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Abstract
Resume :Entre deux des plus célèbres représentants français de la théorie littéraire, et les deux seuls ou presque à connaître les faveurs d'une diffusion internationale, on a souvent fait observer comme une parenté de ton : G. Genette et P. Bayard semblent avoir un même humour en partage, qu'on qualifiera, pour s'en amuser ou s'en indigner, de pince-sans-rire ou de désinvolte. Si l'on fait valoir que nombre de présupposés proprement philosophiques séparent les deux théoriciens, et que le plus jeune ne revendique guère sa filiation avec l'œuvre du premier, il semble qu'il n'y ait rien à dire de cette proximité de ton, qu'on mettra donc sur le compte de l'idiosyncrasie (l'humour serait affaire d'humeur).On se propose de prendre un moment au sérieux la question de l'humour dans l'essai : en mettant nos pas dans ceux de Bergson, on voudrait montrer que l'humour n'est pas seulement un mode d'expression que le théoricien pourrait adopter parmi d'autres — qu'entre l'exigence théorique et la posture humoristique, il existe un peu plus que des affinités. Est-ce un hasard si le plus drôle de nos poéticiens se trouve être aussi, et par dessus le marché, l'un des plus sérieux théoriciens de l'humour (dans l'essai intitulé « Mort de rire », Figures V) ?« L'humour la théorie », donc : pas même séparés par l'épaisseur d'une virgule, et pas davantage affrontés que L'amour la poésie dans le recueil de P. Éluard.On ouvrira cette réflexion avec le sentiment d'une (relative) urgence ; aux différents diagnostics portés récemment sur le destin des études littéraires et l'avenir des humanités, demandons-nous s’il ne faut pas substituer celui-ci : une discipline peut mourir de son esprit de sérieux.