{"title":"Les mobilités nocturnes et leurs évolutions (1981-2018) : des pratiques qui restent rares et socialement situées","authors":"Yoann Demoli","doi":"10.4000/temporalites.11350","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Depuis les années 1980, les mobilités, notamment nocturnes, ont connu des bouleversements sociaux d’ampleur, qui tendraient, selon différents observateurs, à une « colonisation » de la nuit. L’analyse des mobilités quotidiennes nocturnes présentée ici permet de discuter des thèses de la colonisation de la nuit et d’en comprendre les logiques de stratification sociale, si elles existent. La mobilité nocturne se diffuse-t-elle ? Qui sont les Français qui se déplacent nuitamment ? Leur visage a-t-il changé au cours des dernières décennies ?Afin de répondre à de telles questions, l’article exploite la série des enquêtes nationales transports réalisées par l’Insee (1981, 1992, 2007 et 2018). Nos analyses montrent que les mobilités quotidiennes des Français présentent des structures fortes et durables. Les déplacements nocturnes demeurent, depuis les années 1980, relativement rares et offrent à voir une tripartition de la nuit.Si la grande majorité des Français ne se déplacent pas nuitamment, les chances de bouger la nuit n’apparaissent toutefois pas homogènes dans l’espace social : se rendre au travail, au crépuscule ou à l’aube, est typique des classes populaires (ouvriers, employés) tandis que rentrer tardivement du travail ou sortir pour les loisirs concerne bien davantage les cadres. Plutôt qu’une colonisation de la nuit, cet article montre une polarisation des usages et des pratiques de la nuit – qui reste, toutefois, d’abord et avant tout, le moment du sommeil.","PeriodicalId":339034,"journal":{"name":"Temporalités","volume":"9 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-10-06","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Temporalités","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/temporalites.11350","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Depuis les années 1980, les mobilités, notamment nocturnes, ont connu des bouleversements sociaux d’ampleur, qui tendraient, selon différents observateurs, à une « colonisation » de la nuit. L’analyse des mobilités quotidiennes nocturnes présentée ici permet de discuter des thèses de la colonisation de la nuit et d’en comprendre les logiques de stratification sociale, si elles existent. La mobilité nocturne se diffuse-t-elle ? Qui sont les Français qui se déplacent nuitamment ? Leur visage a-t-il changé au cours des dernières décennies ?Afin de répondre à de telles questions, l’article exploite la série des enquêtes nationales transports réalisées par l’Insee (1981, 1992, 2007 et 2018). Nos analyses montrent que les mobilités quotidiennes des Français présentent des structures fortes et durables. Les déplacements nocturnes demeurent, depuis les années 1980, relativement rares et offrent à voir une tripartition de la nuit.Si la grande majorité des Français ne se déplacent pas nuitamment, les chances de bouger la nuit n’apparaissent toutefois pas homogènes dans l’espace social : se rendre au travail, au crépuscule ou à l’aube, est typique des classes populaires (ouvriers, employés) tandis que rentrer tardivement du travail ou sortir pour les loisirs concerne bien davantage les cadres. Plutôt qu’une colonisation de la nuit, cet article montre une polarisation des usages et des pratiques de la nuit – qui reste, toutefois, d’abord et avant tout, le moment du sommeil.