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Abstract
L’objet de cet article est d’interroger ce qu’on nommera le « coefficient de déplacement libre » de l’usager des villes contemporaines. L’espace public urbain, loin d’être l’espace du public, se voit peu à peu confisqué de toutes parts. Privatisé, publicitarisé, toujours plus fourni en circuits balisés qui orientent le déplacement du citadin (piétonnisation, périmètres d’attraction, survalorisation des espaces patrimoniaux…), vidéosurveillé et soumis à l’œil sécuritaire et à la culture de la « vigilance », il tend à constituer une forme de zone carcérale douce. De quoi interdire toujours plus le libre usage de la circulation et de l’exploration, sauf à recourir à l’illégalité (parkour, urbex, cataphilie, flash mobs clandestins, rave parties, création de Zones d’Autonomie Temporaire illicites…). « Un jour », écrivait, il y a cinquante ans, Guy Debord, militant de la dérive urbaine libre, « on construira les villes pour dériver ». C’est très exactement l’inverse qui s’est produit, sur fond d’affaiblissement graduel, continu et politiquement concerté du « coefficient de déplacement libre ».