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Abstract
La mort dans notre societe occidentale est aujourd’hui interdite et fait l’objet de censure. Cette mort interdite exercerait trois consequences. Premierement, le caractere enigmatique de la mort precipiterait les Hommes dans une impasse puisqu’aucun etre humain ne peut en parler comme nul ne l’a connue ou en a fait l’experience. Deuxiemement, le desaveu societal de la Fin conditionnerait l’Homme au point qu’il vivrait avec un sentiment d’immortalite. Et tant que l’individu est en sante, il evacuerait de son esprit sa condition vulnerable. Troisiemement, la demission de notre societe envers cette mort, plongerait l’etre humain dans une solitude absolue. Comme la societe a renonce a rendre manifeste cette mort, l’Homme occidental se retrouve seul pour domestiquer cet evenement incontrolable. Confrontees a la mort au quotidien de leur pratique, les infirmieres rencontrent ainsi ces consequences et sont marquees par des souffrances, exprimees par exemple, en termes de peur, d’impuissance ou de detresse. La personne en fin de vie subit a son tour les repercussions de ces souffrances dans la mesure ou les infirmieres presentent un comportement d’evitement et peinent a communiquer avec elle. L’âge et l’experience des infirmieres adouciraient toutefois la rencontre avec le mourir. Plus les infirmieres sont âgees, meilleure est leur attitude envers le mourir. Plus elles sont experimentees, mieux elles acceptent la mort. Le drame du mourir concerne toutefois les infirmieres qui demarrent dans la profession. Neanmoins, l’experience vecue de l’infirmiere debutante dans ce type de situation a peu ete traitee dans la litterature.Il y a pourtant lieu de saisir ce vecu puisque les nouveaux diplomes deserteraient les services ou la mort se presente regulierement en raison d’un sentiment d’insecurite. Si l’experience vecue des infirmieres debutantes etait mieux comprise, des actions pourraient etre alors engagees pour les jeunes diplomes piques sur le vif par la tragedie du mourir.