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Abstract
Le chancelier Bismarck déclare, en 1881, au comte Frankenberg : « Tant que je serai chancelier du Reich, nous ne mènerons pas de politique coloniale. » Moins de trois ans plus tard, il accepte, pour des raisons politiques et économiques, le principe d'une colonisation allemande. Et, quand il quitte la chancellerie, son pays possède un Empire colonial correspondant à cinq fois sa propre superficie. Il est situé essentiellement sur le continent africain ; mais aucun territoire d’Afrique du Nord n’y figure. Bismarck voulait laisser « le coq gaulois libre de gratter le sable du Sahara » car c’était un dérivatif à la perte de l’Alsace et de la Moselle. La conquête de l’Algérie par la France est ancienne, elle date de 1830. Depuis les traités du Bardo du 12 mai 1881 et de La Marsa du 8 juin 1883, la Tunisie est placée sous son protectorat et Bismarck a même félicité le gouvernement français. Seul le Maroc, encore épargné, intéresse, depuis la fin des années 1860, les hommes d’affaires allemands. L’explorateur G. Rohlfs a envisagé, dès 1882, sa conquête. Et le premier traité de commerce germano-marocain, fruit de l’initiative d’industriels, de négociants et d’armateurs allemands est signé en 1890. Les pangermanistes et les membres de la Deutsche Kolonialgesellschaft, créée en 1887, pensent que l’envoi de colons est possible dans la partie occidentale du pays. Mais, la politique de la canonnière de Guillaume II, à l’origine des deux crises marocaines de 1905 et de 1911, n’aboutit pas. Le Maroc devient protectorat français et espagnol. La vieille idée d'un Maroc occidental allemand est cependant explicitement mentionnée, en 1914, dans les buts de guerre des groupes de pression coloniaux et économiques.