La poétique de la cale

Fabienne Kanor
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Abstract

Si, pour les descendants des Africains deportes, la cale du navire negrier demeure un damne lieu de memoire – malheureux et maudit – ou leurs ancetres esclavises firent l’experience de l’aneantissement social, de la mort violente, de la lutte et de la survie, elle resiste d’autant mieux a l’oubli, et continue de hanter les vivants du fait de sa dimension spectrale. Au-dela des chiffres divulgues par les historiens, des cartes datees, et de quelques traces ecrites et materielles nous documentant sur l’histoire des bateaux negriers, notre connaissance du bas lieu reste lacunaire et theorique. Nous ne pouvons pas visiter de cale d’un bateau ayant existe ; c’est un fait. Nous ne pouvons plus redescendre dans la cale. Pour se representer ce qui fut endure au fond de la grande eau, sous le pont du bateau, il ne nous reste donc plus que l’art. L’imaginaire.Dans cette communication, organisee comme une itinerance, avec, pour point de depart, la silhouette etique de la cale du bateau negrier, nous examinerons les pouvoirs protecteurs, emancipateurs et curateurs de l’art. Confrontes au deficit memoriel, et a l’insuffisance des vestiges de l’histoire de la traite, telle qu’elle fut vecue par les victimes, les artistes que nous evoquerons ont choisi de mettre la cale au cœur de leurs preoccupations et de leurs productions. Fantomale, fantastique ou realiste, cette cale est un motif important dans leur œuvre, et un moteur, finalement, pour transcender la douleur, pour remplacer par des images plus personnelles, les visions engrangees par la memoire collective : images de corps agglutines contre d’autres corps, images de chaines, images de nuit, d’un ciel disparu brutalement, images de requins attendant la jetee des corps malades, deja morts ou parfois bien vivants. Des siecles apres le passage avere du dernier navire negrier, ces artistes africains ou afro-descendants se mettent donc au defi de convertir l’espace clos, torturant et traumatisant de la cale en lieu energique et fertile ou poesie, politique et justice poetique surgissent pour instruire, alerter et/ou guerir. Au fil des escales que nous proposerons (Benin, Amerique, France), et des differentes pratiques artistiques auxquelles nous nous adosserons (installation, cinema, performance, clip video), nous questionnerons les limites potentielles de l’art face a l’histoire, et face au travail de deuil et de memoire. Dans cette demarche qui consiste a representer la traversee, peut-on eviter l’abjection, l’obscene ? L’experience de l’immersion absolue du spectateur – tentation commune aux artistes de notre corpus – est-elle necessaire, possible, souhaitable ? Que devient l’histoire lorsque l’art se l’approprie ?
凯尔的诗学
是否为非洲后裔、pza negrier船的船坞,依然是一个死的场所备案:——或者他们的不幸和诅咒ancetres esclavises狂放l’aneantissement社会经验,暴死,从生存和斗争,她找到了更为有趣的遗忘,并且继续纠缠的活,但因其光谱维度。除了历史学家公布的数字、日期地图和一些记录奴隶船历史的书面和物质痕迹外,我们对这个低洼地区的了解仍然是不完整的和理论性的。我们不能参观现有船只的货舱;这是事实。我们不能再下船了。为了描绘在大水的底部,在船的甲板下,我们只剩下艺术了。意象。在这篇以“奴隶船”货舱的道德轮廓为出发点的巡回演讲中,我们将考察艺术的保护、解放和策展力量。面对记忆的不足,以及受害者所经历的人口贩卖历史遗迹的不足,我们将提到的艺术家们选择将他们的关注和作品的核心放在一边。舱Fantomale梦幻,或参加竞选,这是在他们的一个重要原因,一个引擎,并最终落实,以超越疼痛,对于个人形象,取而代之的幻象engrangees备案:集体:画面agglutines身体对抗身体其他频道的画面、图像的夜晚,天空忽然消失,画面的鲨鱼jetee之前生病的身体已经死了,或者有时还活着。在最后一艘奴隶船沉没几个世纪后,这些非洲或非洲后裔的艺术家开始挑战,将封闭的、折磨和创伤的货舱空间转变为充满活力和肥沃的地方,在那里诗歌、政治和诗意的正义出现,以指导、警告和/或治疗。通过我们提议的停留(贝宁、美国、法国),以及我们将支持的不同艺术实践(装置、电影、表演、视频剪辑),我们将质疑艺术面对历史、面对悲伤和记忆的潜在局限性。在这种描绘横渡的方法中,我们能避免卑贱和淫秽吗?观众的绝对沉浸体验——我们作品中艺术家的共同诱惑——是必要的、可能的还是可取的?当艺术挪用历史时,历史会发生什么?
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