{"title":"Le complexe d’Orphée","authors":"Édouard Mehl","doi":"10.58282/colloques.83","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"On ignore en effet la nature de l’âme…Hante-t-elle les tenebres d’Orcus et Ses marais desoles ?1Mais quand un etre humain a quitte la lumiere du jourHermes Kyllenien fait descendre l’âme immortelleDans les profondeurs effrayantes de la terre2.La « Renaissance », comme on l’a souvent dit, c’est la renaissance des sciences et des arts, de la culture et de la philosophie antiques. Un souffle nouveau, une confiance nouvelle animent les esprits a l’idee que la perfectio hominis n’est pas un ideal deletere mais qu’il suffirait de bien fouiller notre passe pour la retrouver, intacte, sous la poussiere de l’histoire.Ce qu’on dit peut-etre moins, et ce que le terme meme de « Renaissance » tend a dissimuler par un exces d’enthousiasme positiviste, c’est le desarroi, l’inquietude, l’etat de crise qui caracterisent cette periode ; la resurrection de l’Antiquite en serait moins la cause que l’effet, voire meme le symptome. Qu’on ne s’etonne pas d’un parti pris non critique en faveur d’une Antiquite aux contours souvent flous : l’invocation lancinante de la prisca sapientia, de l’unite originaire de la philosophie, de la theologie et de la poesie, trahit en fait le malaise assaillant l’esprit quand celui-ci a perdu son element et son sol. La Renaissance n’est au fond que le symptome flamboyant et trompeur d’une faillite, celle de la culture medievale et de sa « scolastique », vieux paquebot desormais inapte a fendre les flots de l’inconnu. Aristote ou OrpheeLa place que les philosophies de","PeriodicalId":305760,"journal":{"name":"Fiction du savoir à la Renaissance","volume":"110 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2004-06-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Fiction du savoir à la Renaissance","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.83","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
On ignore en effet la nature de l’âme…Hante-t-elle les tenebres d’Orcus et Ses marais desoles ?1Mais quand un etre humain a quitte la lumiere du jourHermes Kyllenien fait descendre l’âme immortelleDans les profondeurs effrayantes de la terre2.La « Renaissance », comme on l’a souvent dit, c’est la renaissance des sciences et des arts, de la culture et de la philosophie antiques. Un souffle nouveau, une confiance nouvelle animent les esprits a l’idee que la perfectio hominis n’est pas un ideal deletere mais qu’il suffirait de bien fouiller notre passe pour la retrouver, intacte, sous la poussiere de l’histoire.Ce qu’on dit peut-etre moins, et ce que le terme meme de « Renaissance » tend a dissimuler par un exces d’enthousiasme positiviste, c’est le desarroi, l’inquietude, l’etat de crise qui caracterisent cette periode ; la resurrection de l’Antiquite en serait moins la cause que l’effet, voire meme le symptome. Qu’on ne s’etonne pas d’un parti pris non critique en faveur d’une Antiquite aux contours souvent flous : l’invocation lancinante de la prisca sapientia, de l’unite originaire de la philosophie, de la theologie et de la poesie, trahit en fait le malaise assaillant l’esprit quand celui-ci a perdu son element et son sol. La Renaissance n’est au fond que le symptome flamboyant et trompeur d’une faillite, celle de la culture medievale et de sa « scolastique », vieux paquebot desormais inapte a fendre les flots de l’inconnu. Aristote ou OrpheeLa place que les philosophies de