{"title":"Se déprendre de la doxa, ou la genèse de « l’intellectuel engagé » : Victor Hugo et les Juifs, histoire d’une désymbolisation","authors":"N. Savy, Cerilac","doi":"10.58282/colloques.2446","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Je remercie les organisatrices du colloque de me donner l’occasion d’intervenir. Je le ferai sur un exemple particulier, celui des rapports de Victor Hugo avec ce qu’on appelle, d’une formule tres problematique, la « question juive » : angle peu explore, recit possible du siecle du romantisme, lequel ne meurt pas en 1848 comme on le pretend trop souvent ; et examen d’un choix progressif, celui de la place que choisit de prendre l’ecrivain dans l’histoire. De la preface de Cromwell a William Shakespeare, pres de quarante ans plus tard, Victor Hugo defend l’art pour le progres contre l’art pour l’art. C’est aux villes et non aux forets que s’adresse le poete ; le genie « est fait pour l’homme. » (W. Sh., II, VI, 1). C’est dans la tension entre l’ideal de l’artiste, l’humanite, et les hommes reels pour lesquels il ecrit, que le grand poete peut, selon Hugo, contribuer au progres. Et ce n’est pas parce qu’elle guide la barque que l’etoile est moins belle. « Tel poeme, tel drame, tel roman fait plus de besogne que toutes les cours d’Europe reunies. » (W. Sh., conclusion, III, 4). Si la litterature peut etre utile et contribuer a forger l’avenir, c’est aussi qu’elle est dans l’histoire : il definit la litterature du XIXe siecle comme fille de la Revolution francaise, chargee de l’accomplir. L’acte d’ecrire est acte politique ; poesie et politique sont inseparables. Si bien qu’a partir des annees d’exil le poete fait acte de parole : discours et appels sont des textes litteraires,","PeriodicalId":350858,"journal":{"name":"De l’absolu littéraire à la relégation : le poète hors les murs","volume":"50 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2015-01-18","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"De l’absolu littéraire à la relégation : le poète hors les murs","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.2446","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Je remercie les organisatrices du colloque de me donner l’occasion d’intervenir. Je le ferai sur un exemple particulier, celui des rapports de Victor Hugo avec ce qu’on appelle, d’une formule tres problematique, la « question juive » : angle peu explore, recit possible du siecle du romantisme, lequel ne meurt pas en 1848 comme on le pretend trop souvent ; et examen d’un choix progressif, celui de la place que choisit de prendre l’ecrivain dans l’histoire. De la preface de Cromwell a William Shakespeare, pres de quarante ans plus tard, Victor Hugo defend l’art pour le progres contre l’art pour l’art. C’est aux villes et non aux forets que s’adresse le poete ; le genie « est fait pour l’homme. » (W. Sh., II, VI, 1). C’est dans la tension entre l’ideal de l’artiste, l’humanite, et les hommes reels pour lesquels il ecrit, que le grand poete peut, selon Hugo, contribuer au progres. Et ce n’est pas parce qu’elle guide la barque que l’etoile est moins belle. « Tel poeme, tel drame, tel roman fait plus de besogne que toutes les cours d’Europe reunies. » (W. Sh., conclusion, III, 4). Si la litterature peut etre utile et contribuer a forger l’avenir, c’est aussi qu’elle est dans l’histoire : il definit la litterature du XIXe siecle comme fille de la Revolution francaise, chargee de l’accomplir. L’acte d’ecrire est acte politique ; poesie et politique sont inseparables. Si bien qu’a partir des annees d’exil le poete fait acte de parole : discours et appels sont des textes litteraires,