprend le contrôle direct et met en place plusieurs systèmes pour l’accès aux devises, en gardant encore un taux de change moins cher (Tipo de Cambio Protegido, DIPRO) et un taux de change plus cher (Tipo de Cambio Complementario, DICOM). À partir de 2019, la Banque Centrale propose un seul taux de change définie par une mobilité des capitaux (demande et disponibilité de devises) avec intervention de l’État. L’accès aux devises est encore restreint, mais le contrôle des changes, tel comme il a été connu depuis 2003, est arrivé à sa fin.8. Cela veut dire, en 2003, 1 dollar au marché parallèle coûtait 1,2 dollar officiels (1.900/1.600 = 1,2) ; en 2007, 1 dollar au marché parallèle coûtait 2,3 dollar officiels (5.000/2.150 = 2,3). Donc, le dollar officiel devient un bien très apprécié, à partir duquel on peut obtenir un profit pas négligeable.9. Il s’agit d’Aristóbulo Istúriz (Panampost Citation2016). Regarder la video sur : https://youtu.be/I2Xc3HrxLtA.10. Sur la particularité du conflit entre le gouvernement et les médias lire : Zambrano (Citation2021 et Citation2023).11. En 2016 l’ex-Ministre d’Economie, Jorge Giordani, affirme qu’au moins 300.000 millions de dollars ont été l’objet de malversation à cause du système de contrôle des changes. Lire : https://www.reuters.com/article/politica-venezuela-corrupcion-idLTAKCN0VB1SO (Reuters Citation2016. Consulté en août 2023).12. L’utilization du Service national d’administration fiscale intégrée (SENIAT en espagnol) comme instrument partisan est documentée dans les Rapports de l’Organization Internationale du Travail (OIT). L’année 2007, l’Organization internationale des employeurs (OIE) demande une médiation de l’OIT parce que le SENIAT « suscite la panique dans les entreprises privées par son action punitive et interventionniste, notamment en menaçant l’imposition d’amendes exorbitantes, la fermeture intempestive d’entreprises ou la réalisation d’inspections fiscales dans les entreprises dont les dirigeants ont fait des déclarations contre la politique gouvernementale » (Organisation Internationale du Travail Citation2007, 1265).13. L’Institut national de défense et d’éducation du consommateur et de l’usager (INDECU par ses sigles en espagnol), à partir de 2010 nommé comme l’Institut pour la défense des personnes dans l’accès aux biens et services (INDEPABIS en espagnol) et en 2015 renommé Surintendance nationale des droits socio-économiques (SUNDDE en espagnol) a eu un rôle capital dans ce processus.14. Compañía Anónima Nacional de Teléfonos de Venezuela (CANTV), Telecomunicaciones Movilnet C.A., Electricidad de Caracas C.A., Seneca, Compañía Anónima Luz y Fuerza Eléctrica de Puerto Cabello.15. Pour comprendre le régime légale de l’utilité publique au Venezuela, lire : Brewer-Carías (Citation2015).16. L’expropriation des chaînes de supermarchés Exito, du groupe colombien Exito et français Cativen, et les supermarchés CADA, du groupe français Casino, est un exemple. Tous les deux ont été expropriés en 2010 et remplacés par les supermarchés « Abastos bicentenario » gérés par l’Etat. Voir les vidéos : https://youtu.be/8-oeNdkPVag et https://youtu.be/8po90nJi6Hg.17. Il s’agit de deux listes élaborées avec prétention d’exhaustivité. Celle de propriétés privées confisquées, établie par l’auteur à partir de la presse et le Journal Officiel vénézuélien ; et celle des entreprises créées par l’État à partir d’une base de données de l’organisation non gouvernamentale Vendata (Citation2020) https://vendata.org/. Le Tableau A1, avec les données de la Figure 3, se trouve à l’Annexe 2. La liste de propriétés privées confisquées élaborée par l’auteur est disponible sur https://venezuelaes.hypotheses.org/politica.18. Depuis 2014 une pénurie généralisée (aliments, médicaments, gaz domestique, électricité, etc.), est survenue au Venezuela, déclenchant une émigration massive de la population vers les pays voisins ; notamment la Colombie et le Brésil (Rousset and Garcia Citation2020).19. Les sociétés étrangères peuvent demander justice ailleurs. Ainsi, malgré cette proportion, dans ce cas l’expropriation sans indemnité aura de lourdes conséquences. Entres les années 2000 et 2019, le Center international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) enregistre 48 affaires contre le Venezuela. Les plus remarquables : les pétrolières américaines Exxon-Mobil et Conoco-Phillips (affaires ARB/07/27 et ARB/07/30), et la Société canadienne d’extraction d’or Crystallex (affaire ARB(AF)/11/2). En 2019, l’État vénézuélien devait encore régler 11.700 millions de dollars en total à ces trois sociétés, en restant encore plusieurs affaires en cours (CIRDI Citation2020). Selon la Banque Centrale du Venezuela, en décembre 2019 les réserves internationales du pays étaient 7.500 millions dollars.20. Sur l’importance des militaires dans le gouvernement vénézuélien, lire : Zambrano (Citation2022a).21. On ne peut pas oublier que l’économie rentier de l’Etat vénézuélien, liée à l’industrie pétrolière, fait une pression historique sur l’inflation. Parce que les élites politiques ont toujours utilisés la rente pour dynamiser l’économie, en mettant en circulation une quantité croissante de liquidité sans corrélation avec une augmentation de la production nationale non-pétrolière, que ce soit comme phénomène économique (stimuler la consommation) ou comme phénomène politique pour alimenter la dépense publique. Par contre, cette condition ne s’avait jamais traduit en hyperinflation.22. Il n’est pas anodin que Jorge Giordani, professeur d’université vénézuélien, ait publié en 2009 le livre « la transition vénézuélienne vers le socialisme ». Dans ce texte, où il explique l’importance du parti politique unique et révolutionnaire comme instrument fondamental pour conduire et faciliter la transformation sociale, l’intervention de l’État dans l’économie privée pour le développement des forces productives socialistes et la réforme de la Constitution pour accélérer le processus de transformation au Venezuela (Giordani Citation2009). Giordani a été trois fois ministre de la Planification et du Développement Économique, de 1999 à 2002, de 2003 à 2008 et de 2009 à 2014.23. La confiance en la monnaie peut exister seulement si elle fait système. Cette confiance est une convention et elle doit exprimer l’appartenance commune sous l’égide de l’État. Cela veut dire, c’est le résultat d’un processus d’institutionnalisation d’un système de confiance qui se présente sous formes hiérarchisées (Aglietta Citation2016, 72, 83–85 et 93 ; Aglietta et Orlean Citation1998, 25–29).24. De 2018 à 2019 la production pétrolière du pays avait baissé de 1.354.000 à 796.000 barils par jour (OPEC Citation2020, 50). On ne rentrera pas dans le détail de l’effondrement de l’industrie pétrolière nationale, non plus dans la dette extérieure publique qu’à fait rentrer le pays en défaut. Évidemment, ils sont deux aspects importants pour comprendre la crise structurelle au Venezuela.Additional informationFundingThis work was supported by the Laboratoire d’excellence Transformation de l’État, politisation des sociétés, institution du social (LabEx TEPSIS) [1].Notes on contributorsAndrés ZambranoDurant une dizaine d’années, Andrés Zambrano s’est consacré aux études sur les conditions de vie, principalement de la population urbaine du Venezuela. Depuis 2015, il a tourné ses intérêts vers les conflits politiques et la démocratie en s’intéressant, plus particulièrement, pour les élites gouvernementales et la dérive autoritaire du régime politique vénézuélien.
经济危机的政治根源。委内瑞拉的恶性通货膨胀
自2003年以来,外汇管制组织经历了一系列变化。2003年至2014年,国家外汇管理委员会(CADIVI)运作;2014 - 2016年国家对外贸易中心(CENCOEX)。直到2016年,这两个组织都是相对自治的,在财政部的监督下。从2016年开始,中央银行重新获得直接控制权,并建立了几个获取外汇的系统,同时保持较低的汇率(Tipo de Cambio protected, DIPRO)和较高的汇率(Tipo de Cambio Complementario, DICOM)。从2019年开始,中央银行提出了一种由国家干预的资本流动(货币需求和可用性)定义的单一汇率。获得外汇的途径仍然受到限制,但自2003年以来所知的外汇管制已经结束。这意味着,在2003年,在平行市场上,1美元的价格是1.2官方美元(1.900/1.600 = 1.2);2007年,在平行市场上,1美元的官方价格是2.3美元(5000 / 2150 = 2.3)。因此,官方美元成为一种高度升值的商品,从中可以获得可观的利润。这是aristobulo isturiz (Panampost Citation2016)。观看视频:https://youtu.be/I2Xc3HrxLtA.10。关于政府和媒体之间冲突的特殊性,请阅读:桑布拉诺(引文2021和引文2023)。2016年,前经济部长豪尔赫·佐达尼(Jorge Giordani)表示,由于外汇管制系统,至少有3000亿美元被挪用。阅读:https://www.reuters.com/article/politica-venezuela-corrupcion-idLTAKCN0VB1SO(路透社引用2016)。2023年8月访问)。国际劳工组织(劳工组织)的报告记录了使用国家综合税务管理局(SENIAT)作为党派工具的情况。2007年,国际雇主组织(OIE)要求国际劳工组织进行调解,因为SENIAT“通过其惩罚性和干涉主义行为,特别是威胁征收过高的罚款,在私营企业中引起了恐慌,在管理层发表反对政府政策声明的企业中,不及时关闭企业或进行税务检查”(国际劳工组织引文2007:1265)。防卫研究所和教育消费者和用户(INDECU起由其西班牙语缩写),2010年被任命为战时国防研究所(INDEPABIS西班牙语中获得货物和服务)和2015年改称国家工商管理局SUNDDE(西班牙语)的社会和经济权利在这processus.14产生了至关重要的作用。compania anonima Nacional de telefonos de Venezuela (CANTV), Telecomunicaciones Movilnet c.a., Electricidad de Caracas c.a., Seneca, compania anonima Luz和Fuerza electrica de Puerto cabelo .15。要了解委内瑞拉公用事业的法律制度,请阅读:brewer - cars (Citation2015)。哥伦比亚Exito集团旗下的Exito连锁超市和法国Cativen连锁超市以及法国Casino集团旗下的CADA超市就是一个例子。这两家超市在2010年都被没收,取而代之的是国有的“Abastos bicentenario”超市。观看视频:https://youtu.be/8-oeNdkPVag和https://youtu.be/8po90nJi6Hg.17。这两份清单都是详尽无遗的。提交人根据委内瑞拉报纸和官方报纸确定的被没收的私人财产;以及国家从非政府组织Vendata (Citation2020) https://vendata.org/的数据库中创建的公司。表A1和图3中的数据载于附录2。作者列出的被没收的私人财产清单可以在https://venezuelaes.hypotheses.org/politica.18上找到。自2014年以来,委内瑞拉出现了广泛的短缺(食品、药品、家用天然气、电力等),引发了大量人口向邻国移民;特别是哥伦比亚和巴西(Rousset and Garcia Citation2020)。外国公司可以在其他地方寻求正义。因此,尽管这一比例很高,但在这种情况下,无偿征用将产生严重后果。从2000年到2019年,国际投资争端解决中心(icsid)记录了48起针对委内瑞拉的案件。其中最引人注目的是美国石油公司埃克森美孚和康菲石油公司(ARB/07/27和ARB/07/30),以及加拿大黄金开采公司Crystallex (ARB(AF)/11/2)。2019年,委内瑞拉政府仍需解决11项问题。 这三家公司总共获得了7亿美元,还有几起案件仍在审理中(CIRDI Citation2020)。根据委内瑞拉中央银行的数据,2019年12月,该国的国际储备为75亿美元。关于军队在委内瑞拉政府中的重要性,请阅读:桑布拉诺(引用2022a)。我们不能忘记,委内瑞拉政府的食利者经济,加上石油工业,给通货膨胀带来了历史性的压力。因为年金政策精英们总是用来流通的经济活力,同时越来越多的流动性,而与一个撒哈拉全国粮食产量增加,无论是作为(刺激)的消费经济现象或政策来推动公共支出的现象。然而,这种情况从未导致恶性通货膨胀。2009年,委内瑞拉大学教授豪尔赫·佐达尼(Jorge Giordani)出版了《委内瑞拉向社会主义过渡》(la transition venezuela to the socialism)一书,这并非无关紧要。本文中独特的解释,他在党的政治重要性和革命为基本工具,带领和推动社会变革、国家干预私有经济为社会主义社会生产力的发展和改革,加快变革进程,委内瑞拉的宪法(Giordani Citation2009)。佐达尼曾三次担任规划和经济发展部长,1999年至2002年,2003年至2008年,2009年至2014.23年。对货币的信心只有在它成为一个系统的情况下才能存在。这种信任是一种协议,必须表达在国家支持下的共同所有权。这意味着,它是一个以等级形式呈现的信任体系制度化过程的结果(Aglietta Citation2016, 72, 83 - 85和93;Aglietta和Orlean引用1998,25 - 29)。从2018年到2019年,该国的石油产量从135.4万桶/天下降到79.6万桶/天(欧佩克引用2020年,50)。我们不会详细讨论国家石油工业崩溃的细节,也不会讨论使国家违约的公共外债。显然,这是理解委内瑞拉结构性危机的两个重要方面。这项工作得到了国家转型、社会政治化、社会机构卓越实验室(LabEx TEPSIS)[1]的支持。十年来,andres Zambrano一直致力于研究生活条件,主要是委内瑞拉城市人口的生活条件。自2015年以来,他将兴趣转向政治冲突和民主,特别关注政府精英和委内瑞拉政治政权的威权倾向。
本文章由计算机程序翻译,如有差异,请以英文原文为准。
求助全文
约1分钟内获得全文 求助全文
来源期刊
Canadian Journal American and Caribbean Studies
Canadian Journal American and Caribbean Studies HUMANITIES, MULTIDISCIPLINARY-
CiteScore
0.60
自引率
0.00%
发文量
34
期刊介绍: The Canadian Journal of Latin American and Caribbean Studies is published biannually for the Canadian Association for Latin American and Caribbean Studies. CJLACS is a multidisciplinary, refereed journal. Articles are accepted in four languages - English, French, Spanish and Portuguese.
×
引用
GB/T 7714-2015
复制
MLA
复制
APA
复制
导出至
BibTeX EndNote RefMan NoteFirst NoteExpress
×
提示
您的信息不完整,为了账户安全,请先补充。
现在去补充
×
提示
您因"违规操作"
具体请查看互助需知
我知道了
×
提示
确定
请完成安全验证×
copy
已复制链接
快去分享给好友吧!
我知道了
右上角分享
点击右上角分享
0
联系我们:info@booksci.cn Book学术提供免费学术资源搜索服务,方便国内外学者检索中英文文献。致力于提供最便捷和优质的服务体验。 Copyright © 2023 布克学术 All rights reserved.
京ICP备2023020795号-1
ghs 京公网安备 11010802042870号
Book学术文献互助
Book学术文献互助群
群 号:481959085
Book学术官方微信