Pourquoi les médecins urgentistes ne respectent-ils pas les recommandations internationales relatives à l’administration d’adrénaline dans l’arrêt cardiaque ?
Jaques Roubaud, T. Pelaccia, J. Bartier, J. Schmitt, M. Forato
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Abstract
Objectif : La prise en charge de l’arrêt cardiaque repose sur des recommandations internationales définissant notamment un schéma précis d’administration d’adrénaline. Chez les médecins exerçant la médecine d’urgence préhospitalière, il existe pourtant d’importantes variabilités interindividuelles concernant l’usage de l’adrénaline. L’objectif de cette étude était d’identifier les facteurs à l’origine du nonrespect des recommandations.
Matériel et méthodes : Nous avons mené une étude qualitative prospective et multicentrique fondée sur des entretiens individuels semi-structurés auprès de médecins urgentistes. Après retranscription, ils ont fait l’objet d’une analyse thématique par le premier auteur.
Résultats : Treize entretiens ont été menés. Ils ont permis de conclure qu’un non-respect des recommandations concernant l’administration de l’adrénaline était retrouvé chez sept médecins. Les interviewés expliquaient essentiellement ces écarts par une volonté de majorer les chances de succès de la réanimation (ce qui les conduisait à augmenter la posologie), ou bien en fin de réanimation, à vider la seringue d’adrénaline afin d’administrer un bolus final considéré comme la « dernière chance » pour le patient. Le poids du patient, les comorbidités et l’âge pouvaient également conduire à ajuster la posologie, tout comme le souhait de mettre en oeuvre une « réanimation d’attente », le niveau de connaissance des dernières recommandations par les praticiens ou leurs habitudes personnelles.
Conclusion : Il existe, chez les médecins urgentistes, une importante variabilité dans l’usage de l’adrénaline lors de la prise en charge préhospitalière de l’arrêt cardiaque. Ces écarts de pratique imposent la mise en oeuvre de mesures destinées à favoriser le respect des recommandations scientifiques.