{"title":"Si Binet m’était conté. Enquête sur un personnage au‑dessous de tout soupçon.","authors":"Sylvie Triaire","doi":"10.58282/colloques.4842","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Au seuil de Qui a tue Roger Ackroyd ?, sa premiere enquete, Pierre Bayard elargissait d’emblee le perimetre de la critique policiere qu’il s’appretait a experimenter : Est-on si assure que la dame aux camelias soit morte de mort naturelle ? Est‑il exclu qu’Emma Bovary ait ete assassinee ? Et que sait-on au juste du deces de Bergotte ?1C’etait en 1998. En 2007, l’ecrivain Philippe Doumenc faisait de la question « Qui a tue Emma Bovary ? » l’objet de sa Contre-enquete sur la mort d’Emma Bovary2, fiction policiere et hommage au roman flaubertien. La meme annee, dans Politique de la litterature, Jacques Ranciere a son tour s’interrogeait, en inflechissant la question : « Pourquoi fallait-il tuer Emma Bovary ?3 ». Rappelant que tout lecteur – meme ceux qui n’ont pas lu le livre – sait que personne n’a tue Emma puisqu’elle s’est suicidee, il persiste pourtant dans sa question, ecartant d’emblee les causes habituellement avancees de la mort d’Emma, « education inappropriee […], alienation sociale ou domination mâle4 », pour commencer a creuser son sillon sur le versant de ce qui est essentiel pour Flaubert, celui de la litterature. Deux questions voisines donc ; deux approches, l’une heuristique, l’autre esthetique. Plus recemment, Francoise Gaillard s’emparait de la question5, pour comparer brievement le roman de Doumenc et l’essai de Ranciere, avant de s’interesser exclusivement a ce dernier. Elle denonce l’inanite de la demarche inquisitoriale de Doumenc, au titre du supreme desi","PeriodicalId":170102,"journal":{"name":"Premier symposium de critique policière. Autour de Pierre Bayard","volume":"27 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2017-11-07","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Premier symposium de critique policière. Autour de Pierre Bayard","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.4842","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Au seuil de Qui a tue Roger Ackroyd ?, sa premiere enquete, Pierre Bayard elargissait d’emblee le perimetre de la critique policiere qu’il s’appretait a experimenter : Est-on si assure que la dame aux camelias soit morte de mort naturelle ? Est‑il exclu qu’Emma Bovary ait ete assassinee ? Et que sait-on au juste du deces de Bergotte ?1C’etait en 1998. En 2007, l’ecrivain Philippe Doumenc faisait de la question « Qui a tue Emma Bovary ? » l’objet de sa Contre-enquete sur la mort d’Emma Bovary2, fiction policiere et hommage au roman flaubertien. La meme annee, dans Politique de la litterature, Jacques Ranciere a son tour s’interrogeait, en inflechissant la question : « Pourquoi fallait-il tuer Emma Bovary ?3 ». Rappelant que tout lecteur – meme ceux qui n’ont pas lu le livre – sait que personne n’a tue Emma puisqu’elle s’est suicidee, il persiste pourtant dans sa question, ecartant d’emblee les causes habituellement avancees de la mort d’Emma, « education inappropriee […], alienation sociale ou domination mâle4 », pour commencer a creuser son sillon sur le versant de ce qui est essentiel pour Flaubert, celui de la litterature. Deux questions voisines donc ; deux approches, l’une heuristique, l’autre esthetique. Plus recemment, Francoise Gaillard s’emparait de la question5, pour comparer brievement le roman de Doumenc et l’essai de Ranciere, avant de s’interesser exclusivement a ce dernier. Elle denonce l’inanite de la demarche inquisitoriale de Doumenc, au titre du supreme desi