{"title":"Théâtres imaginaires du livre et de l’anatomie : La Dissection des parties du corps humain, Charles Estienne, 1545-1546","authors":"H. Cazes","doi":"10.3406/LITTS.2002.2195","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Le livre par defautIl est d’usage chez les auteurs de livres d’anatomie, depuis l’illustre Galien1 jusqu’a notre Charles Estienne en 1545 ou 1546, de commencer l’exposition livresque de leur matiere par une depreciation topique : le livre d’anatomie serait inutile ; voire, il serait impossible. Il trahirait la veritable anatomie, laquelle est une experience, repose sur la dissection concrete d’un corps reel. Au seuil du livre qui vient d’etre ouvert, le lecteur est invite a aller voir ailleurs, et mieux : Galien evoque ainsi les seances de dissection a Alexandrie, ses propres vols de cadavres dans les cimetieres et la chance qui fut la sienne de trouver le corps d’un voleur tue par sa victime puis abandonne aux corbeaux par les paysans... Vesale, en preface au De Fabrica Corporis Humani, en 1543 2, profite du lieu commun pour raconter une chasse au pendu pres de Louvain. Quitter le volume pour apprendre « de ses yeux », tel est le propos de ces paradoxales et conventionnelles entrees en matiere .Mais quiconques se veult monstrer diligent contemplateur des oeuvres de nature (dit Galien) ne lui fault adjouster de tout foy aux livres anatomiques mais bien plus a ses propres yeulx 3.L’excuse est alors fournie au livre pour exister : il se substituerait, par defaut, a la seance de « demonstration » des parties du corps. Mais vouldrions lesdictes exercitations anatomicques estre faictes sur les corps d’hommes ou femmes, par justice ou aultrement estainctz et suffoquez : en evi","PeriodicalId":305760,"journal":{"name":"Fiction du savoir à la Renaissance","volume":"19 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2004-06-11","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Fiction du savoir à la Renaissance","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3406/LITTS.2002.2195","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Le livre par defautIl est d’usage chez les auteurs de livres d’anatomie, depuis l’illustre Galien1 jusqu’a notre Charles Estienne en 1545 ou 1546, de commencer l’exposition livresque de leur matiere par une depreciation topique : le livre d’anatomie serait inutile ; voire, il serait impossible. Il trahirait la veritable anatomie, laquelle est une experience, repose sur la dissection concrete d’un corps reel. Au seuil du livre qui vient d’etre ouvert, le lecteur est invite a aller voir ailleurs, et mieux : Galien evoque ainsi les seances de dissection a Alexandrie, ses propres vols de cadavres dans les cimetieres et la chance qui fut la sienne de trouver le corps d’un voleur tue par sa victime puis abandonne aux corbeaux par les paysans... Vesale, en preface au De Fabrica Corporis Humani, en 1543 2, profite du lieu commun pour raconter une chasse au pendu pres de Louvain. Quitter le volume pour apprendre « de ses yeux », tel est le propos de ces paradoxales et conventionnelles entrees en matiere .Mais quiconques se veult monstrer diligent contemplateur des oeuvres de nature (dit Galien) ne lui fault adjouster de tout foy aux livres anatomiques mais bien plus a ses propres yeulx 3.L’excuse est alors fournie au livre pour exister : il se substituerait, par defaut, a la seance de « demonstration » des parties du corps. Mais vouldrions lesdictes exercitations anatomicques estre faictes sur les corps d’hommes ou femmes, par justice ou aultrement estainctz et suffoquez : en evi