{"title":"Le microbiote intestinal humain","authors":"J. Doré, G. Corthier","doi":"10.1016/S0399-8320(10)70002-6","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>Le microbiote intestinal humain constitue un écosystème complexe, qui est maintenant bien reconnu pour son impact sur la santé et le bien-être de l’Homme. Il contribue à la maturation du système immunitaire et assure une barrière directe contre la colonisation par des agents pathogènes. Son implication possible dans les maladies des sociétés modernes, dont la prévalence est en augmentation, a été décrite. Ces maladies sont notamment les allergies, les maladies inflammatoires de l’intestin et, peut-être, des troubles métaboliques et dégénératifs. L’analyse de la composition moléculaire du microbiote intestinal humain indique des variations interindividuelles marquées, qui pourraient sembler paradoxales étant donné le haut degré de conservation des fonctions majeures du microbiote intestinal, telles que la digestion anaérobie des fibres alimentaires. Nous avons caractérisé un noyau phylogénétique au sein du microbiote intestinal humain, en termes de composition, c’est-à-dire un ensemble d’espèces conservées qui pourraient être responsables des fonctions conservées majeures. Sur la base d’évaluations moléculaires indépendantes des cultures, les connaissances actuelles permettent de définir les critères qualifiant l’état normal du microbiote intestinal humain, ou « normobiose ». Cela permet en outre l’identification d’écarts spécifiques par rapport à la normobiose, c’estàdire d’une dysbiose, dans les maladies immunitaires, métaboliques ou dégénératives. La maladie de Crohn notamment, qui est une maladie inflammatoire de l’intestin dont l’étiologie est encore inconnue, est associée à une dysbiose intestinale avec une plus faible représentation du groupe <em>Clostridium leptum</em> parmi le phylum des Firmicutes. Nous avons en outre montré que l’espèce bactérienne <em>Faecalibacterium prausnitzii</em> possède des propriétés anti-inflammatoires <em>in vitro</em> et dans des modèles animaux ; cela pourrait expliquer sa capacité, lorsqu’elle est détectée dans le microbiote associé à la muqueuse de patients <em>in vivo</em>, à protéger ces patients contre une récidive postopératoire des signes endoscopiques d’inflammation 6 mois après la résection chirurgicale de la région iléocæcale de l’intestin. En confirmant le rôle majeur joué par le microbiote dans les troubles en relation avec l’intestin, qui sont en particulier associés à une rupture de l’homéostasie, nous procédons actuellement à des analyses métagénomiques fonctionnelles à haut débit dans le but d’identifier les molécules signal et les mécanismes d’interaction bactériehôte. Conjointement avec la description de haute résolution du métagénome intestinal humain, ainsi qu’avec des explorations des protéines et métabolites environnementaux, ces observations nous permettront de mieux comprendre les rôles fonctionnels joués par les bactéries dans l’entretien de la santé et du bien-être chez l’Homme. De nouvelles perspectives s’ouvriront alors pour la surveillance et la mise au point de stratégies de modulation du microbiote pour l’optimisation de la santé.</p></div><div><p>The human intestinal microbiota constitutes a complex ecosystem which is now well recognized for its impact on human health and well-being. It contributes to maturation of the immune system and provides a direct barrier against colonization by pathogens. Its possible implication in diseases of modern societies, currently increasing in prevalence, has been reported. These include allergies, inflammatory bowel diseases and possibly metabolic and degenerative disorders. The analysis of the molecular composition of the human intestinal microbiota indicates marked inter-individual variations which may seem paradoxical considering the high degree of conservation of major functions of the intestinal microbiota such as anaerobic digestion of alimentary fibres. We have characterized a phylogenetic core within the human intestinal microbiota, in terms of composition, i.e., a set of conserved species that could be responsible for major conserved functions. Based on culture-independent molecular assessments, current knowledge enables a definition of criteria qualifying the normal state of the human intestinal microbiota that we call normobiosis. This further enables the identification of specific deviations from normobiosi<em>s</em>, i.e., dysbiosis in immune, metabolic or degenerative diseases. Notably, Crohn's disease, an inflammatory bowel disease of yet unknown aetiology, is associated with intestinal dysbiosis with a lower representation of the <em>Clostridium leptum</em> group among the Firmicutes phylum. We further showed that the bacterial species <em>Faecalibacterium prausnitzii</em> exerts anti-inflammatory properties <em>in vitro</em> and in animal models; this could explain its ability, when detected in the mucosa-associated microbiota of patients <em>in vivo</em>, to protect patients from post-operative recurrence of endoscopic signs of inflammation 6 months after surgical resection of the ileocecal region of the gut. By confirming the major role of the microbiota in bowel-related disorders, which are especially associated with a disruption of homeostasis, we are currently applying high throughput functional metagenomic screens in order to identify signal molecules and mechanisms of bacteria-host cross-talk. Together with the high resolution description of the human intestinal metagenome, as well as explorations of environmental proteins and metabolites, these observations will further our understanding of the functional roles bacteria play in the maintenance of health and well-being in humans. It will open new perspectives for the monitoring and design of strategies for modulating the microbiota for health.</p></div>","PeriodicalId":12508,"journal":{"name":"Gastroenterologie Clinique Et Biologique","volume":"34 4","pages":"Pages 7-16"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2010-09-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://sci-hub-pdf.com/10.1016/S0399-8320(10)70002-6","citationCount":"17","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Gastroenterologie Clinique Et Biologique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0399832010700026","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Le microbiote intestinal humain constitue un écosystème complexe, qui est maintenant bien reconnu pour son impact sur la santé et le bien-être de l’Homme. Il contribue à la maturation du système immunitaire et assure une barrière directe contre la colonisation par des agents pathogènes. Son implication possible dans les maladies des sociétés modernes, dont la prévalence est en augmentation, a été décrite. Ces maladies sont notamment les allergies, les maladies inflammatoires de l’intestin et, peut-être, des troubles métaboliques et dégénératifs. L’analyse de la composition moléculaire du microbiote intestinal humain indique des variations interindividuelles marquées, qui pourraient sembler paradoxales étant donné le haut degré de conservation des fonctions majeures du microbiote intestinal, telles que la digestion anaérobie des fibres alimentaires. Nous avons caractérisé un noyau phylogénétique au sein du microbiote intestinal humain, en termes de composition, c’est-à-dire un ensemble d’espèces conservées qui pourraient être responsables des fonctions conservées majeures. Sur la base d’évaluations moléculaires indépendantes des cultures, les connaissances actuelles permettent de définir les critères qualifiant l’état normal du microbiote intestinal humain, ou « normobiose ». Cela permet en outre l’identification d’écarts spécifiques par rapport à la normobiose, c’estàdire d’une dysbiose, dans les maladies immunitaires, métaboliques ou dégénératives. La maladie de Crohn notamment, qui est une maladie inflammatoire de l’intestin dont l’étiologie est encore inconnue, est associée à une dysbiose intestinale avec une plus faible représentation du groupe Clostridium leptum parmi le phylum des Firmicutes. Nous avons en outre montré que l’espèce bactérienne Faecalibacterium prausnitzii possède des propriétés anti-inflammatoires in vitro et dans des modèles animaux ; cela pourrait expliquer sa capacité, lorsqu’elle est détectée dans le microbiote associé à la muqueuse de patients in vivo, à protéger ces patients contre une récidive postopératoire des signes endoscopiques d’inflammation 6 mois après la résection chirurgicale de la région iléocæcale de l’intestin. En confirmant le rôle majeur joué par le microbiote dans les troubles en relation avec l’intestin, qui sont en particulier associés à une rupture de l’homéostasie, nous procédons actuellement à des analyses métagénomiques fonctionnelles à haut débit dans le but d’identifier les molécules signal et les mécanismes d’interaction bactériehôte. Conjointement avec la description de haute résolution du métagénome intestinal humain, ainsi qu’avec des explorations des protéines et métabolites environnementaux, ces observations nous permettront de mieux comprendre les rôles fonctionnels joués par les bactéries dans l’entretien de la santé et du bien-être chez l’Homme. De nouvelles perspectives s’ouvriront alors pour la surveillance et la mise au point de stratégies de modulation du microbiote pour l’optimisation de la santé.
The human intestinal microbiota constitutes a complex ecosystem which is now well recognized for its impact on human health and well-being. It contributes to maturation of the immune system and provides a direct barrier against colonization by pathogens. Its possible implication in diseases of modern societies, currently increasing in prevalence, has been reported. These include allergies, inflammatory bowel diseases and possibly metabolic and degenerative disorders. The analysis of the molecular composition of the human intestinal microbiota indicates marked inter-individual variations which may seem paradoxical considering the high degree of conservation of major functions of the intestinal microbiota such as anaerobic digestion of alimentary fibres. We have characterized a phylogenetic core within the human intestinal microbiota, in terms of composition, i.e., a set of conserved species that could be responsible for major conserved functions. Based on culture-independent molecular assessments, current knowledge enables a definition of criteria qualifying the normal state of the human intestinal microbiota that we call normobiosis. This further enables the identification of specific deviations from normobiosis, i.e., dysbiosis in immune, metabolic or degenerative diseases. Notably, Crohn's disease, an inflammatory bowel disease of yet unknown aetiology, is associated with intestinal dysbiosis with a lower representation of the Clostridium leptum group among the Firmicutes phylum. We further showed that the bacterial species Faecalibacterium prausnitzii exerts anti-inflammatory properties in vitro and in animal models; this could explain its ability, when detected in the mucosa-associated microbiota of patients in vivo, to protect patients from post-operative recurrence of endoscopic signs of inflammation 6 months after surgical resection of the ileocecal region of the gut. By confirming the major role of the microbiota in bowel-related disorders, which are especially associated with a disruption of homeostasis, we are currently applying high throughput functional metagenomic screens in order to identify signal molecules and mechanisms of bacteria-host cross-talk. Together with the high resolution description of the human intestinal metagenome, as well as explorations of environmental proteins and metabolites, these observations will further our understanding of the functional roles bacteria play in the maintenance of health and well-being in humans. It will open new perspectives for the monitoring and design of strategies for modulating the microbiota for health.
人类肠道微生物群是一个复杂的生态系统,其对人类健康和福祉的影响现已得到公认。它有助于免疫系统的成熟,并提供对病原体定植的直接屏障。已经描述了它可能与现代社会日益流行的疾病有关。这些疾病包括过敏、炎症性肠病,可能还有代谢和退行性疾病。对人类肠道菌群分子组成的分析表明,存在显著的个体间差异,这似乎是矛盾的,因为肠道菌群的主要功能,如膳食纤维的厌氧消化,高度保存。我们已经在人类肠道微生物群的组成方面描述了一个系统发育核心,即一组可能负责主要保存功能的保存物种。在独立于培养的分子评估的基础上,目前的知识允许定义人类肠道菌群正常状态的标准,或“正常菌群”。它还可以识别免疫、代谢或退行性疾病中与正常菌群(即菌群失调)的特定偏差。特别是克罗恩病,这是一种病因不明的炎症性肠道疾病,与肠道生态失调有关,厚壁菌门中瘦梭菌群的代表性较低。此外,我们在体外和动物模型中证明了粪杆菌的抗炎特性;这可能解释了它的能力,当在体内患者粘膜相关的微生物群中检测到它时,可以保护这些患者在手术切除肠道盲肠区6个月后免受内镜炎症症状的术后复发。在确认所发挥的主要作用与肠道中的微生物群骚乱,尤其是那些与稳态决裂,我们现正高速宏基因组分析功能,目的是查明和信号分子bactériehôte互动机制。结合对人类肠道宏基因组的高分辨率描述,以及对环境蛋白质和代谢物的探索,这些观察将使我们更好地理解细菌在维持人类健康和福祉方面的功能作用。这将为监测和发展微生物群调节策略以优化健康开辟新的前景。人类肠道菌群构成一个复杂的生态系统,其对人类健康和福祉的影响现已得到充分认识。它有助于免疫系统的成熟,并提供了一个直接的屏障,防止病原体的定型。据报道,它可能与现代社会的疾病有关,目前发病率正在增加。这些疾病包括过敏、炎症性bowel病以及可能的代谢和退行性疾病。对人体肠道菌群分子组成的分析表明,个体间的变异可能显得矛盾,因为肠道菌群的主要功能,如食物纤维的厌氧消化,得到了高度的保存。我们已经描述了人类肠道菌群的一个系统发育核心,就组成而言,即一组可能负责主要保存功能的保存物种。根据文化独立的分子评估,目前的知识可以定义定义人类肠道菌群正常状态的标准,我们称为正常菌群。这进一步有助于识别正常生物失调的特定偏差,即免疫、代谢或退行性疾病中的失调。Notably Crohn’s disease,每年inflammatory bowel disease of再指定aetiology肠道,is associated with leptum梭dysbiosis with a代表下城of the group做儿子Firmicutes光滑。我们进一步证明,细菌种粪杆菌在体外和动物模型中具有抗炎作用;这可能解释了它在体内患者黏膜相关微生物群中检测到的能力,可以在手术切除肠系膜区6个月后保护患者免受术后复发的内镜炎症症状。