{"title":"Être une anthropologue noire au Brésil et enquêter dans les villages quilombola de l’Amazonie : entre connivence raciale et différenciation sociale","authors":"Marcilène Silva Da Costa","doi":"10.4000/urmis.2056","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"En tant qu’anthropologue bresilienne, j’ai realise des enquetes de terrain aupres d’une population noire, rurale et stigmatisee au Bresil qui revendique une appartenance raciale liee a l’application de politiques multiculturelles et de discrimination positive, sous la forme d’attribution de titres fonciers. Pendant ces recherches de terrain, je pensais que le fait de me designer comme noire me rapprocherait de mes interlocuteurs qui s’auto-declarent de la meme facon. Or, mon experience ethnographique m’a montre que notre « noirceur » n’etait pas la meme. L’objectif de cet article est de decrire et d’analyser les ambiguites et tensions provoquees par ma presence en tant que chercheuse noire citadine durant mes enquetes au sein de communautes rurales de descendants de Noirs Marrons d’Amazonie. Le statut de « Noire de la ville » me placait parfois dans une position d’insider, parfois d’outsider, de meme que le fait d’etre etudiante a l’universite et d’habiter en France. La facon dont j’etais percue rendait parfois difficile mon integration locale et d’autres fois la facilitait. Elle evoluait entre connivence raciale et distinction de classe, et interrogeait les possibles articulations de l’identite noire aux attributs de la blanchite sociale. Ces ambivalences etaient liees aux representations plurielles de la categorisation raciale noire au Bresil, fonction des statuts de classe, des distinctions entre milieux urbains et ruraux et de l’historicite de sa depreciation puis de sa revalorisation dans cette societe particuliere.","PeriodicalId":119696,"journal":{"name":"Cahiers de l’Urmis","volume":"75 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2020-11-20","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Cahiers de l’Urmis","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/urmis.2056","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
En tant qu’anthropologue bresilienne, j’ai realise des enquetes de terrain aupres d’une population noire, rurale et stigmatisee au Bresil qui revendique une appartenance raciale liee a l’application de politiques multiculturelles et de discrimination positive, sous la forme d’attribution de titres fonciers. Pendant ces recherches de terrain, je pensais que le fait de me designer comme noire me rapprocherait de mes interlocuteurs qui s’auto-declarent de la meme facon. Or, mon experience ethnographique m’a montre que notre « noirceur » n’etait pas la meme. L’objectif de cet article est de decrire et d’analyser les ambiguites et tensions provoquees par ma presence en tant que chercheuse noire citadine durant mes enquetes au sein de communautes rurales de descendants de Noirs Marrons d’Amazonie. Le statut de « Noire de la ville » me placait parfois dans une position d’insider, parfois d’outsider, de meme que le fait d’etre etudiante a l’universite et d’habiter en France. La facon dont j’etais percue rendait parfois difficile mon integration locale et d’autres fois la facilitait. Elle evoluait entre connivence raciale et distinction de classe, et interrogeait les possibles articulations de l’identite noire aux attributs de la blanchite sociale. Ces ambivalences etaient liees aux representations plurielles de la categorisation raciale noire au Bresil, fonction des statuts de classe, des distinctions entre milieux urbains et ruraux et de l’historicite de sa depreciation puis de sa revalorisation dans cette societe particuliere.