{"title":"Briser les chaînes de la métaphore : romances shakespeariennes et métaphores ravivées","authors":"Barbara Muller","doi":"10.4000/SHAKESPEARE.4477","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"S’inspirant d’Aristote, de Quintilien et de Ciceron, les rhetoriciens anglais du XVIe siecle prescrivent le bon usage des figures et ereintent les metaphores inconvenantes ou trop audacieuses. Dans les romances (Pericles, Cymbeline, The Winter’s Tale et The Tempest), Shakespeare se plait a contrevenir a ces prescriptions qui brident l’inventivite du poete : l’une des strategies les plus subtiles que developpe le dramaturge pour s’affranchir de ces figures imposees est le deploiement de metaphores ravivees, qui consistent a reveiller des metaphores mortes pour y redonner une charge imagee voire y deployer un sens neuf. En d’autres termes, ces figures ingenieuses brisent les chaines des metaphores mortes qui, a force d’usage, emprisonnent en elles des sens caches. Dans les romances, les metaphores ravivees ont egalement ce pouvoir de liberer un potentiel comique, y compris au sein de scenes tragiques. D’ailleurs, l’objectif est de souligner l’impact qu’ont ces figures sur l’hybridite generique des pieces tardives. Par l’emploi astucieux de ces figures, Shakespeare s’affranchit des regles de purete generique formulees par les neo-aristoteliciens sur le continent. Des lors, une double liberation voit le jour : en brisant les chaines de la metaphore, qui n’est plus assujettie aux prescriptions rhetoriques, le dramaturge affranchit aussi ses pieces des carcans generiques.","PeriodicalId":311828,"journal":{"name":"Actes des congrès de la Société française Shakespeare","volume":"135 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-01-02","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Actes des congrès de la Société française Shakespeare","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/SHAKESPEARE.4477","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
S’inspirant d’Aristote, de Quintilien et de Ciceron, les rhetoriciens anglais du XVIe siecle prescrivent le bon usage des figures et ereintent les metaphores inconvenantes ou trop audacieuses. Dans les romances (Pericles, Cymbeline, The Winter’s Tale et The Tempest), Shakespeare se plait a contrevenir a ces prescriptions qui brident l’inventivite du poete : l’une des strategies les plus subtiles que developpe le dramaturge pour s’affranchir de ces figures imposees est le deploiement de metaphores ravivees, qui consistent a reveiller des metaphores mortes pour y redonner une charge imagee voire y deployer un sens neuf. En d’autres termes, ces figures ingenieuses brisent les chaines des metaphores mortes qui, a force d’usage, emprisonnent en elles des sens caches. Dans les romances, les metaphores ravivees ont egalement ce pouvoir de liberer un potentiel comique, y compris au sein de scenes tragiques. D’ailleurs, l’objectif est de souligner l’impact qu’ont ces figures sur l’hybridite generique des pieces tardives. Par l’emploi astucieux de ces figures, Shakespeare s’affranchit des regles de purete generique formulees par les neo-aristoteliciens sur le continent. Des lors, une double liberation voit le jour : en brisant les chaines de la metaphore, qui n’est plus assujettie aux prescriptions rhetoriques, le dramaturge affranchit aussi ses pieces des carcans generiques.