{"title":"Ni Cendrars, ni Kadiiski Ou Que la légendaire Légende de Novgorode n’a pas besoin d’auteur. Fiction théorique","authors":"Augustin Voegele","doi":"10.58282/lht.1805","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Je m’appelle Daniel Siseliusi. Le lecteur jugera peut-etre que j’aurais pu ne me nommer que plus tard, et en passant – ou meme qu’une telle information est inutile. Ce n’est pas loin d’etre mon avis. Car quel role serai-je amene a jouer dans l’histoire toute litteraire que je vais conter, sinon celui, tres impersonnel, de la raison critique – et cet autre encore, tout aussi impersonnel, quoique plus mysterieux, de genie de la narrationii ?La raison critique n’a ni nom, ni âge (seuls le contestent les jeunes sceptiques inhumains, c’est-a-dire ennemis de l’homme, j’entends ceux qui, jugeant Nietzsche un peu timide a leur gout deprave, ont decrete que l’homme etait mort). Elle echappe au temps et survit aux corps, aux fletrissures seniles et a la corruption definitive, quoique ephemere comme la sante qui la precede, qui s’ensuit. De cela je suis convaincu. Mais cela n’empeche pas que la raison critique doive s’incarner, si le lecteur me permet d’user de ce mot aux allures equivoques, et qui, en l’occurrence, prend des airs paradoxaux, dans des esprits plus ou moins dignes d’elle. Le mien n’est pas le plus capable de l’accueillir ; admettons toutefois qu’a force d’honnetete intellectuelle j’aie gagne le droit de jouer le role glorieux de la critique raisonnable dans une affaire d’aussi modeste portee que celle que je vais a present exposer.Cette ouverture est bien maladroite, et sans doute m’est-elle inspiree par un demon veritablement demoniaque, par un vice vicieux comme ces ce","PeriodicalId":126948,"journal":{"name":"Fabula-Lht : Pierre Ménard, notre ami et ses confrères","volume":"30 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2016-07-14","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Fabula-Lht : Pierre Ménard, notre ami et ses confrères","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/lht.1805","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Je m’appelle Daniel Siseliusi. Le lecteur jugera peut-etre que j’aurais pu ne me nommer que plus tard, et en passant – ou meme qu’une telle information est inutile. Ce n’est pas loin d’etre mon avis. Car quel role serai-je amene a jouer dans l’histoire toute litteraire que je vais conter, sinon celui, tres impersonnel, de la raison critique – et cet autre encore, tout aussi impersonnel, quoique plus mysterieux, de genie de la narrationii ?La raison critique n’a ni nom, ni âge (seuls le contestent les jeunes sceptiques inhumains, c’est-a-dire ennemis de l’homme, j’entends ceux qui, jugeant Nietzsche un peu timide a leur gout deprave, ont decrete que l’homme etait mort). Elle echappe au temps et survit aux corps, aux fletrissures seniles et a la corruption definitive, quoique ephemere comme la sante qui la precede, qui s’ensuit. De cela je suis convaincu. Mais cela n’empeche pas que la raison critique doive s’incarner, si le lecteur me permet d’user de ce mot aux allures equivoques, et qui, en l’occurrence, prend des airs paradoxaux, dans des esprits plus ou moins dignes d’elle. Le mien n’est pas le plus capable de l’accueillir ; admettons toutefois qu’a force d’honnetete intellectuelle j’aie gagne le droit de jouer le role glorieux de la critique raisonnable dans une affaire d’aussi modeste portee que celle que je vais a present exposer.Cette ouverture est bien maladroite, et sans doute m’est-elle inspiree par un demon veritablement demoniaque, par un vice vicieux comme ces ce